Lutte contre le paludisme en Afrique : Speak Up Africa lance la campagne « Changez l’histoire »

Lancement de la campagne

Speak Up Africa a lancé mardi 13 ami 2025 à Abidjan (en marge de l’Africa CEO Forum qui se tient dans la capitale ivoirienne), le chapitre francophone de la Campagne « Changez l’histoire » et dévoilé un nouveau rapport intitulé « Changez l’histoire, sauvez des vies : le rôle du secteur privé dans l’éradication du paludisme ».

Ces deux actions majeures ont été menées en partenariat avec l’Alliance des leaders africains contre le paludisme (ALMA), le Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme et Malaria No More UK, a appris l’agence Savoir News lors de la conférence de presse qui a sanctionné le lancement.

L’ONG estime qu’avec la 8ème reconstitution des ressources du Fond mondial à venir et l’augmentation des déficits de financement, 2025 représente un moment critique pour débloquer de nouvelles ressources et accroître l’impact.

La campagne « Changez l’histoire » vise à amplifier les voix des femmes et des filles et à mobiliser le secteur privé africain pour « accélérer l’élimination du paludisme ».

Selon Dr Michael Adekunle Charles (Directeur du Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme), c’est le moment de co-investir pour l’impact parce que, quand le secteur privé africain prend les devants, le monde y prête attention.

« Le Fond mondial a sauvé des millions de vies et renforcé les systèmes de santé. Vos investissements peuvent maintenant préserver à la fois la résilience économique et la santé publique », a dit Dr Adekunle.

Notons que le rapport qui accompagne la campagne invite les entreprises à : fournir un soutien direct ou en nature aux efforts nationaux de lutte contre le paludisme, canaliser les ressources vers la 8e reconstitution des ressources du Fonds mondial, rejoindre les conseils de lutte contre le paludisme pour promouvoir une approche de plaidoyer multisectorielle et la mobilisation de ressources, et investir dans le nouveau Fonds Voix EssentiELLEs pour l’élimination du paludisme, axé sur les efforts menés par les femmes et les communautés.

Pour Joy Phumaphi (Secrétaire exécutive de l’ALMA et présidente du Conseil d’administration du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme), l’Afrique doit mener une « lutte audacieuse » contre le paludisme et le secteur privé est un « partenaire essentiel » dans cette mission.

« En rejoignant les Conseils et Fonds pour l’élimination du paludisme et en investissant dans des solutions portées par les communautés, les entreprises peuvent mettre à profit leur expertise pour innover et mobiliser les ressources nécessaires pour avoir un réel impact, sauver des vies, dynamiser les économies et parvenir à un avenir sans paludisme », a-t-il expliqué.

Précisons que le Fonds « Voix EssentiELLES » pour l’élimination du paludisme vise à mobiliser 4 millions de dollars d’ici 2030, pour soutenir le financement flexible du paludisme pour les femmes et les filles, ainsi que des activités de plaidoyer régionales alignées sur les priorités nationales.

Pierre N’gou Dimba (ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle de Côte d’Ivoire) souligne qu’avoir des communautés saines constitue le gage d’économies prospères…

« Le secteur privé a un intérêt direct dans l’élimination du paludisme. Et pour éviter de perdre des années de progrès dans la lutte contre le paludisme, il est urgent de penser et mettre en œuvre de nouvelles sources de financement diversifiées », a-t-il souligné.

Notons  que les femmes et les filles continuent de porter le plus lourd fardeau du paludisme. De plus, elles restent sous-représentées dans la prise de décisions et le financement.

Speak Up Africa souligne qu’une étude de 2024 a révélé que la réduction de 90 % de l’incidence du paludisme d’ici 2030 pourrait accroître le PIB du continent de 126,9 milliards de dollars. Le paludisme n’est pas seulement un problème de santé, c’est aussi une barrière économique qui affaiblit la productivité, pousse les ménages à dépenser et entrave la croissance.

Mme Yacine Djibo (directrice exécutive de Speak Up Africa) précise par ailleurs, qu’investir dans les femmes et les filles permet d’accélérer le développement. 

« Les femmes leaders renforcent les communautés, stimulent l’innovation et aident à sortir les familles de la pauvreté. Et nous savons que pour chaque dollar investi dans la lutte contre le paludisme, nous obtenons jusqu’à 60 dollars de rendement économique. Les communautés sans paludisme ne sont pas seulement plus saines, elles sont aussi plus résilientes, productives et rentables », a déclaré la directrice exécutive de Speak Up Africa.

Dans le cadre du travail continu que mène Speak Up Africa avec le secteur privé, l’organisation a signé un protocole d’accord avec Canal+ Côte d’Ivoire et le Programme national de lutte contre le paludisme. L’accord est ancré dans une collaboration qui dure depuis cinq ans entre Speak Up Africa et le groupe Canal+, qui a contribué plus de 1,5 million de dollars en temps d’antenne et en nature.

« Par le biais de notre plateforme, nous sommes fiers de sensibiliser et de contribuer à la lutte contre le paludisme. Avec Speak Up Africa et ses partenaires, nous sommes déterminés à changer la donne pour mettre fin au paludisme en Afrique « , a dit Adama Koné (Directeur Général de Canal+ Côte d’Ivoire).

En rappel, Speak Up Africa est une organisation basée au Sénégal et dirigée par des Africains. Elle œuvre pour bâtir une Afrique où la croissance et le développement durable sont portés par les citoyens africains eux-mêmes. Speak Up Africa rassemble, facilite et plaide en faveur du changement, en se basant sur la communication stratégique et le plaidoyer. FIN

Ambroisine MEMEDE