Question Santé : Dr Bernard Johnson dit tout sur l’obésité et le diabète

Dr Bernard Johnson, est médecin diététicien, nutritionniste, diabétologue
Dr Bernard Johnson, médecin diététicien, nutritionniste, diabétologue

« Question Santé » nous amène aujourd’hui, à faire la lumière sur l’obésité et le diabète, un tandem dangereux qu’on invite nos lecteurs à mieux cerner pour une meilleure prévention. Beaucoup trouvent que le diabète est causé par l’obésité dont la grande source réside dans la consommation de repas trop copieux. Pour certains, le manque d’information sur ces deux notions peut faire des victimes évitables. Pour une bonne compréhension, nous avons tendu notre micro à Dr Johnson Bernard, médecin diététicien, nutritionniste, diabétologue. Il est le Directeur de la Clinique Saint Bernard à Lomé. Avec lui, nous avons abordé ces deux maladies sous divers angles.

Docteur Johnson, il est de coutume de voir des personnes qualifier l’embonpoint de signe d’aisance et de bénédictions. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui soutiennent que des repas trop copieux sans efforts physiques peuvent entraîner  plusieurs maladies dont le diabète. En tant que nutritionniste, quel est votre regard sur la question ? Ont-ils raison ?

Docteur Johnson : Avant de commencer à répondre à vos questions Mme, permettez-moi de vous remercier pour cette invitation qui m’honore (car je contribue à informer mes compatriotes, ce qui est très important dans notre monde actuel : l’information et la vraie) et de me présenter.

Je suis Dr Johnson Bernard, Directeur de la « Clinique Saint –Bernard UND/G » située sur le boulevard du Haho à Lomé, en face de la Pharmacie de l’Aéroport. Je suis médecin Diététicien, Nutritionniste, Diabétologue (pour la partie qui nous intéresse aujourd’hui), Gériatre, Médecin de Soins palliatifs, Médecin de Santé Publique et Communautaire…

Dans votre introduction, deux groupes de mots retiennent mon attention : Embonpoint et Repas trop copieux.

* Parler de l’embonpoint, c’est parler d’un corps bien en chair, un peu gras ou tout simplement parler de la surcharge pondérale, bref de l’obésité. Et, vous avez tout à fait raison. Dans nos sociétés, surtout africaines c’est un signe d’aisance et ou de bénédictions. Mais cette notion n’est pas vraie dans d’autres sociétés surtout occidentales européennes ou c’est plutôt une notion de pauvreté.

* Le repas copieux : est un repas en très grande quantité et souvent très riches (en gras, sucre, sel, alcool…). Et on peut reformuler votre introduction en disant que les repas trop copieux entrainent souvent un embonpoint (une obésité) par manque d’activité physique et cet embonpoint qu’on croit être un signe d’aisance et de bénédictions, est en fait à l’origine de certaines maladies dont le diabète.

Il n’y a pas d’équivoque là-dessus, vu l’évolution actuelle de la médecine et de la science. Je peux affirmer qu’ils ont raison : le déséquilibre nutritionnel en faveur de l’excès est connu et démontré comme cause de plusieurs maladies que nous appelons les maladies nutritionnelles.

On peut en citer quelques-unes des plus courantes : le diabète, l’obésité, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, l’hyper-uricémie, les cancers, l’ostéoporose, les AVC, les arthroses, le dysfonctionnement sexuel etc… et leurs complications. Il est aussi cause de l’augmentation de la morbi-mortalité …, et j’en passe.

Concrètement, que risque-t-on ?

Les personnes obèses risquent à court ou à long terme de développer l’une des maladies citées plus haut, la liste étant non exhaustive. Il faut comprendre qu’il y a plusieurs types d’obésités qu’on peut classer selon plusieurs critères. Ces types et critères permettent parfois de pronostiquer sur les types de maladies (à part l’obésité elle-même), sur les sévérités et les complications auxquelles on peut s’attendre.

L’obésité gynoïde est diagnostiquée lorsque l’excès de graissese se situe principalement au niveau des cuisses. C’est également ce qu’on appelle les « culottes de cheval » et cela touche tout particulièrement les femmes.

L’obésité androïde c’est lorsque l’excès de graissese situe principalement au niveau du ventre. On l’appelle également obésité abdominale.

