Education: De grands efforts font grimper le taux de scolarisation des filles au Togo

Remise d'ordinateurs aux quatre meilleures jeunes filles d'un établissement en janvier 2023

Le taux moyen de scolarisation des filles est estimé à 50% en 2022 dans les établissements scolaires et dans les universités au Togo, selon les statistiques officiels. Ces dernières années, le nombre de filles qui abandonnent les écoles ne cesse de diminuer, en raison de la politique nationale basée sur un système éducatif plus équitable en faveur des filles.

« Les mesures mises en œuvre par le gouvernement, portent leurs fruits et nous espérons avoir encore de meilleurs résultats dans les années à venir », a souligné Adjovi Lolonyo Apédoh-Anakoma, ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation.

« Au Togo, plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement et ses mesures sont traduites dans les faits à travers des programmes et projets qui sont mis en œuvre en partenariat avec les différents acteurs pour promouvoir l’éducation de la jeune fille. Nous avons eu la réduction des frais de scolarité des jeunes filles par rapport aux garçons. Les filles ont commencé par payer 2/3 du montant que payaient les garçons. Nous avons eu la suppression des différents frais aux examens et plus tard, la suppression totale des frais de scolarité jusqu’à ce jour », a-t-elle énuméré.

Ainsi, a poursuivi la ministre, « le taux brut de scolarisation au cours primaire est de 114% pour les filles et 117% pour les garçons : la parité est presqu’atteinte. Au secondaire 1, nous avons 72,9% de filles contre 81,25% de garçons. Au secondaire 2, 28,6% pour les filles contre 40,5% pour les garçons ».

« Les résultats du BAC 2 de l’année 2022, indiquent que le taux réussite des filles est 70,9% contre 83,5% pour les garçons en série C et 64,22% pour les filles contre 69,52% pour les garçons en série D. 74,9% pour les filles contre 73,5% pour les garçons en série A », a ajouté Mme Apédoh-Anakoma.

La fille ou la femme n’est pas un sexe faible

« La fille ou la femme n’est pas un sexe faible. C’est un des points majeurs de la politique nationale liée au développement du capital humain », a laissé entendre le ministre des enseignements primaire, secondaire et technique Komla Dodzi Kokoroko.

« Dans un contexte où l’éducation de qualité constitue le catalyseur du développement, le gouvernement togolais poursuit résolument sa mission d’amélioration de l’accès à une éducation de qualité pour tous », a-t-il précisé.

Grâce aux efforts fournis par le gouvernement, le Togo a fait un grand bond vers la scolarisation universelle en améliorant sensiblement le taux d’accès à l’école jusqu’à atteindre un pic de 94,3%.

Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le pays occupe le premier rang en termes de taux d’achèvement de l’école primaire, soit 89%.

Selon un rapport de l’Unicef publiée en 2022, dans le préscolaire, le taux de scolarisation a atteint 42%, au cycle primaire, le taux brut de scolarisation demeure élevé (119,5%) avec une quasi-parité filles-garçons alors que le taux brut de scolarisation de l’enseignement secondaire (1er cycle) est estimé 76,6% (81,9% pour les garçons et 71,4% pour les filles) et celui du secondaire 2ème cycle 35,2 % (42,3% pour les garçons et 28,3 % pour les filles).

A l’Université et de Lomé et à l’Université de Kara (environ 420 km au nord de Lomé) – les deux universités publiques du Togo – 96 451 étudiants se sont inscrits pour le compte de l’année 2021-2022. Et les filles représentent plus de 36% de l’effectif.

Ces résultats sont le fruit de plusieurs réformes et mesures initiées ces dernières années par les autorités.

La gratuité de scolarité dans les écoles publiques

La politique de gratuité de la scolarité dans les écoles publiques est l’une des mesures déployées par l’exécutif, dans le cadre de ses actions de renforcement de la résilience des populations. Ainsi, en octobre 2008, le gouvernement avait décrété la gratuité de l’école publique dans le préscolaire et le primaire. Cette mesure a été étendue au collèges et lycées depuis 2021. Ces frais varient entre 6.000 et 12.500 francs CFA.

« C’est un grand soulagement. Tous mes enfants vont à l’école publique. Je ne paie pas les frais de scolarité. J’imagine la somme que l’allait débourser chaque année, si ces frais n’avaient pas été supprimés par le gouvernement. J’avoue que certains de mes enfants seraient déjà dans des centres d’apprentissage. Car, je n’aurais pas les moyens », avoue Kossigan Adiangan, couturier et père de 8 ans.  

