
Malgré les progrès accomplis, 138 millions d’enfants à travers le monde sont toujours astreints au travail, malgré les progrès accomplis, selon les statistiques publiés mardi 11 juin 2025 par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’UNICEF dans un rapport conjoint.
Et 54 millions d’entre eux ont effectué des travaux dangereux susceptibles de mettre en péril leur santé, leur sécurité et leur développement.
Si les dernières données disponibles montrent un recul de l’augmentation alarmante observée entre 2016 et 2020 – le nombre d’enfants astreints au travail ayant diminué de 20 millions au cours des quatre dernières années –, le monde n’a toutefois pas réussi à atteindre son objectif d’éliminer totalement cette pratique d’ici à 2025, précise le rapport publié à l’occasion de la Journée internationale du jeu ainsi que la veille de la Journée mondiale contre le travail des enfants.
Ce nouveau rapport intitulé « Travail des enfants : estimations mondiales 2025, tendances et chemin à suivre », met en lumière une sombre réalité : malgré les progrès enregistrés, des millions d’enfants se voient toujours privés du droit d’apprendre, de jouer et, tout simplement, de vivre leur enfance.
« Les conclusions de notre rapport sont porteuses d’espoir en ce qu’elles montrent que des progrès sont possibles. La place des enfants est à l’école, et non au travail. Pour cela, il est impératif de soutenir les parents et de leur donner accès à des emplois décents afin qu’ils aient les moyens financiers de veiller à ce que leurs enfants puissent étudier et n’aient pas à vendre des produits sur le marché ou à travailler dans l’exploitation agricole familiale pour subvenir aux besoins de leur famille », a souligné Gilbert F. Houngbo (Directeur général de l’OIT).
« Ces progrès ne doivent toutefois pas nous faire perdre de vue le long chemin qu’il nous reste à parcourir pour atteindre notre objectif d’éliminer définitivement cette pratique néfaste », a-t-il ajouté.
L’agriculture reste le secteur le plus touché puisqu’il totalise 61 % de tous les cas d’enfants astreints au travail, suivi des services, tels que les travaux domestiques et la vente de biens sur les marchés, (27 %) et de l’industrie, notamment l’exploitation minière et la fabrication, (13 %), affiche le rapport.
C’est en Asie et dans le Pacifique que la prévalence du travail des enfants a le plus reculé depuis 2020, passant de 6 % à 3 % (soit de 49 millions à 28 millions d’enfants). Une amélioration a également été observée en Amérique latine et dans les Caraïbes où, malgré une prévalence inchangée, le nombre d’enfants concernés est passé de 8 millions à près de 7 millions au cours des quatre dernières années.
L’Afrique subsaharienne reste quant à elle la région la plus touchée, comptabilisant près des deux tiers des cas à travers le monde, soit près de 87 millions d’enfants. Bien que la prévalence ait légèrement baissé, passant de 24 % à 22 %, le nombre total d’enfants astreints au travail n’a pas diminué.
Cette situation s’explique par la croissance démographique, les conflits en cours et émergents, l’extrême pauvreté et la pression exercée sur les systèmes de protection sociale.
« Des progrès considérables ont été accomplis pour réduire le travail des enfants à travers le monde. Pourtant, un nombre bien trop élevé d’enfants continuent de travailler dans les mines, les usines ou les champs, où ils effectuent souvent des travaux dangereux pour survivre », a déploré Catherine Russell.
« Nous savons que les protections juridiques, l’élargissement de la protection sociale, les investissements en faveur d’une éducation gratuite et de qualité et l’amélioration de l’accès des adultes aux emplois décents peuvent nous rapprocher de notre objectif d’éliminer cette pratique néfaste. Malheureusement, les coupes budgétaires mondiales menacent de saper les progrès que nous avons acquis de haute lutte. Nous devons réaffirmer notre engagement à tout mettre en œuvre pour que les enfants étudient et jouent au lieu de travailler », a-t-elle précisé.
Si le rapport souligne que les garçons sont plus susceptibles que les filles de travailler, et ce, à tous les âges, cet écart entre les genres s’inverse dès lors que l’on prend en compte les tâches ménagères non rémunérées d’une durée d’au moins 21 heures par semaine.
Le nombre d’enfants astreints au travail a quasiment diminué de moitié depuis l’année 2000, passant de 246 millions à 138 millions, mais les progrès sont restés trop lents pour que le monde réussisse à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé d’éliminer le travail des enfants d’ici à 2025. Pour y parvenir au cours des cinq prochaines années, il faudrait progresser 11 fois plus rapidement. FIN
Savoir News