Et d’autres classifications…

La classification à partir de l’IMC (indice de masse corporelle) ou on distingue le surpoids, l’obésité modéré, sévère, morbide ou hypermorbide) permet de pronostiquer sur le pronostic vital de l’obèse. Plus l’IMC est élevé, plus les complications sont graves et plus le pronostic vital de la personne est engagé.

Si on prend l’obésité gynoïde par exemple, on sait que ses complications sont plus d’ordre ostéo-articulaire (douleurs de genoux, lombaires, musculaire…) alors que l’obésité androïde entraine plus les complications cardio-respiratoire et abdominale …

Pour être un peu plus bref, ce qu’il faut comprendre quand on est en embonpoint, c’est qu’on se prédispose pour avoir certaines des maladies précitées. Le constat est que les obèses ont, plus que la population normale la « malchance » d’avoir une ou des maladies nutritionnelles citées plus haut.

L’incidence (ou le risque) de ces maladies est plus élevée chez les personnes obèses que chez les autres populations dites normo-pondérales. Ainsi les AVC, les problèmes hormonaux (dysthyroïdies…), les maladies cardiovasculaires (HTA, arythmies…) et pulmonaires (dyspnées, apnées du sommeil…), les affections abdominales telles que les problèmes hépatiques, rénales allant jusqu’aux insuffisantes hépatorénales, le diabète, l’hypercholestérolémie, l’hyper-uricémie, les hernies, les dyspepsies , les problèmes vésicaux, les problèmes de fertilité avec des hypogonadismes, hypertrophie de la prostate , dysfonctionnement érectile, ovaires poly kystiques, problèmes ostéo-articulaires, maladies cutanées (mycoses…).

Le diabète, c’est quoi exactement ?

Le diabète communément appelé communément chez nous « Souklé vivi ou adido vivi bé do » (maladie du sucre ou des urines sucrées) est cette maladie qui, grâce aux symptômes ou à une découverte fortuite conduit à mesurer le taux de sucre dans le sang (glycémie) qui va dépasser une limite acceptée en médecine. La limite de la glycémie acceptée de nos jours est de « 0,70 g/l à 1,25 g/l ». Cette limite est valable pour les enfants, les adultes et les personnes âgées. Dès lors que votre taux, après un certain nombre de mesures est supérieur ou égal à 1,26 g/l à jeun (le matin souvent) et à 2 g/l deux heures après le repas ou à n’importe quel moment de la journée, on peut vous considérer comme diabétique.

C’est une maladie chronique qui se déclare lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, ou lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. L’insuline est une hormone qui régule la glycémie.

Quelles en sont les causes ?

En médecine, il est difficile de citer toutes les causes d’une maladie. Je pense que le diabète n’en est pas une exception. Pour moi, la façon la plus facile d’aborder la question des causes du diabète est de considérer ces deux facteurs qui sont l’hérédité et l’environnement. Ceci permettra d’y mettre toutes les causes qu’on veut.

Le premier facteur, l’hérédité est ce qu’on a acquis de nos parents. Diabétique de parents à enfants, personne ne peut rien et il en sera ainsi pendant des générations. On a une prédisposition génétique au diabète. Certaines personnes pensent que c’est souvent le diabète de type I. Même si c’est souvent le cas, ce n’est pas toujours le cas. On peut avoir un diabète type I avec des parents parfaitement normaux sans diabète.

C’est le cas  d’un enfant qui nait avec un pancréas « défectueux »,  qui ne produit pas de  l’insuline. C’est une malformation qui s’est produite dans la vie embryonnaire ou fœtale de cet enfant. Donc il nait avec cette malformation qui n’a pas affecté sa mère ou son père. La cause, personne jamais ne nous le dira, car personne ne le sait réellement. Toutes les hypothèses seront émises mais nulle ne saura laquelle est vraie. Pour être encore plus vague, on parle de causes idiopathiques : qu’on ne connait pas.

Le diabète type II est aussi héréditaire. C’est ainsi que des enfants de parents diabétiques Types I ou II deviennent diabétique type II, dans leur vie d’adultes ou dans leur vieillesse.

Le deuxième facteur, c’est l’environnement. Cet environnement peut être interne ou externe.  Parlant de l’environnement externe, c’est ce diabète qu’on a acquis par nos comportements dans notre environnement, par notre façon de vivre et surtout ici, notre l’alimentation. On devient diabétique alors qu’on n’y était pas prédisposé. Ce type de diabète est essentiellement lié au mode de vie : surpoids, sédentarité, hypertension artérielle…à certaines autres maladies : infections bactériennes ou virales, certaines maladies immunologiques, certaines interventions chirurgicales (pour des raisons médicales par exemple un cancer) …

La nuance est qu’on peut avoir des parents diabétiques et ne pas être diabétique, avoir des parents non diabétiques et être diabétique. C’est là où on comprend mieux le rôle de l’environnement.

