Niger : Trois journalistes d’une radio privée détenus à Agadez

Trois journalistes d’une radio privée du nord du Niger ont été interpellés deux fois cette semaine à Agadez et y sont détenus par la gendarmerie, après avoir évoqué la « rupture » présumée de contrats sécuritaires entre le Niger et la Russie, a indiqué le média à l’AFP.

D’autres journalistes ont été interpellés et incarcérés après avoir diffusé des éléments concernant le régime militaire nigérien, au pouvoir depuis un coup d’État perpétré en juillet 2023.

« Samedi vers 01H00 du matin (00H00 GMT), une équipe de la gendarmerie est venue prendre les trois journalistes de la radio Sahara FM », a indiqué à l’AFP Ibrahim Manzo Diallo, responsable du groupe de médias Aïr Info auquel appartient Sahara FM.

Les trois journalistes, deux hommes et une femme, sont « actuellement à la brigade de la gendarmerie » d’Agadez, a-t-il précisé.

Selon M. Diallo, Sahara FM avait relayé mercredi une information, diffusée sur le site du média LSI Africa, relative à une « rupture des contrats de renseignements entre le Niger et la Russie ».

« Le même jour », la police a interpellé deux des journalistes, a affirmé M. Diallo: Hamid Mahmoud, rédacteur en chef par intérim, et Mahaman Sani, qui avait présenté le journal.

La troisième journaliste, Massaouda Jaharou, avait été interpelée jeudi, a-t-il indiqué.

« Après deux jours d’audition au commissariat de police, ils ont été présentés devant le juge qui les a finalement libérés », a-t-il dit.

Mais la gendarmerie « les a repris samedi », a-t-il ajouté.

Créée en juillet 2003, Sahara FM est l’une des plus importantes radios présentes dans le nord désertique nigérien.

Depuis le coup d’État de juillet 2023, le pouvoir nigérien a obtenu le départ des militaires français et de l’ambassadeur de France, avant de se rapprocher de la Russie avec qui il a mis en place une coopération sécuritaire.

Le directeur du quotidien « L’Enquêteur », Idrissa Soumana Maiga, avait été emprisonné d’avril à juillet 2024 pour « atteinte à la défense nationale », après avoir diffusé un article sur l’installation supposée d’équipements d’écoute par des agents russes sur des bâtiments officiels. Il avait obtenu une libération provisoire.

Le Niger est 83e sur 180 pays dans le classement 2025 de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans Frontières. Il a perdu trois places par rapport à 2024.

« L’environnement économique des médias s’est fortement dégradé » dans le pays, écrit l’ONG sur son site.

Source : Afp