
Le « Ayimolou », mets très populaire au Togo, était à l’honneur du 18 au 21 février 2025autour d’un Festival en plein air sur le terrain en face du Centre Togolais des Expositions et Foires Togo 2000 (CETEF) à Lomé. L’événement baptisé « Ayimolou Festival », a suscité beaucoup d’engouement. Il était parrainé par le maire de la commune Golfe 2 Kodjo Konou Noukafou.
Ayimolou est un mélange du riz et du haricot, cuits ensemble et accompagné d’une sauce bien épicée et du piment noir togolais (Ebesse fionfion), le tout garni de la viande de bœuf, du poisson, du wangash ou wagashi (fromage fait à base de lait de vache) etc. L’Agence Savoir News a rencontré le directeur dudit festival Bernard Dodji Bokodjin.
Savoir News : Ayimolou festival s’est déroulé du 18 au 21 février 2025 sur le terrain du CETEF. Qu’est-ce qui vous a motivé à initier ce festival ?
Bernard Dodji Bokodjin : Notre première motivation est de valoriser le plat Ayimolou au niveau national et international et ensuite célébrer nos mamans qui commercialisent ce mets depuis des décennies au Togo. Ensuite il y a une vision derrière cette valorisation et célébration : arriver à inscrire ce mets dans les années à venir au patrimoine immatériel international de l’UNESCO comme une richesse culinaire et culturelle Togolaise à préserver.
En outre, afin de s’inscrire sur la droite ligne de la politique du gouvernement, l’objectif est d’amener à termes les vendeurs et vendeuses d’Ayimolou à utiliser le riz local Togo et délaisser les bouillons de cube au détriment des épices.
Enfin, Ayimolou Festival c’est aussi la formation des vendeurs et vendeuses. Le thème de cette édition est « renforcer la résilience des femmes et hommes revendeurs d’Ayimolou ».
Quel bilan pouvez-vous dresser de cette première édition ?
Au total 12 exposants venus des quatre coins de Lomé ont animé les stands durant le festival. Il s’agit de Ayimolou Berebevi (quartier Tokoin Wuiti), Ayimolou chez Wiyao (quartier Hedzranawoe) Ayimolou 2lo (quartier Nukafu), Ayimolou Madame/Monsieur (quartier Bé Kpehenou) Ayimolou Maman Guy (quartier Djidjolé), Ayimolou Mayanon (quartier Sagboville), Ayimolou La Grâce (quartier Nukafu), Ayimolou Emilnon (quartier Adakpamé) Ayimolou chez Gloria (quartier Doumassesse), Ayimolou chez Davida (quartier Doulassamé), Ayimolou Kpokporokpo (quartier Hedzranawoe), Ayimolou ESA (quartier super Taco).
Plus de 15.000 personnes ont visité le site du festival durant les 96 heures non-stop. Des formations avec un expert financier et un expert de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) sur la gestion et la qualité/hygiène des aliments ont été offertes aux exposants. Il a eu deux concerts géants (dimanche 20 et le lundi 21 avril) avec des artistes de renoms, ainsi qu’un espace pour enfants animé durant 4 jours… Le bilan est plus que positif.
Les résultats escomptés ont été atteints ? Quelle est l’appréciation des participantes ?
Les résultats prévus pour cette première édition d’Ayimolou Festival (AYIF) ont été atteints et dépassés. Nous avions au départ estimé que 10 exposants nous suffiraient pour réaliser ce projet. Finalement nous en avons eu 12. Ensuite faire la promotion de Ayimolou sur le plan national et international a été une réussite vu l’engouement des médias nationaux comme votre média Savoir News que nous remercions au passage et aussi des médias internationaux comme la BBC et RFI qui ont consacré des reportages et interviews sur l’évènement. En outre, une évaluation post festival auprès des exposants montre une très grande satisfaction. Ils ont vendu plus que d’habitude, ils ont tissé des relations et ils ont pu conquérir de nouvelle clientèle et surtout ils ont maintenant un réseau des revendeurs et revendeuses d’Ayimolou.
Quels sont les défis et les perspectives ?
Les défis ont été grands pour la réalisation de cette première édition d’Ayimolou Festival (AYIF). Le premier était de partager ce rêve avec mon équipe et d’avoir leur adhésion totale pour me suivre dans cette aventure. Le projet était novateur et suscitait de la crainte. C’est ici pour moi l’occasion de dire merci à mes deux collaborateurs directs et amis de longue date M. Jean Claude Apeleté TOGBE et M. Elom Didier YOVO qui ont été les premiers à comprendre l’enjeux autour de ce projet et se jeter dans l’aventure avec moi. Le deuxième défi était de convaincre les vendeurs et vendeuses d’Ayimolou de la pertinence du projet et de les faire adhérer. Cela nous a pris six bons mois pour mobiliser les 12 exposants que vous avez vus sur le site. Et dire que d’autres nous ont carrément chassé de leur restaurant pensant que c’était de l’arnaque surtout que les stands étaient payants, même si le montant était faible.
Mais je me réjouis aujourd’hui, car des revendeuses d’Ayimolou célèbres qui n’ont pas répondu à notre appelle ont finalement fait la visite du site du festival le dernier jour pour voir et certains ont regretté leur choix et se positionnent déjà pour l’année prochaine. Aussi, la mobilisation des partenaires était un défi de taille. Même de simples séances de travail pour présenter le projet ont été difficiles à avoir. Nos partenaires ont été essentiellement la presse à qui nous tirons chapeau. La Mairie de Golfe 2 avec son Maire M. Konou ont été un éclairci dans ce sombre paysage pour permettre à Ayimolou Festival (AYIF 2025) de devenir une réalité. Vu cette réussite éclatante, demain sera meilleur pour Ayimolou Festival. Le processus de soumission d’Ayimolou à inscrire au patrimoine immatériel de l’UNESCO sera enclenché. Une étude scientifique sur les défis liés à l’utilisation du riz togolais pour préparer Ayimolou et commercialisé sera aussi lancée.
La prochaine édition durera plus que 4 jours, car on a vu que beaucoup n’ont pas voulu que les portes se ferment sur l’édition 2025. L’équipe fera une étude minutieuse du rapport et en fonction des partenariats qu’on aura et on verra combien de jours ajoutés. D’ores et déjà, la période et le lieu resteront inchangés. FIN
Propos recueillis par Emile KOUTON