Les cantines scolaires dans les primaires

L’instauration des cantines scolaires fait ses preuves dans les zones bénéficiaires du pays. Au titre de l’année scolaire 2021-2022, les cantines scolaires ont touché 1.121 écoles primaires publiques du Togo avec 17.867.144 repas chauds offerts à 182.028 élèves, dont 87 941 filles. La somme de 1,78 milliard de F.CFA a été mobilisé grâce à une subvention de l’Etat et des dons volontaires des opérateurs économiques, auxquels s’ajoutent les contributions des communautés elles-mêmes. Et comme résultats, le taux d’inscription des élèves en général et en particulier celui des filles dans les milieux touchés a augmenté. Ces cantines scolaires ont permis une augmentation de l’effectif scolaire d’environ 10% dans les écoles bénéficiaires contre 7% dans les écoles non bénéficiaires avec une augmentation de l’effectif des filles.

« Ces cantines scolaires ont pratiquement mis fin à une discrimination que font souvent les parents, surtout dans les milieux ruraux, en envoyant seulement les garçons à l’école. Dans certaines localités du pays, le taux de scolarisation des filles est supérieur à celui des garçons. En plus, les enfants sont maintenus à l’école », a témoigné Mme Kafui Houfanda, institutrice dans une école dans le canton de Gapé-centre, localité située à environ 40 km au nord de Lomé.

Dans certaines écoles, l’instauration des cantines scolaires, a fait doubler le taux d’inscription des élèves, surtout des filles. Le gouvernement compte attendre 300.000 élèves bénéficiaires de ces repas à l’horizon 2025.

Mme Myriam Dossou, visitant une cantine scolaire à l’Ecole Primaire Publique Atakpamédé-Centre, dans la préfecture de Yoto

« Dans le souci d’assurer un financement durable de la fourniture des repas scolaires, le gouvernement s’est engagé dans la diversification des sources de financement. Il a ainsi introduit les contributions communautaires et entré en contact avec des opérateurs économiques nationaux. Par ailleurs, une autre innovation du programme, c’est l’introduction et l’exploitation par certaines écoles de jardins potagers qui renforcent la capacité de mobilisation des contributions communautaires en approvisionnant en légumes et céréales les mamans-cantines », a confié Mme Myriam Dossou, ministre du développement à la base, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes.

Promouvoir l’excellence académique de la jeune fille

Depuis 2017, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Togo a lancé un programme visant à promouvoir l’excellence académique et le leadership chez les jeunes filles togolaises. Ainsi, les meilleures filles au BAC II de toutes les régions du Togo. Chaque année, une soixantaine de filles reçoivent chacune un ordinateur portable et des accessoires.

Par ailleurs, le ministère des enseignements primaire, secondaire et technique, priment également les quatre meilleures jeunes filles de chaque établissement. Chaque élève reçoit un ordinateur portable au titre de la « promotion de l’éducation de la jeune fille en milieu scolaire et de l’excellence ».

Des meilleures élèves filles au BAC II, primées en février 2022 par le PNUD

Lutte contre les violences et grossesses en milieu scolaire

Les grossesses en milieu scolaires constituent l’un des facteurs qui freinent l’éducation des jeunes au Togo. Ces grossesses se soldent le plus souvent par une déperdition scolaire et, au pire des cas, par des invalidités ou des pertes en vies humaines, souvent causées par des avortements provoqués et pratiqués dans des conditions qui mettent la vie humaine en danger. Ce phénomène touche également des pays de la sous-région. Selon les chiffres du ministère des enseignements primaire et secondaire du Togo, le nombre de grossesses d’élèves adolescentes est passé de 3036 à 3343 entre l’année académique 2015-2016 et 2017-2018.

Pour l’année scolaire 2022-2023, le pays a enregistré 2.474 cas de grossesses en milieu scolaire, chiffre en baisse, suite aux campagnes menées le gouvernement en mars 2022 dans certains établissements scolaires sous le thème : « sensibilisation à l’excellence académique de la jeune fille et mise en place des cellules de veille sur la prévention des grossesses en milieu scolaire ».

Plusieurs ONG se sont également lancées dans la lutte, à travers des sensibilisations.

Par ailleurs, l’Assemblée nationale a adopté en décembre 2022, une loi sur la protection des apprenants contre les violences à caractère sexuel.

Constitué de 41 articles, le texte vient intensifier les mécanismes de prévention des violences subies par les jeunes filles dans le milieu éducatif notamment l’atteinte à l’intimité, le harcèlement sexuel, la pédophilie, la séquestration, le viol puis protège et accompagne les victimes.

Ainsi, pour une grossesse par exemple, l’auteur encoure une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende allant de 1 million à 5 millions de francs CFA si l’apprenant à 16 ans et plus. Le double de la peine lui sera infligée si la victime a moins de 16 ans.

Les députés togolais lors du vote de la loi sur la protection des apprenants contre les violences à caractère sexuel.

Ce texte vient renforcer les dispositions de la loi portant code de l’enfant et celles portant nouveau code pénal. « La protection de l’enfance est au cœur de la République. Il s’agit pour le président Faure Gnassingbé de garantir à chaque enfant de la république, les mêmes chances et les mêmes droits », a expliqué Dodzi Komla Kokoroko, ministre des enseignements primaire, secondaire technique.

