Community-Led Monitoring : Vers une meilleure intégration dans le système de santé togolais

La table d'honneur

Un atelier national sur le Community-Led Monitoring (CLM), ou suivi dirigé par les communautés, s’est ouvert ce jeudi 10 juillet 2025 à Lomé.

Organisé par le Secrétariat Permanent du Centre National de Lutte contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) Togo en collaboration avec l’ONUSIDA en présence des autorités sanitaires, des organisations de la société civile et des partenaires techniques et financiers, il vise à mieux intégrer cette approche dans le système de santé togolais, notamment dans la lutte contre le VIH.

Le CLM permet aux communautés en particulier, aux usagers des services de santé d’identifier les obstacles rencontrés sur le terrain, de les documenter, puis d’en discuter avec les autorités pour améliorer l’accès aux soins.

Vue partielle des participants

L’objectif est de renforcer la collaboration entre les mécanismes de Community-Led Monitoring et les autorités décisionnelles à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, en vue d’une meilleure intégration du CLM dans les systèmes de santé et les mécanismes de redevabilité, tout en valorisant le leadership communautaire comme levier essentiel pour amélioration des services.

« Le CLM nous aide à comprendre les réalités sur le terrain et à apporter des réponses adaptées », a expliqué Dr Yaye Kanny Diallo, directrice pays de l’ONUSIDA.

Elle a également souligné que les résultats sont meilleurs lorsque les communautés prennent le leadership dans la réponse au VIH.

Une initiative déjà bien lancée

Depuis 2020, le Togo expérimente le CLM dans quatre régions sanitaires grâce au réseau RAS+ et au soutien de partenaires comme l’ONUSIDA, l’USAID et le Fonds mondial.

Résultat : une réduction des ruptures de médicaments, un meilleur accès à la charge virale et un renforcement de la transparence dans la gestion des services de santé.

Vue partielle des participants..

D’autres structures comme le Réseau Cupidon ont rejoint l’initiative à travers le programme PEPFAR. Désormais, les communautés ne sont plus seulement bénéficiaires, mais actrices de l’amélioration des services.

Le Pr. Vincent Pitche, secrétaire permanent du CNLS-IST, voit dans cet atelier une occasion d’aller plus loin.

« On ne se contente plus des chiffres. Il faut savoir si les services sont vraiment accessibles, gratuits et satisfaisants pour les usagers. C’est là que les communautés ont un rôle central à jouer », a-t-il déclaré.

Il a rappelé que le Togo a une longue expérience en veille communautaire et a même aidé d’autres pays comme la RDC ou Madagascar à mettre en place le CLM. Il a souhaité désormais que cette expertise soit intégrée dans les politiques publiques locales.

Une expertise locale reconnue

Augustin Dokla, président du réseau RAS+, a insisté sur la rigueur du travail mené par les organisations communautaires : « Nous ne faisons pas que des enquêtes. Nous assurons un suivi régulier, en évaluant les services comme le ferait n’importe quel patient ».

Il a plaidé également pour une implication plus forte des collectivités locales, qui vivent au quotidien les réalités du terrain.

Le CLM s’inscrit dans la stratégie mondiale 2021-2026 de l’ONUSIDA, qui prévoit que d’ici 2025, les communautés assurent une part importante des services liés au VIH : 30 % du dépistage et du traitement, 80 % de la prévention, et 60 % des actions sur les causes sociales.

Alors que l’objectif est d’éliminer le sida comme menace de santé publique d’ici 2030, le rôle des communautés apparaît plus que jamais essentiel pour garantir un accès équitable à des soins de qualité. FIN

Bernadette AYIBE