Mieux cerner les concepts de l’extractivisme, l’impunité des multinationales et la justice climatique en Afrique : Des journalistes bien aguerris à Lomé

Des journalistes, lors de l'atelier

Un atelier de formation et de sensibilisation a tenu en haleine l’Association Togolaise des Journalistes Engagés sur l’Environnement (ATJ2E) sur l’extractivisme, l’impunité des multinationales et la justice climatique en Afrique.

Une vingtaine de journalistes ont pris part à cette formation, organisée en collaboration avec le Centre de Justice Environnementale-Togo (CJE-Togo).

Organisation de la société civile, la CJE-Togo s’assigne la mission « de mobiliser les communautés et les peuples affectés par l’extractivisme pour défendre leurs droits et trouver des alternatives justes aux problèmes auxquels ils sont confrontés », a précisé son directeur exécutif et formateur Kwami Kpondzo.

Cet atelier avait pour finalité de montrer la face cachée de l’extractivisme, cette activité qui consiste à extraire d’importantes quantités de ressources naturelles telles que les végétaux, les combustibles fossiles, les métaux en vue principalement de l’exportation.

Souvent présenté comme moteur de croissance économique et aubaine pour les localités environnantes, l’extractivisme entraîne la pollution de l’eau, de l’air, du sol, la perte de la biodiversité, le changement climatique, etc.

« Les changements climatiques ont fait qu’aujourd’hui, nous n’avons plus une saison propre et stable. C’est rare pour nous de mener des activités rentables autant que les années précédentes. Nous n’arrivons plus à répondre à la demande en produits protéines tels que le poisson », a déploré Derman Adam, Secrétaire général du Syndicat national des pêcheurs du Togo, participant à cet atelier.

Les conséquences de l’extractivisme vont jusqu’à la dégradation de la santé humaine, la perte des terres et des moyens de subsistance pour les communautés locales.

La localité de Hahotoé et ses environs où se déroule l’extraction du phosphate a été citée en guise d’illustration. Dépossédés de leurs terres arables contre de faibles revenus, la plupart des autochtones vivent dans l’indigence dans un environnement permanemment pollué.

«Une récente étude en 2021 dans les sites miniers de phosphate à Kpogamé a révélé la présence de la radioactivité d’une série d’échantillons de sol de résidus de phosphates prélevés (Hazou et Patchali, 2021)», a rappelé Dr Fida de la CJE-Togo.

Ce phénomène pose des problèmes d’injustices graves vis-à-vis des populations.

« C’est une violation des droits fondamentaux : le droit à vivre dans un environnement sain, le droit à l’habitation, le droit à l’alimentation saine. Il convient de lutter en dénonçant ces injustices, en concevant des programmes de sensibilisation, pour que les citoyens puissent comprendre le bien-fondé de la revendication de ces droits fondamentaux. Une fois que nous arrivons à sécuriser ces droits, nous parvenons à la justice environnementale », a précisé M. Kwami Kpondzo. 

La séance de travail a donné lieu à des débats animés et des travaux en carrefours pour examiner de manière critique, la question et identifier des actions à entreprendre pour mettre la profession de journaliste au service de la promotion de la justice environnementale. 

Pour Hector Nammangue, président l’Association togolaise des journalistes engagés sur l’environnement (ATJ2E), cet atelier constitue une « interpellation adressée aux journalistes à faire beaucoup plus de productions sur la question de justice environnementale pour accompagner les communautés qui souffrent cruellement des effets des changements climatiques ». FIN 

Jean-Baptiste TAKOUMA