Togo: Deux journalistes écroués, l’UPF internationale exige leur « libération »

Loïc Lawson et Anani Sossou

Loïc Lawson (directeur de publication du journal Flambeau des Démocrates) et Anani Sossou (journaliste indépendant), ont été écroués mercredi à la prison civile de Lomé, après 48 heures de garde à vue à la Brigade de recherches et d’investigation (BRI).

Ils étaient gardés à vue dans une affaire de publication sur réseaux sociaux, d’une information relative à la disparition d’une somme de 400 millions F.CFA au domicile du ministre d’Etat, ministre de l’urbanisme, de l’habitat et de la réforme foncière Kodjo Adedze. Ce dernier a porté plainte contre eux.

« Loïc Lawson et Anani Sossou ont été déposés à la prison civile de Lomé ce mercredi aux environs 10H. Ils sont passés devant le premier substitut mardi soir, qui les a auditionnés pendant une trentaine de minutes, avant de les renvoyer vers le juge d’instruction qui leur décerné le mandat de dépôt », a déclaré Magloire Têko Kinvi, rédacteur en chef du Flambeau des Démocrates.

« Le régisseur avait fermé la prison mardi soir, ce qui a fait qu’ils ont passé la nuit la BRI. Et ce mercredi, ils ont été conduits à la prison », a-t-il expliqué.

Ils sont poursuivis pour « diffamation et atteinte à l’honneur du ministre et incitation à la révolte ».

Les deux journalistes avaient publié lundi, un autre élément lundi sur les réseaux sociaux, précisant que « des investigations poussées et des sources proches du dossier attestent que le montant communiqué était surestimé et n’atteindrait pas la somme de 400 millions de FCFA ».

-L’usage des réseaux sociaux par les journalistes-

« Aucune démarche précisément pour l’instant. Des discussions seraient en cours pour une issue à l’amiable entre le ministre plaignant et les confrères », avait indiqué mardi à l’Agence Savoir News Fabrice Pétchézi (président de l’Observatoire Togolais des Médias/OTM).

« De façon générale, cette situation remet au goût du jour le débat sur le nouveau code de la presse notamment la question relative à l’usage des réseaux sociaux par les journalistes. Vous savez que dans ce code entré en vigueur cette année 2023, il est clairement signifié que les réseaux sociaux n’entrent pas dans le champ d’application du nouveau code (article 3). Le texte précise plus loin que, même détenteur d’une carte, on ne reconnaît pas le statut de journaliste en cas de souci lorsqu’un journaliste fait recours aux réseaux sociaux. Ces dispositions ont déjà fait beaucoup de victimes au sein de la coopération. C’est pourquoi à l’OTM nous sommes à pied pour une réécriture de ces articles conflictuels dans le code de la presse », a-t-il souligné.

« Si tout va bien nous allons nous retrouver avant la fin de l’année entre responsables d’organisation pour réfléchir à un contenu que nous allons proposer aux autorités en vue d’une éventuelle réécriture surtout des articles 3 et 156 du code de la presse. Cette activité va s’inscrire dans le cadre du projet +Promouvoir la liberté d’expression et des médias, et protéger les défenseurs des droits de l’homme au Togo+ projet financé par l’Union européenne », a précisé le président de l’OTM.

L’organisation de défense des droits des journalistes, Reporters sans frontières, a appelé dans un message publié sur X (ex-Twitter), à leur libération immédiate, de même que l’Union internationale de la presse francophone (UPF).

Loïc Lawson est président de la section togolaise l’Union internationale de la presse francophone (UPF-Togo).

Dans un communiqué, l’UPF internationale « exprime sa profonde inquiétude pour cette interpellation et des accusations avancées ».

« Nous soutenons fermement la demande de nos collègues togolais à garantir un traitement équitable et transparent pour Loïc Lawson et Anani Sossou, respectant ainsi les principes fondamentaux de la liberté de la presse et du droit à l’information », indique le communiqué.

L’UPF internationale « suit cette affaire avec toute l’attention nécessaire et n’hésitera pas à mobiliser son réseau international en faveur de défendre le droit des journalistes à exercer librement leur profession, mais aussi afin de protéger les collègues interpellés ». FIN

Junior AUREL