
L’ex-président gabonais, dont la famille a dirigé le Gabon pendant 55 ans, a été entendu ce mardi 1er juillet à Paris par deux juges d’instruction sur sa plainte déposée en mai 2024 dans laquelle il dénonce sa « séquestration arbitraire » par le nouveau pouvoir après le coup d’État d’août 2023. Sa famille reproche également des « tortures ».
Ali Bongo Ondimba a quitté mi-mai le Gabon pour l’Angola, avec son épouse Sylvia et son fils Noureddin. Il a cependant été entendu ce mardi matin comme partie civile, soit un statut de victime, au tribunal judiciaire de Paris par deux juges d’instruction spécialisées du pôle Crimes contre l’humanité, selon des sources proches du dossier.
Sollicités, les avocats de la famille Bongo, Mes François Zimeray, Pierre-Olivier Sur, Catalina de la Sota et Clara Gérard-Rodriguez ont exprimé à l’AFP leur « satisfaction face au travail des juges d’instruction ».
En janvier, une information judiciaire avait été ouverte contre X, pour tortures et actes de barbarie, enlèvement et séquestration en bande organisée. Selon l’une des sources proches du dossier, « les investigations avancent bien et permettent de trouver des dates, des faits précis et des responsables » des violences dénoncées.
Des accusations démenties par le général Oligui
La famille Bongo (le père, Omar, pilier de la Françafrique de 1967 à 2009, puis le fils, Ali) a dirigé pendant 55 ans le Gabon, un petit État d’Afrique centrale riche en pétrole, sous le joug d’une élite accusée par ses opposants de « corruption massive » et de « mauvaise gouvernance ».
Ali avait été renversé le 30 août 2023 par le général Brice Clotaire Oligui Nguema et a été assigné à résidence dans la capitale Libreville, jusqu’à son départ mi-mai pour Luanda.
Le général Oligui, devenu officiellement président du pays mi-avril, avait démenti fin mars toute forme de torture et promis que Sylvia et Noureddin, qui doivent être jugés pour détournement de fonds publics, feraient face à un « procès équitable ».
Les avocats de l’épouse d’Ali Bongo, née en France, et de son fils, ont affirmé plusieurs fois qu’ils avaient subi des tortures pendant leur détention. Ali Bongo, dont l’état de santé a été décrit comme précaire, était arrivé au pouvoir en 2009, succédant à son père, Omar Bongo Ondimba, qui avait régné pendant 41 ans.
En 2016, il avait été réélu de justesse pour un second mandat avec quelques milliers de voix d’avance, battant le candidat de l’opposition Jean Ping après une campagne marquée par des affrontements sanglants et des accusations de fraude.
Ali Bongo avait été victime d’un AVC en octobre 2018 lors d’une visite en Arabie saoudite, suscitant des spéculations sur sa santé et sa capacité à gouverner à son retour au pays. Ses apparitions publiques étaient rares, et les occasions où il s’exprimait en direct en dehors du palais présidentiel l’étaient encore plus.
Source : Afp