
L’Observatoire Togolais des Médias (OTM) et l’Institut Panos Afrique de l’Ouest ont organisé vendredi 2 mai 2025 à Lomé, une rencontre pour faire le point sur la situation de la presse au Togo.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de la liberté de la presse, célébrée chaque 3 mai.
Journalistes, membres de la société civile et représentants d’institutions ont échangé autour d’un thème d’actualité : « Informer dans un monde complexe : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias ».
Le président de l’OTM, Fabrice Petchezi, a présenté le rapport annuel sur la situation des médias. Il a noté une légère amélioration par rapport aux années précédentes, tout en soulignant que des sanctions ont encore été enregistrées.
« Cette année, nous avons recensé trois sanctions : deux journaux écrits ont été touchés, une émission suspendue et son animateur également », a précisé M. Petchezi.
Ce rapport s’inscrit dans un projet plus large intitulé « Promouvoir la liberté d’expression et des médias, et des défenseurs des droits humains au Togo », prévu pour la période 2023-2025.
Dans ce cadre, une plateforme numérique appelée « M2D» a été mise en place. Elle permet aux journalistes et aux citoyens de signaler, en toute sécurité, des violations des droits humains et des atteintes à la liberté d’expression.
« Cette plateforme vise à renforcer la protection des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme. Elle permet de documenter et de signaler les violations de manière sécurisée », a expliqué le président de l’OTM.
Autre sujet au cœur des discussions : l’usage grandissant de l’intelligence artificielle (IA) dans les médias. Le commandant Gbota Gwaliba, directeur général de l’Agence Nationale de la Cybersécurité (Ancy), s’est interrogé sur les risques de dépendance aux outils automatisés.
Ce dernier a mis en garde contre une dépendance excessive des médias aux outils d’IA, développés par des entreprises étrangères, souvent soumises à des logiques politiques.
« Une fois qu’un média devient totalement dépendant de l’IA, peut-on encore parler de liberté d’opinion ? », a-t-il lancé, appelant les professionnels à se former et à rester maîtres de leurs contenus.
« Il est essentiel d’apprendre à utiliser ces outils de façon responsable, en vérifiant toujours les contenus générés », a-t-il averti.
Il a également rappelé que, malgré la rapidité et la qualité apparente des productions de l’IA, le discernement humain reste indispensable pour garantir la fiabilité des informations diffusées.
Plusieurs recommandations ont été formulées à l’issue des échanges : Pour les journalistes : respecter l’éthique, faire un usage responsable des réseaux sociaux et rester solidaires.
Pour les organes de presse : appliquer la convention collective, investir dans la formation continue et défendre les intérêts du secteur.
Pour les autorités : alléger les démarches administratives, renforcer le dialogue avec la presse, protéger les journalistes et améliorer leurs conditions de travail.
Enfin, le gouvernement est invité à respecter ses engagements internationaux en faveur de la liberté de la presse.
Cette rencontre a permis de rappeler une vérité essentielle : la liberté de la presse est un droit fondamental, mais aussi une responsabilité collective. FIN
Bernadette AYIBE