Sénégal : La France met fin à sa présence militaire permanente, la dernière en Afrique de l’Ouest

La France a restitué ce jeudi 17 juillet au Sénégal ses dernières installations militaires dans le pays, le camp Geille et l’escale aéronautique militaire de l’aéroport, tous deux situés à Dakar. Ce départ répond à une promesse de campagne du président Bassirou Diomaye Faye, alors que les forces militaires français étaient présentes au Sénégal depuis 1960.

« Tout un symbole ». Après près de 65 ans de présence militaire, la France a restitué ses dernières installations militaires au Sénégal.

Une cérémonie a eu lieu, ce jeudi 17 juillet à Dakar, en présence du général Mbaye Cissé, chef d’état-major des armées du Sénégal, et du général Pascal Ianni, à la tête du commandement de l’armée française pour l’Afrique.

Elle marque non seulement la fin de la présence permanente de l’armée française au Sénégal, mais aussi dans toute l’Afrique centrale et de l’Ouest. Au Sénégal, la présence militaire française date de 1960, date de l’indépendance du pays.

Des « discussions amicales et fraternelles »

Les 350 militaires français jusqu’alors présents sur place, étaient essentiellement chargés de conduire des activités de partenariat militaire opérationnel avec les forces armées sénégalaises.

« Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires (étrangères) dans un pays souverain », avait déclaré Bassirou Diomaye Faye dans un discours à l’occasion du Nouvel an.

« Présence militaire ou absence militaire ne doit pas être égal à rupture », avait ajouté le président, préférant parler d’un « partenariat rénové » au moment de l’annonce du retrait des troupes françaises.

Pour le général Mbaye Cissé, la cérémonie marque « un tournant important dans le riche et long parcours militaire entre nos deux pays ». 

Le général Mbaye Cissé a précisé que les deux armées avaient « circonscrit de nouveaux objectifs », pour « donner un nouveau contenu au partenariat sécuritaire » entre les deux pays. « Les armées sénégalaises attendent de consolider les nombreux acquis sur le chemin de la quête de l’autonomie stratégique », a-t-il conclu.

De son côté, le général Pascal Ianni a souligné « la relation si spéciale et essentielle pour les pays de la région » entre les armées française et sénégalaise, et s’est dit « fier du devoir accompli ». « La présence militaire française au Sénégal remonte à plus de deux siècles », a relevé le général français.

« Nous opérons un changement structurel de notre présence » en Afrique, a-t-il poursuivi. « Ce changement est nécessaire, nous devons réinventer nos partenariats dans une Afrique dynamique et cela passe par une autre approche : nous devons agir différemment et nous n’avons plus besoin de bases permanentes pour cela ».

Cette annonce n’est pas soudaine. Dès 2022, un dialogue entre la France et le Sénégal a été entamé, dans le but de faire évoluer la présence militaire française dans le pays. Le nombre de soldats a d’ailleurs commencé à diminuer dès 2023, et le retrait total des bases françaises répond à une promesse de campagne du Pastef, le parti au pouvoir depuis 2024.

Depuis le mois de mars, la plupart des installations ont déjà été restituées au pouvoir sénégalais. 

Le professeur d’histoire à l’université Cheikh Anta Diop, Mor Ndiaye, explique à RFI que ce départ des militaires français « constitue tout un symbole », ces forces étant « au Sénégal depuis le XIXe siècle et la période coloniale ».

Dans le quartier de Ouakam à Dakar, le camp Geille est la plus grande installation militaire française, et la dernière au Sénégal. Ce camp abrite le poste de commandement de l’état-major interarmées et l’unité de coopération régionale. Avec l’escale aéronautique militaire située à l’aéroport, il sera restitué au Sénégal ce jeudi 17 juillet.

Diminution de la présence française dans toute l’Afrique

Le retrait des militaires français au Sénégal s’inscrit dans un contexte de défiance envers la présence militaire française sur tout le continent africain. Depuis 2022, l’armée française a mis fin à sa présence permanente au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et au Gabon, où la base française s’est muée en « camp partagé » gabono-français axé sur la formation.

En Côte d’Ivoire, où la présence militaire française remonte aussi à la période coloniale, la France a rétrocédé au mois de février la base militaire de Port-Bouët, près d’Abidjian, et le retrait des troupes françaises devrait continuer progressivement dans le courant de l’année 2025.

À ce jour, la seule base française importante à demeurer sur le continent africain est celle de Djibouti. Paris souhaite en faire un « point de projection » pour les « missions » en Afrique.

Avec Afp