Programme d’excellence pour les femmes en Afrique

Le Programme d’excellence pour les femmes en Afrique (PEFA), est l’une des initiatives portées par le chef de l’Etat togolais pour promouvoir l’excellence au sein de la gent féminine togolaise. Le Togo est d’ailleurs le premier pays où ce programme d’envergure continentale a été lancé en mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Le programme a déjà enrôlé 120 jeunes femmes dont 60 en cours d’insertion dans le secteur privé et public et 60 en formation. Ces bénéficiaires ont été sélectionnées après des tests écrits et interviews sur la base de quatre critères que sont les compétences analytiques et logiques, la pensée structurée, la clarté de la communication et le potentiel de leadership.

En plus de ces critères, toute femme aspirante doit être âgée de 20 à 30 ans, avoir au minimum la licence ou être inscrite dans un programme de licence 3 des universités du Togo. Les jeunes femmes diplômées d’une licence ou d’un master, sans emploi et non inscrites dans un programme universitaire sont aussi fortement encouragées à postuler.

Les formations dispensées sont spécifiques et demandent une disponibilité d’un minimum d’une journée et de 15 heures par semaine pendant la durée du programme et pour un stage à temps pleins de 2 à 4 mois avec un partenaire.

Le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, avec des filles de la deuxième promotion du PEFA

A la fin de leur formation, les bénéficiaires de ce programme totalement gratuit sont mises à la disposition de différentes institutions du secteur privé ou public ou encore à leur propre compte. Ainsi, elles pourront co-porter le développement socioéconomique du Togo avec leur talent et les connaissances acquises.

« Il est question d’apporter de l’innovation, une touche neuve aux questions de résolution des problèmes, de transformation structurelle et productivité dans les secteurs à fort potentiel, bien évidemment apprendre des aînés qui sont sur le terrain. Je suis honoré et j’ai hâte de travailler dans mon ministère d’attache. Je remercie le chef de l’État pour cette noble initiative qui met la jeunesse togolaise au centre du développement économique et social de notre pays », avait déclaré une nouvelle recrue, lors de la sortie de la troisième promotion du Programme en juin 2023.

Réduction de la durée d’initiation des filles dans les couvents du vaudou

La période d’initiation des jeunes filles dans les couvents a été totalement réduite. Avant, beaucoup d’enfants notamment les filles, passaient tout leur temps dans des couvents. Depuis quelques années, l’Etat togolais a pu convaincre les prêtres vaudou à limiter le temps passé par ces enfants dans les couvents, afin de leur permettre d’aller à l’école. Plusieurs tractations ont été menées entre gouvernement, prêtres vaudou, chefs traditionnels et organisations de la société civile pour trouver un terrain. Ainsi, la durée d’initiation dans les couvents ne doit pas excéder 45 jours et les initiations ne sont autorisées que pendant les vacances : telle est la décision prise par la Fédération Nationale des Cultes Vodous du Togo (FCNVT).

Selon cette Fédération, cette mesure vise à « donner la chance aux enfants des couvents d’avoir les mêmes possibilités de réussite scolaires que les autres enfants et aussi d’améliorer la pratique des cultes vodou au Togo ».

« C’est une pratique qui faisait pas du bien à nos filles. Entre-temps, on n’avait emmené des filles très âgées pour les inscrire, parce qu’elles ont passé tout leur temps au couvent.

Une enfant initiée au culte vaudou

Elles ont perdu beaucoup de temps. Depuis que je suis arrivé dans cette zone, les choses évoluent dans le bon sens », s’est réjouie Eliane Figandji, directrice d’école à Tabligbo.

Beaucoup reste encore à faire

Mais malgré ces actions menées par le gouvernement pour la scolarisation des filles au Togo, beaucoup restent encore à faire pour atteindre le taux de parité garçons-filles au Togo.

Les filles rencontrent de nombreuses barrières à leur émancipation : ressources économiques limitées des familles, stéréotypes de genre, accessibilité des services éducatifs. Le programme PAREC, mis en place par l’ONG Plan International France, agit au Togo pour contribuer à l’émancipation des filles et développer la scolarisation au collège.

PAREC est un programme qui vise à promouvoir l’éducation au collège en partenariat avec le ministère des enseignements primaire et secondaire togolais. Le programme comprend la construction d’infrastructures et équipements (salles de classes, toilettes, forages pour l’accès à l’eau, équipements sportifs…) et des activités de sensibilisation et de formation des enseignants, parents et élèves sur les questions de violences de genre en milieu scolaire, les grossesses précoces, la masculinité positive et la gestion des menstruations. Des guides de sensibilisation sur l’orientation scolaire à l’intention des acteurs et actrices de terrain sont également produits.

Emile KOUTON