Nous avons appris qu’il en existe différents types, et que la qualité de l’alimentation joue un grand rôle. Pouvez-vous nous en dire plus ?

A vrai dire, on ne parle souvent que de deux types de diabète.

Le type I dit insulino-dépendant et le type II appelé insulino-non dépendant. Et cette classification est basée sur le traitement. Le type I veut dire qu’on a besoin forcément de l’insuline pour traiter et le type II, qu’on peut traiter sans insuline donc qu’on peut le traiter par des règles hygiéno-diététiques, des médicaments par voie orale ou injectable (autre que l’insuline). Je ne parle pas de guérison du diabète, mais de son traitement. Mais entre ces deux types, il y a une forme dite diabète insulino-réquérente (IR), qui est ce type de diabète qui, au départ est défini comme type II mais qui au fil du temps a besoin d’insuline et peut devenir carrément le type I. Donc le même patient est traité simultanément par des antidiabétiques oraux (ou/et injectables) et de l’insuline, et basculer carrément a l’insuline.

Dans la littérature on peut prouver aussi des Formes hybrides de diabète : le diabète auto-immun de développement lent et le diabète de type 2 cétosique (diabète africain). Cette forme est très intéressante car j’ai longtemps travaillé dessus, pour savoir pourquoi ce nom (africain ?) et pour connaitre la différence avec les autres diabètes.

Il se caractérise par des épisodes de cétose chez un patient présentant des symptômes d’hyperglycémie et de carence insulinique, mais, contrairement au diabète de type 1, le système immunitaire n’est pas impliqué. L’évolution ultérieure est semblable à celle du diabète de type 2, les patients pouvant se passer d’insuline une fois la phase aiguë jugulée.
Cette forme de diabète est majoritairement observée dans les populations africaines sub-sahariennes et afro-américaines (Diabète Africain).

Ce type de diabète est trompeur. J’ai vu sur certains réseaux sociaux, des gens proposer des médicaments pour la guérison totale du diabète. Je ne sais pas s’ils savent eux même ou les gens comprennent de quel type de diabète ils parlent. Faisons vraiment attention à ce qu’on dit, ce qu’on entend ou ce qu’on voit sur les réseaux sociaux.

Il n’y a pas de diabète de type africain, mais un diabète type II qui se manifeste autrement, ou on peut même dire que c’est un diabète type I qui se transforme en diabète type II (l’inverse du diabète insulino-réquérent dont on parlait plus haut). Ceux qui font ce type de diabète, peuvent rester longtemps sans traitement antidiabétique, mais à court ou à long terme vont refaire le diabète qui cette fois-ci peut être fatal ou s’installer durablement avec les traitements requis pour ça.

Autres types de diabète

1) Les diabètes monogéniques MODY (Maturity-Onset Diabetes of the Young) Chez l’enfant et l’adulte, des études de population ont montré que les diabètes monogéniques concernaient au moins 1 à 2 % de l’ensemble des diabètes

2) Les atteintes pancréatiques telles qu’un traumatisme, une chirurgie, une tumeur, une inflammation aiguë ou chronique du pancréas (pancréatite)…

3) Les désordres endocriniens avec sécrétion excessive d’hormones antagonistes de l’insuline (hyperthyroïdie, hypercorticisme, acromégalie, phéochromocytome, glucagonome…).

4) Les causes iatrogènes : médicaments ou substances chimiques qui altèrent la sécrétion ou l’action de l’insuline (cortisone par exemple) ou qui détruisent les cellules bêta pancréatiques.

5) Certaines infections virales associées à une destruction des cellules bêta (qui sécrètent l’insuline dans le pancréas).

6) Les formes spécifiques de diabète associées à des pathologies immunitaires rares.

7) Les autres anomalies chromosomiques ou génétiques associées au diabète (trisomie 21…)

8) Hyperglycémie diagnostiquée durant la grossesse

*Diabètes diagnostiqués au cours de la grossesse 

Quelles sont les tranches d’âges et les personnes susceptibles de faire cette maladie ?

