Niger : des putschistes face à la pression, relations tendues

Les menaces qui pèsent sur le Niger sont très graves, l‘extrémisme djihadistes pourrait aussi gagner du terrain, estime une analyste de la situation.

« L’enjeu est régional : toute déstabilisation politique aiderait les djihadistes à progresser à un moment donné … Et le Niger est un point central pour le djihadisme, à utiliser à partir du Mali, du Burkina Faso ou même de la Lybie », Selon Lauriane Devoize (chargée de cours à l’European Council on Foreign Relations).

« Le Niger est un allié clé pour tous les Européens impliqués dans le Sehal. L’Allemagne est présente, la Belgique, l’Italie… Et ce qui est intéressant au Niger, c’est qu’il représente aussi ce que l’Union européenne veut faire avec l’Afrique sur ces défis. »

Des relations tendues

Notons que depuis le coup d’Etat du 26 juillet, les relations entre Paris et Niamey se sont dégradées.

Les putschistes de Niamey ont limogé quatre ambassadeurs nigériens dont celui de Paris. Dans la même déclaration, le général Abdourahamane Tiani a annoncé avoir annulé les accords militaires concernant le stationnement au Niger des 1 500 soldats français.

La France a rapatrié 577 de ses ressortissants, mais l’évacuation de ses soldats n’est pas prévue.

Pierre Gaudillière (porte-parole de l’armée française) a déclaré mercredi que toute coopération avec le Niger dans les domaines de l’aide au développement, de l’aide financière et des partenariats militaires était suspendue jusqu’à nouvel ordre.

Selon le colonel Pierre Gaudillière ces accords conclus avec autorités démocratiquement élues et inscrits dans la mission principale du déploiement français, sont particulièrement efficaces dans la lutte contre le terrorisme. Ils restent suspendus tant que ces autorités n’étaient pas au pouvoir.

Des chaînes françaises suspendues

Par ailleurs, Paris condamne la suspension de Radio France internationale (RFI) et la chaîne France 24, inaccessibles depuis jeudi après-midi. Les signaux des deux stations ont été coupés « sur instructions des nouvelles autorités militaires« , a indiqué à l’AFP un haut fonctionnaire nigérien.

Pour le groupe France Médias Monde il s’agit d’une « décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal » une semaine après le coup d’Etat.

« Au Niger, les mesures prises contre la presse s’inscrivent dans un contexte de répression autoritaire conduite par les auteurs de la tentative du coup d’Etat », dénonce le ministère français des Affaires étrangères dans son communiqué.

« Après avoir pris en otage le président élu de la République du Niger, ils se livrent à une campagne d’arrestations arbitraires contre les représentants démocratiques », affirme le Quai d’Orsay dans ce communiqué, ajoutant : « La France condamne ces violations graves des libertés fondamentales ».

Par contre, le général Abdourahamane Tiani (qui a pris le pouvoir à la tête de militaires putschistes) a affirmé qu’il n’y avait pas eu d’arrestations à la suite du putsch, et que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) s’était « abstenu de toute action répressive ».

Rappelons que 577 ressortissants Français ont été rapatriés. De leur côté, les Etats-Unis ont ordonné mercredi, l’évacuation de leur personnel non essentiel à l’ambassade à Niamey.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a menacé de recourir à la force pour rétablir Bazoum au pouvoir, mais Bamako et Ouagadougou se sont rangés du côté des putschistes, avertissant qu’ils considéreraient toute intervention comme un acte de guerre. Des manifestants étaient dans les rues, pour soutenir les putschistes.

Fin de l’ultimatum le 6 août, les putschistes menacent

Notons que la délégation conduite par l’ancien président du Nigeria Abdulsalami Abubakar qui devait présenter au nouvel homme fort du Niger, les exigences de l’organisation régionale pour une sortie de crise, n’a pu rencontrer les putschistes.

L’ultimatum fixé par la CEDEAO expire dimanche. Mais les militaires nigériens ont annoncé jeudi qu’ils riposteraient « immédiatement » en cas d' »agression ou tentative d’agression » contre leur pays par la CEDEAO. 

Bazoum appelle à l’aide

Plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à intervenir si l’ultimatum n’est pas respecté dimanche.

« J’appelle le gouvernement américain et l’ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel », s’est exprimé Mohamed Bazoum, première déclaration publique  depuis son renversement. FIN

Source : AFP