
L’Afrique traverse une période critique de son histoire économique. La dette extérieure du continent a connu une progression vertigineuse.
« La dette publique africaine s’est fortement accrue au cours de ces dernières décennies, passant de 436 milliards de dollars en 2010 à 1130 milliards de dollars en 2024 », a relevé ce mercredi 14 mai 2025 à Lomé Patrick Ndzana Olomo (Directeur du développement économique, de l’intégration et du commerce de la Commission de l’Union africaine) à la clôture de la Conférence de l’UA sur la dette. En 1976, la dette publique africaine était estimée à 39 milliards de dollars.
« Environ 2/3 des ressources sont consacrées au paiement des intérêts de la dette », a-t-il ajouté.
Cette explosion de l’endettement place aujourd’hui 25 pays africains dans une situation de détresse ou à haut risque de surendettement. Plus alarmant encore, plus de 30 nations du continent consacrent désormais davantage de ressources au service de leur dette qu’aux dépenses de santé publique, compromettant ainsi le bien-être de leurs populations.
Placée sous le thème : « L’Agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette », la conférence de Lomé, a permis aux leaders du continent, de poser les bases d’une gouvernance responsable et souveraine de la dette en Afrique.
Après trois jours d’intenses travaux, les dirigeants du continent ont rendue publique une « déclaration de Lomé » avec le ferme « engagement de plaider en faveur de l’annulation de la dette, au cas par cas (…) ».
Ils se sont engagés à adopter une « position africaine commune sur la dette sous l’égide de l’Union africaine, afin d’en faire une stratégie de négociation et de présenter un front uni face aux créanciers et autres parties prenantes lors des négociations et discussions relatives à l’annulation de la dette du continent ».
Faure Gnassingbé, porte-voix de l’Afrique
Le président du Conseil Faure Gnassingbé a été mandaté par la conférence pour porter la voix de l’Afrique au plan international, a annoncé Essowè Georges Barcola, ministre togolais de l’économie et des finances.
« La conférence a demandé à son excellence Faure Gnassingbé de porter la question de la dette africaine auprès des partenaires pour que les coûts des crédits soient revus, en tout cas, pour qu’on puisse revoir l’architecture financière internationale (…) », a-t-il précisé.
« Il se fera le devoir et l’honneur de porter la voix de l’Afrique sur cette question. Je peux vous rassurer », a rassuré M.Barcola à la tribune.
Notons que les dirigeants du continent se sont également engagés « à veiller à ce que les subventions et les ressources concessionnelles soient utilisées de manière productive en améliorant la gestion des finances publiques, notamment par voie d’une affectation des ressources et d’une budgétisation efficace, d’un contrôle fiduciaire rigoureux des dépenses et des institutions et de procédures d’audit appropriées ».
Ils ont aussi exhorté la Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires à poursuivre leurs initiatives en cours de renforcement des capacités de gestion de la dette, notamment le Forum sur la gestion de la dette pour l’Afrique « DeMFA » et le Réseau de l’Initiative des gestionnaires de la dette en Afrique « ADMIN », pour un dialogue politique continu, un apprentissage par les pairs et un échange de connaissances sur la gestion de la dette africaine.
Ils ont appelé l’UA et les autres institutions panafricaines à plaider en faveur d’une réforme forte et profonde de l’architecture de la dette mondiale par la mise en place d’une Convention-cadre des Nations unies sur la dette souveraine.
« Le cadre proposé devrait viser à créer un mécanisme multilatéral plus complet, plus équitable et plus efficace pour prévenir et gérer les crises de la dette souveraine », précise la déclaration de Lomé. FIN
Junior AUREL