Il n’y a pas de tranches d’âges pour le diabète. On peut être atteint de cette pathologie à n’importe quel âge de la vie: les nouveaux nés, les enfants, les adolescents, les adultes et les personnes âgées.

Pour plus de simplicité, on essaie comme partout en médecine, de mettre des tranches d’âges pour l’orientation des patients dans les services spécifiques pour de meilleure prise en charge. Des enfants jusqu’à 16-18 ans en service de diabétologie pédiatrique, les adultes en service de diabétologie pour adulte et les personnes âgées en gériatrie. Ces tranches d’âges permettent aussi de définir nos objectifs sur lesquels se base la prise en charge. En gériatrie par exemple une glycémie à jeun à 1.50 g/l chez un patient âgé ne nous effraie pas autant qu’un patient adulte ou jeune.

Comment sait-on si on est prédisposé ?

La réponse à cette question est un difficile. En parlant de prédisposition à une maladie, on pense d’abord à l’hérédité, donc à la part génétique dans l’apparition ou non de la maladie.

Cependant, il faut savoir que quelle que soit la part génétique dans la prédisposition à une maladie, les manifestations pathologiques ne peuvent survenir que si des facteurs déclenchants, aggravants, internes ou externes, viennent s’y ajouter. Ceci explique à peu près la notion d’environnement dont on parlait plus haut.

Déjà, quand on a un ou des parents diabétiques, on peut dire qu’on est prédisposé au diabète. Mais si on se rappelle des types de diabète (classification plus haut), dès qu’on a une des maladies précitées, on peut se dire aussi prédisposé au diabète. Ainsi une HTA, une obésité, une hypercholestérolémie, une maladie bactérienne ou virale, une opération sur le pancréas etc …peuvent prédisposer au diabète. Qu’on ne s’étonne pas qu’un hypertendu par exemple devienne un diabétique. Etc, etc…

Quels sont les symptômes ?

Il y a des signes qui d’emblée font penser au diabète et parfois le diabète est découvert fortuitement au cours d’un bilan. Ainsi peut-on penser au diabète devant les symptômes suivant, liste non exhaustive.

  1. Polydipsie (soif accrue)
  2. Polyphagie (faim accrue)
  3. Polyurie (urine fréquente)
  4. Amaigrissement important et fonte musculaire
  5. Fatigue et manque d’énergie

Si le diabète n’est pas vite pris en charge, d’autres signes peuvent apparaître :

  1. Douleurs abdominales, nausées et vomissements
  2. Perte d’appétit
  3. Somnolence
  4. Troubles de la vue
  5. Odeur fruitée de l’haleine
  6. Odeur anormale des urines
  7. Respiration rapide
  8. Infections cutanées fréquentes
  9. Troubles de la conscience…

Le déséquilibre hormonal provoqué par le diabète peut impacter la croissance du jeune patient. Il n’est pas rare de voir apparaître un ralentissement de la croissance, surtout lorsque le diabète apparaît avant la puberté ou dès le déclenchement de celle-ci. Il faut ajouter que la moitié des diabétiques dans nos régions ne savent même pas qu’ils sont diabétiques.

Est-ce qu’il y a des comportements à adopter pour l’éviter ?

Surement que oui, mais… aussi non.

Si on se réfère à tout ce qu’on a dit plus haut, on avait dit que le diabète peut être aussi héréditaire. Quel comportement adopter pour éviter une maladie héréditaire ? Il m’est difficile de répondre à cette partie de la question. Le diabète héréditaire génétique est très rare, mais dans des pays développés, des dons sont faits pour des recherches dans le domaine de la génétique pour pouvoir guérir des maladies génétiques. On a l’espoir qu’un jour ces recherches aboutirons et qu’on arrivera à guérir de ces maladies génétiques. On sait faire aujourd’hui des transplantations d’organes, faire de la thérapie génique, l’utilisation des cellules souches…

La médecine avance à grand pas et l’espoir est permis. Donc pour ces formes de diabète, malheureusement des comportements ne peuvent vraiment rien changer. Par contre on avait aussi parlé du rôle de l’environnement dans le diabète. Et c’est là qu’on peut parler de comportement pour éviter le diabète. Vous avez parlé au début de notre interview de l’embonpoint donc de l’obésité. Prenons alors l’obésité comme cause du diabète. Si on connait les causes de l’obésité (à part l’hérédité bien sûre) donc tout comportement permettant de lutter contre l’obésité permet automatiquement de lutter contre le diabète donc permet de l’éviter. Vous l’avez évoqué vous-même : les repas copieux et le manque d’activité physique…

L’obésité est un problème de santé publique, dans beaucoup de pays dans le monde et en particuliers les pays dits occidentaux. Sa prévention est devenue une priorité de santé publique.

