Santé sexuelle et reproduction : Il faut garder la flamme de la sensibilisation

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique dans ses recommandations que les adolescentes doivent avoir au moins 18 ans avant de tomber enceinte pour la première fois. Mais le constat de nos jours est que l’abstinence n’est presqu’un souvenir que racontent les grands parents face à la sexualité précoce et sans complexe, observée au sein de la jeunesse.

Beaucoup d’adolescentes contractent de grossesse, malgré les dangers liés à la maternité précoce : avortements répétés, mort en couche, maladies handicapantes, infertilité, etc.

Au Togo, rien qu’en 2022, un total de 2.474 cas de grossesses ont été enregistrés chez les adolescentes dans les collèges et les lycées du pays. Ce qui amène le gouvernement ainsi que les institutions ou Organisations non gouvernementales, à accentuer la sensibilisation des jeunes sur la sexualité précoce, ses risques et la nécessité d’opter pour une méthode contraceptive à défaut d’abstinence.

C’est le cas d’Alice, 16ans et élève en classe de troisième à Adidogomè (banlieue de Lomé/Togo) qui depuis un an, est protégée contre les grossesses non désirées et précoces. Elle a adopté une contraception pour sa sécurité.

Désireuse d’avoir un diplôme et de s’insérer dans la vie active avant toute maternité, elle s’est mise sous contraception pour éviter toute surprise pouvant entraver le bon cours de ses ambitions. Cette décision jugée sage par sa mère, découle d’une triste histoire dont Alice a presqu’été témoin.

« Un an plus tôt, elle a failli perdre une de ses camarades de classe, qui avait pratiqué un avortement clandestin. Cette histoire l’a tellement affectée psychologiquement, qu’elle n’a pas hésité quand je lui ai fait la proposition. Il faut être réaliste, peu de filles diront à leur mère qu’elles ont des relations sexuelles. Je préfère éviter toute surprise », raconte Dame Scolastique, agent de santé interviewée lors d’une opération de sensibilisation sur la santé mentale.

« J’ai appris que mon amie a avalé des pilules pour une interruption de grossesse…, elle a beaucoup saigné. Heureusement elle n’en est pas morte, les parents l’ayant transportée à tant à l’hôpital. La nouvelle s’est répandue et elle a dû abandonner les cours, alors qu’on voulait toutes deux, devenir médecins. C’est pour cela que j’ai décidé de me protéger, c’est plus prudent », confie Alice.

Comme Alice, les deux sœurs de Ghislain (17ans, en classe de Terminale) utilisent une contraception : « Ma mère y veille et elles bénéficient d’un bon suivi. A la maison, ce n’est pas du tout un tabou, et nous avons déjà mené un débat sur la question lorsque ma jeune sœur devait présenter un exposé sur la question du planning familial. Nos parents sont assez ouverts sur les questions liées à la santé sexuelle et reproductive. J’ai moi-même déjà été une fois au centre conviviale des jeunes, pour avoir un éclairage sur une question personnelle, et j’ai été bien accueilli et satisfait », signale Ghislain.

Contraception à défaut de l’abstinence

Selon Hervé Ouagbéni (Responsable Programmes Jeunes à l’Association togolaise pour le bien-être familial, ATBEF), ce centre est adapté aux jeunes scolarirés ou non. Il offre gratuitement aux jeunes et adolescents, une formation (en ligne ou en présentiel) en Education sexuelle complète (ESC). des activités ludiques leur sont également accessibles.

« C’est le fruit de l’expertise de l’ATBEF, en offre de services et soins en Santé sexuelle et de la reproduction et en éducation sexuelle complète. Nous voulons donner aux jeunes des compétences de vie pour assumer les responsabilités, leur permettre d’adopter des attitudes égalitaires sur les rôles de genre, le respect de soi et de l’autre », a dit M. Ouagbéni.

Suite aux nombreuses actions de sensibilisation, les adolescents s’orientent progressivement vers ce s espaces conviviaux pour s’informer et disposer de moyens pouvant leur permettre (à défaut de  pouvoir pratiquer l’abstinence), d’assurer une sexualité responsable de façon à éviter les grossesses non désirées.

La planification familiale, la contraception en particulier se veut  une  pratique à haut-impact sur la réduction des mortalités et des morbidités maternelles, néonatales, infantiles et des complications dues aux grossesses et aux accouchements qui ne se sont pas bien déroulés, rappelle Mme Afikou, sage-femme au Centre médico-social (CMS) de Ségbé (localité située à environ 14 Km au nord de Lomé).

Il faut maintenir la sensibilisation pour plus d’impact au sein de la jeunesse

Notons que le Plan national de développement sanitaire (PNDS)  2017-2022,  consacre son axe stratégique 1 à l’ »accélération de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile et au renforcement de la planification familiale et de la santé des adolescents ».

Mme Afikou souligne qu’une fille qui ne tombe pas enceinte très tôt, a le temps de terminer ses études ou son apprentissage et participer aux activités économiques formelles pour  améliorer son potentiel de gains. C’est pour cette raison  que la planification familiale est fortement recommandée à toute femme sexuellement active.

« Il faut vraiment accentuer la sensibilisation pour permettre au grand nombre, de comprendre le bien fondé et d’y adhérer facilement. La contraception vaut mieux qu’une grossesse non désirée, non planifiée qui peut conduire à un avortement clandestin », indique Judith, jeune étudiante très engagée sur les questions de genre et la santé sexuelle. Elle signale que beaucoup de parents, surtout chrétiens hésitent à accepter le conseil, mais à force de sensibilisation,ils pourront mieux appréhender le bien-fondé et autoriser leurs enfants. FIN

Ambroisine MEMEDE