Coopération Bénin-Luxembourg : 46 milliards F.CFA pour des projets d’envergure

Joseph Senninger, chargé d’affaires en pied du Grand-Duché de Luxembourg près le Bénin et le Togo en face du ministre Olushegun BAKARI

L’ambassade du Grand-Duché de Luxembourg a officiellement ouvert ses portes au Bénin, il y a une semaine. Ce qui fait d’elle, la dernière-née de l’Union européenne au Bénin. La monarchie s’est engagée sur plusieurs fronts au Bénin en appui au Programme d’action du gouvernement 2021-2026.

Dans cette interview, Joseph Senninger, chargé d’affaires en pied du Grand-Duché de Luxembourg près le Bénin et le Togo, évoque ce qui a motivé son pays à s’installer à Cotonou et apprécie la stratégie de croissance du Bénin.

La Nation : Il y a six mois que vous vous êtes installés au Bénin et l’ambassade a ouvert officiellement ses portes, il y a une semaine. Qu’est-ce qui a motivé le Luxembourg à se faire représenter au Bénin ?

Joseph Senninger : Le Luxembourg est très présent en Afrique de l’Ouest depuis des décennies. Nous avons une présence au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Les premiers contacts avec le Bénin sont nés à cause de notre engagement dans la finance inclusive.

Par exemple, la ministre des Affaires sociales et de la Microfinance était venue à Ouagadougou en 2019 lorsqu’on avait organisé un événement là-bas sur la microfinance, et d’autres contacts entre le Luxembourg et le Bénin sont venus. C’est le Bénin qui, de manière proactive, nous a démarché au regard de ce que nous faisons en matière de formation professionnelle, de finance inclusive, de digitalisation.

Ainsi, le Bénin est beaucoup intéressé et nous a dit qu’il aimerait travailler avec nous. C’était cette démarche proactive bien menée qui nous a beaucoup séduits et en approfondissant, on a vu qu’il y a du potentiel pour travailler ensemble. Et donc, la décision a été prise dès 2022, de progressivement s’installer dans votre pays.

Très vite, vous vous êtes adaptés à l’environnement béninois et vous êtes engagés sur plusieurs fronts. Quels sont les domaines de coopération dans lesquels vous intervenez ?

Les premiers échanges concrets dataient en effet de 2022. Mais avant, nous avons travaillé avec des acteurs qui étaient ici depuis longtemps notamment Enabel et l’Afd.

En 2023, nous avons d’abord envoyé une petite équipe pour sonder le terrain. Toujours en 2023, nous avons commencé à concrètement formuler les projets, et la quatrième formulation va commencer cette semaine. Nous intervenons dans les trois domaines cités plus haut : la formation professionnelle, surtout avec un appui à l’école des métiers du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration que l’Etat béninois veut construire à Togbin.

Le Bénin met à disposition un appui en nature (le terrain et autres) et le Luxembourg paye la construction et fournit un appui à l’élaboration des curricula. Le deuxième projet, c’est un appui à la finance inclusive avec le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance qui voulait avoir un programme en renforcement des capacités des populations afin qu’elles sachent mieux comment ça marche, la finance inclusive. Il y a 500 000 bénéficiaires (…).

Le troisième projet, c’est la digitalisation et la cybersécurité. C’est un appui aux efforts du Bénin pour renforcer la cybersécurité et digitaliser les services publics. L’autre projet qui va être formulé est en soutien à la formation professionnelle agricole, surtout à Parakou.

Au total, l’enveloppe que le Luxembourg met à disposition du Bénin est de 46 milliards francs CFA.

Depuis votre arrivée au Bénin, vous avez observé le développement du pays. Comment appréciez-vous sa stratégie de croissance ?

La stratégie du Bénin pour la croissance est bâtie sur deux piliers : l’agriculture et le tourisme (le tourisme mémoriel en lien avec le culte du vodun et la traite négrière, etc.). Je trouve que c’est un choix pertinent, qui n’existe sous cette forme nulle part ailleurs et il y a beaucoup de consommateurs et de clients potentiels, surtout les populations afro-descendantes, que cela soit au Brésil, dans les Antilles, etc.

Je suis convaincu que ça peut marcher, pourvu qu’il y ait suffisamment d’hôtels pour héberger les touristes. Et pour cela, il faut encore plus d’investissements. Tous les hôtels à Cotonou sont toujours pleins à craquer. Si on veut augmenter l’effectif des touristes, il faudra plus d’hôtels. L’économie tourne bien mais pour que cela aille encore mieux, il faut plus d’investissements et plus de personnels formés.

SOURCE : La Nation (Quotidien national)