Il est alors recommandé d’adopter au quotidien certains gestes :

-Pratiquer une activité sportive régulière : 30 à 45 minutes de sport par jour permettent de réduire les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète. Une pratique sportive plus soutenue peut-être nécessaire en cas de surpoids avéré. Pour les enfants, le temps d’activité devrait être d’au moins 1 heure par jour ;

 -Avoir une alimentation diversifiée et équilibrée ;

-Limiter sa consommation de graisses saturées ;

-Limiter sa consommation de sucres et de sel ; 

-Limiter sa consommation d’alcool ;

-Consommer des fruits et des légumes quotidiennement ; 

-Augmenter la consommation de calcium chez les enfants ;

-Suivre régulièrement l’évolution de la courbe de poids des enfants et des adolescents est un moyen de prévention contre l’obésité.

-Essayez de limiter le temps passé devant des écrans. En particulier, il faut savoir que la télévision n’est pas adaptée aux enfants de moins de trois ans, qui se développent mieux dans l’interaction avec leur entourage.

– Limiter le stress…

Est-il héréditaire?

Comme je l’ai déjà dit, oui le diabète est aussi malheureusement héréditaire.

Le poids de l’hérédité diffère selon qu’il s’agit du diabète de type 1 ou du diabète de type 2. Lorsque l’un des deux parents est diabétique de type 2, le risque de transmission à la descendance est de l’ordre de 40 % et si les deux parents sont atteints, le risque grimpe à 70-80 %. Et on le dit aussi, les femmes transmettent plus le diabète à leurs progénitures que les hommes.

L’héritage génétique augmente le risque de devenir diabétique, mais ne suffit pas à lui seul. En présence de cette prédisposition génétique, son apparition est provoquée par des facteurs de risque environnementaux, dont les principaux sont la sédentarité et une alimentation trop riche en sucre et en graisse, EN SEL …

Que faire lorsqu’on est atteint ?

Quand on est atteint de diabète, c’est que le diagnostic a été posé par un médecin ou quelqu’un qui s’y connait en médecine. Pour moi la première chose à faire, il faut faire confiance à cette personne et se laisser traiter par elle. Le traitement du diabète n’est pas seulement médicamenteux. Le traitement du diabète dépend tout d’abord du type de diabète. Le diabète de type 1 nécessite en général un traitement par insuline à vie, vu l’absence de traitement curatif à ce jour.

Pour le diabète de type 2 cela dépend de son origine mais aussi du moment où le patient est diagnostiqué. Si celui-ci est pris en charge tôt, un traitement initial par des règles hygiéno-diététiques – régime, entrainement sportif, perte de poids – peut être suffisant pour faire disparaître l’hyperglycémie. Dans les autres cas, un traitement médicamenteux est rajouté aux règles hygiéno-diététiques pour permettre la bonne maîtrise de la maladie. Et malheureusement on peut aussi fait recours à l’insuline.

Quand on est atteint du diabète, il faut se faire traiter par un médecin ou un agent de santé (qui s’y connait honnêtement), et suivre ses conseils et ses orientations. En cas de complication, ils savent vers quel collègue nous envoyer. Par exemple ils savent quand et pourquoi il faut aller chez le diabétologue, le cardiologue, le néphrologue, l’ophtalmologiste, le dentiste…  Il existe des associations de diabète qu’il faut intégrer et bénéficier de leur savoir-faire et conseils (concernant le diabète).

De façon générale, peut-on en guérir ? Comment ?

Le diabète n’est pas, a priori, une maladie qui se guérit. Mais tout dépend de votre diabète. Quand on souffre de diabète de type 2 et que l’on est en surpoids important, la perte de poids peut parfois normaliser la glycémie. Guérison possible ou pas, tout dépend de la cause et de la capacité médicale (scientifique) à l’éradiquer.                                          

Par exemple.

*Dans les atteintes pancréatiques telles qu’un traumatisme, une chirurgie, une tumeur, une inflammation aiguë ou chronique du pancréas (pancréatite)… Le diabète disparaitra dès que le problème sera résolu. Mais force est de constater que dans la plupart des cas, même si les causes ont été retrouvées et éradiquées le diabète persiste. Pourquoi ??? « That is the question ? » dira-t-on.

