
Le 7e Sommet des Premières Dames de la Fondation Merck a été marqué le mercredi 18 juin 2025 à Dubaï par une table ronde de haut niveau animée par le Professeur Oladapo Ashiru OFR (Secrétaire Général de la Fédération Internationale des Sociétés de Fertilité, IFFS). Cette table ronde a abordé plusieurs questions, notamment les défis liés à la procréation et les avancées en médecine de la fertilité. « Plusieurs facteurs contribuent aujourd’hui aux difficultés de conception », a-t-il expliqué à notre journaliste.
Professeur Ashiru, pourriez-vous nous parler des principaux facteurs qui empêchent une femme de tomber enceinte ?
Professeur Oladapo Ashiru : Les maladies sexuellement transmissibles, comme la gonorrhée, la chlamydia et le trachomonas, sont bien connues. Mais il existe aussi des microbiomes encore mal compris, qui peuvent provoquer des fausses couches ou empêcher une grossesse. Il s’agit notamment des mycoplasmes, comme Ureaplasma urealyticum, qui peuvent être à l’origine d’infertilité et de fausses couches.
Il existe également des toxines environnementales. Parmi celles-ci figurent les métaux lourds présents dans notre alimentation, comme les gros poissons, qui contiennent du mercure, ou le riz, qui contient de l’arsenic. Ces métaux lourds, comme le plomb, sont également responsables d’infertilité.
Les métaux lourds sont également présents dans de nombreuses plantes cultivées en Afrique, comme les tomates, les ignames, etc. Il y a aussi les métaux lourds présents dans les produits que nous appliquons sur notre corps, comme les cosmétiques. Il y a aussi les produits que nous transformons, comme les pesticides, les fumigants, les insecticides, ou les produits industriels, comme ceux de l’industrie de la peinture. De nombreux hommes qui travaillent dans l’industrie de la peinture finissent par devenir stériles, car la peinture détruit les spermatozoïdes. Ils doivent se protéger. Les industries pétrochimique et pétrolière posent également problème.
Concernant les pesticides, incluez-vous ceux utilisés pour tuer les moustiques ?
L’idée est la suivante : lorsque vous utilisez ces insecticides pour tuer les moustiques, lorsque vous vaporisez la pièce, vous devez quitter la pièce environ une heure avant d’y revenir, car vous aurez tué les moustiques. Vous pouvez ensuite installer une moustiquaire ou d’autres dispositifs pour les empêcher d’entrer.
Lors des discussions, nous avons été surpris de vous entendre dire que les femmes qui conduisent ne sont pas épargnées.
Oui, je pense que le niveau suivant devrait s’appliquer à vous, en particulier aux femmes qui conduisent pieds nus. La plupart des femmes enlèvent leurs chaussures pour conduire, car c’est confortable, mais le revêtement en caoutchouc contient des métaux lourds comme l’antimoine, qui peuvent être absorbés par la plante des pieds.
L’essence contenue dans les aliments peut absorber les toxines du revêtement en caoutchouc, des freins et de l’accélérateur de la voiture. Ce revêtement est composé d’antimoine, et l’antimoine peut être très toxique pour l’embryon, provoquant une fausse couche ou empêchant une grossesse.
Merci, Professeur. En tant que spécialiste de la fertilité, pourriez-vous nous en dire plus sur les défis de la recherche embryologique ?
En recherche biologique, la difficulté réside peut-être dans sa forte intensité de main-d’œuvre, et nous en utilisons aujourd’hui beaucoup. En réalité, l’embryologie est aujourd’hui beaucoup plus simple qu’à ses débuts.
À l’époque, nous utilisions des pipettes en verre et devions fabriquer les milieux de culture. Aujourd’hui, les milieux sont fabriqués industriellement, les pipettes sont jetables, ce qui simplifie la tâche, et nous approchons d’un niveau quasi automatisé. L’intelligence artificielle est utilisée en laboratoire pour accélérer les choses.
Et quel est le rôle spécifique de l’IA dans le domaine de l’embryologie ?
Oui, l’idée est de faire progresser la sélection des embryons. Nous pouvons sélectionner les bons embryons et constater que les spermatozoïdes artificiels sont de bons outils. L’IA est également utilisée en micromanipulation pour féconder l’embryon et l’ovule.
C’est très utile alors…
Absolument ! Mais cela ne remplace pas l’humain. L’humain reste nécessaire.
Pourriez-vous nous dire si la recherche en embryologie peut contribuer à la lutte contre la drépanocytose, l’hémophilie et certains cancers ?
Nous utilisons déjà la recherche en embryologie pour la drépanocytose. Si les deux couples sont atteints de SA, nous pouvons sélectionner l’embryon, le biopsier et vérifier sa présence. Nous pouvons ensuite stimuler les ovules de la femme SA et de l’autre femme SA, et obtenir celui-ci, créant ainsi dix embryons.
Nous pouvons maintenant biopsier ces embryons et connaître leur composition génétique, et déterminer lesquels sont AA, AS ou SS.
Nous avons maintenant pu transférer uniquement l’embryon AA à la femme, ce qui nous permettra d’éliminer progressivement la drépanocytose.
Propos reccueillis par Ambroisine MEMEDE