Economie : L’importance du travail domestique non rémunéré des femmes désormais reconnue

La Sénatrice Kadjaka lors du lancement des travaux

Les résultats d’une recherche scientifique liée à l’élaboration de politiques publiques en faveur des populations et spécifiquement des femmes, ont été rendus publics ce vendredi 22 août 2025 à Lomé, lors d’un atelier de dissémination.

Les résultats présentés mettent en lumière l’importance du Travail domestique non rémunéré (TDNR) des femmes pour la croissance économique nationale et la réalisation d’un dividende démographique.

La rencontre de Lomé a été organisée par le Centre de recherche en économie générationnelle (CREG) en partenariat avec l’Association Aide et action à la veuve, à l’orphelin et à l’enfant déshérité (AAVOED). Elle a regroupé universitaires, parlementaires, acteurs institutionnels et de la société civile, et a permis de présenter un projet de feuille de route sur le travail domestique non rémunéré (TDNR) et l’économie des soins au Togo.

Les résultats présentés lors de cet atelier sont le fruit d’une concertation de haut niveau, initiée par le CREG et le Population reference Bureau, dans le cadre du projet « Counting Women’s Work ».

Selon Dr Detondji Camille Guidime (Enseignant chercheur à l’Université de Parakou/Représentant le CREG), l’objectif de cette concertation est d’utiliser des données probantes issues de la recherche pour influencer et améliorer les politiques économiques et sociales. Et la rencontre de Lomé s’inscrit dans une démarche de plaidoyer stratégique pour la reconnaissance et la valorisation du TDNR au Togo.

« Au total, 40% de la création de richesse au Togo n’est pas comptabilisé dans le PIB. 31% de ces 40% de création de richesse est essentiellement produite par les femmes. Les hommes y contribuent pour 9%. Cela soulève des enjeux économiques et sociaux dans l’élaboration de politiques publiques. Et c’est pour cela que nous nous sommes penchés sur la thématique pour mettre à disposition, des outils méthodologiques permettant d’évaluer cette production de soins, qui se réalise au niveau de nos ménages et qui constitue le ciment social pour le progrès économique », a-t-il longuement expliqué.

Valoriser le Travail domestique non rémunéré, améliorer les politiques économiques et sociales

Notons que le Travail domestique non rémunéré (TDNR)  englobe les activités liées au bien-être des personnes (enfants, malades, personnes âgées, handicapées), ainsi que les tâches domestiques (cuisine, lessive, collecte d’eau, ménage, etc.). Ces activités souvent assumées par les femmes et les filles, contribuent au bien-être social, mais ne sont pas mesurées dans les statistiques économiques classiques. Les experts réunis à Lomé soulignent que ces travaux restent invisibles dans les statistiques économiques et limitent l’accès des femmes à des emplois rémunérés, renforçant ainsi leur vulnérabilité à la pauvreté.  Des initiatives comme le programme Counting Women’s Work (CWW) du Population Reference Bureau travaillent à rendre ce travail visible et à le faire intégrer dans les politiques publiques.

Pour la sénatrice Kadjaka Abougnima Molgah (Présidente de l’ONG AAVOED), le TDNR est à la fois exigeant et essentiel, mais souvent invisible et sous-évalué dans les indicateurs de productivité et les politiques publiques.

« Derrière chaque repas partagé, chaque enfant guidé, chaque malade accompagné dans le silence du foyer, se trouve une femme qui offre son temps, son énergie et parfois même ses rêves. Ces tâches ne sont ni reconnues comme un véritable emploi, ni comptabilisées comme une contribution économique significative. L’invisibilité du travail domestique contribue à une sous-évaluation systémique, du rôle vital des femmes dans le développement de nos sociétés », a-t-elle expliqué.

« Reconnaitre et le valoriser ce patrimoine invisible, c’est investir dans la justice sociale, dans l’égalité des sexes et dans la prospérité de notre nation », a ajouté la présidente de AAVOED. FIN

Ambroisine MEMEDE