Pour répondre plus court et plus simplement, dans la majorité des cas, on ne guérit pas totalement du diabète, mais cette réponse est nuancée.

Quelles sont les statistiques au plan national (à peu près)?

La prévalence du diabète au Togo (tout type confondu) était de 2,6 % en 2010. Cette prévalence était croissante avec l’âge (p value) et plus élevée chez les hommes que chez les femmes avec respectivement 3,5 % et 1,8 % (p value). Après 13 ans cette prévalence n’a pas vraiment changée.

Les statistiques disponibles sur le diabète en Afrique témoignent de l’ampleur du défi à relever. En effet, 24 millions d’adultes vivent actuellement avec le diabète et l’on estime que ce nombre devrait augmenter de 129 % pour s’établir à 55 millions d’adultes d’ici à 2045. Le diabète sucré a provoqué 416 000 décès sur le continent l’année écoulée et devrait devenir l’une des principales causes de mortalité en Afrique d’ici à 2030.

Quels conseils à l’endroit des populations ?

J’ai deux formules qui sont importantes à adresser à la population. La première, est d’ordre général pour toutes les maladies et la seconde, spécifique au diabète

La première : « Mieux vaut prévenir que guérir » est d’une importance capitale mais malheureusement tout le monde le dit et le sait, mais personne n’agit ou on agit trop peu ou trop mollement pour lui donner sa pleine valeur. Dans le cas du diabète, vous avez vu les précisions pour l’Afrique qui sont aussi valables pour le Togo ? Cette maladie fait des dégâts et en fera encore plus dans les années à venir. Pour l’éviter essayons d’adopter les bons comportements (ou les bons réflexes) à partir d’aujourd’hui. Et ce n’est pas le travail d’une seule personne, mais un travail collectif qui inclut le gouvernement par le ministère de la santé, les médias, et la population elle-même.

La deuxième formule, c’est qu’il faut se rappeler que le diabète, même considéré comme maladie héréditaire ou génétique ne peut se manifester que s’il y a des facteurs environnementaux. Donc il faut comprendre que ce n’est pas une fatalité. Avoir des parents diabétiques ne signifie pas qu’on sera forcément diabétique. La combinaison de ces deux formules permettra de mieux penser au diabète et à ses complications. Les conseils sont simples.

La prévention du diabète repose sur l’éducation nutritionnelle, une amélioration de l’hygiène de vie (activité physique régulière, alimentation équilibrée réduite en graisses, en sucres, et sel et alcool  réduction pondérale) et le maintien dans le temps de tels comportements réducteurs.

Quelques conseils nutritionnels minimums

*faire 3 repas par jour (ne pas sauter de repas), prendre le temps de manger assis à table, éviter le grignotage, diversifier les repas ;

*diminuer la ration énergétique en choisissant une alimentation de densité énergétique moindre (fruits, légumes) et/ou un contrôle de la taille des portions (notamment en ce qui concerne les féculents) ;

*consommer à chaque repas de tout mais en quantité adaptée (fruits et légumes/pains, céréales, féculents et légumes secs/lait et produits laitiers/viande, poissons et œufs/eau) ;

*privilégier les aliments bénéfiques à notre santé (fruits, légumes, féculents de préférence complets, poissons, …), aliments riches en fibres, vitamines, minéraux et protéines de bonne qualité ;

*limiter la consommation d’aliments à forte densité énergétique riches en graisses (fritures, frites, chips, beignets), en sel (gâteaux apéritifs, chips …) ou en sucres (pâtisseries, glaces, viennoiseries, confiseries, jus de fruits, sodas, spécialités laitières, boissons énergisantes, boissons alcoolisées, confitures, miel) et alcool.

 Exemple d’une assiette équilibrée

*1/2 assiette occupée par des légumes ;

*1/4 de l’assiette occupée par des féculents ;

*1/4 de l’assiette occupée par de la viande ou du poisson ou des œufs (*VPO). Pour compléter le repas

*±1 laitage

*±1 fruit

La combinaison d’un bon équilibre physique et alimentaire permet de gagner une grande partie de cette bataille contre le diabète. A ceci, on peut ajouter la lutte contre le stress, le tabagisme, l’alcoolisme…

Quand on a le diabète,  il faut se tourner vers les spécialistes (médecins ou/ et  spécialistes diabétologues et des associations de diabète qui vous soigneront et vous conseilleront mieux que quiconque. FIN

Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE