Rôle crucial du département d’anatomie pathologique du CHU SO dans le dépistage des différents types de cancers au Togo : Prof Koffi Amegbor donne des précisions (Interview)

Prof Koffi Amegbor

Défini comme une maladie provoquée par une cellule initialement normale mais dont le fonctionnement se dérègle et la transforme, le cancer est l’une des maladies modernes les plus meurtrières dans le monde. La cellule touchée se multiplie et se propage de façon excessive mettant à mal le bon fonctionnement de l’organisme.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), chaque année, l’Afrique enregistre environ 1,1 million de nouveaux cas de cancer, et jusqu’à 700 000 décès des suites de cette maladie. Le cancer du sein, tout comme les cancers du col de l’utérus, de la prostate, du foie et colorectal, concentrent près de la moitié des nouveaux cas de cancer recensés sur le continent chaque année.

Les enfants sont également touchés de manière inéquitable. Sur plus de 400 000 enfants diagnostiqués chaque année d’un cancer dans le monde, environ 90 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Les taux de survie sont très bas, à 20 % ou moins dans les pays africains, contre plus de 80 % dans les pays développés.

Plusieurs spécialités de la médecine sont impliquées aussi bien dans le diagnostic que dans la prise en charge des patients atteints du cancer. Au Togo et plus précisément au CHU Sylvanus Olympio (CHU SO) à Lomé, Prof Koffi Amegbor (anatomopathologiste) nous parle de son département : Service d’anatomie pathologique.

Savoir News : Quel est le rôle ou la mission du service d’anatomie pathologique du CHU Sylvanus Olympio ?

Prof Koffi Amegbor : L’anatomie pathologique est une discipline médicale et un laboratoire, mais c’est un peu différent des autres laboratoires de biologie médicale qui travaillent plus sur le sang. Ici, dans notre laboratoire, nous travaillons sur des cellules, des tissus et des organes prélevés aussi bien sur le sujet vivant que sur le sujet décédé avec pour finalité de voir de quoi la personne souffre ou de quoi la personne est décédée.

Pourquoi travailler sur ces cellules, tissus ou organes prélevés ?

Une fois qu’une personne a un nodule dans le sein, des problèmes au niveau de la prostate ou des pertes anormales au niveau des organes génitaux, il est important de savoir de quoi la personne souffre. Si nous prenons le cas de nodule dans le sein, il s’agit de plusieurs choses et donc le chirurgien va envoyer ce nodule vers nous pour savoir de quoi il s’agit. Et c’est seulement à notre niveau qu’on pourra dire que c’est un nodule banal ou c’est quelque chose de plus grave notamment, le cancer qui est un véritable fléau de nos jours.

Quels types de prélèvements ou d’organes vous recevez à votre niveau ?

Nous recevons des prélèvements de plusieurs tailles allant des biopsies de petites tailles jusqu’au grosses pièces pouvant atteindre plusieurs kilogrammes notamment les utérus prélevés chez les femmes. Chez l’homme, les prélèvements sur lesquels nous travaillons le plus sont les biopsies de la prostate parce qu’avec l’âge, il y a la prostate qui commence par prendre d’autres formes. Nous allons donc prélever un peu de cette prostate pour l’examiner et voir si c’est une hypertrophie bénigne ou si c’est un cancer de la prostate. Tous les organes humains peuvent être prélevés et amenés à notre niveau.

Pourquoi travaillez-vous aussi sur les morts ?

L’autopsie est également une branche de l’anatomie pathologique. Nous prélevons des organes que nous regardons au microscope pour savoir de quoi la personne est décédée : c’est l’autopsie médicale. Mais, il y a également des autopsies médico-légales ou le prélèvement est fait par le médecin légiste et cette autopsie est demandée au niveau de la justice.

Vous travaillez uniquement sur des prélèvements faits au CHU Sylvanus Olympio ?

Pas du tout, nous recevons des prélèvements de tous les hôpitaux du Togo. FIN

Propos recueillis par YIBOKOU-MENSAH A.