Bouraïma Tchaboré (journaliste togolais) : « Les abeilles pour moi, c’est toute une école »

On apprécie bien manger les produits de la ruche, mais beaucoup ignorent tout des abeilles et de leur importance pour la vie. Il existe des milliers d’espèces d’abeilles dont celles qui produisent le miel, ce nectar au goût spécial. Pour en savoir plus sur les abeilles, nous avons tendu notre micro à Bouraïma Tchaboré, Journaliste togolais, qui s’est lancé dans l’apiculture, bientôt deux ans.

Savoir News : Bouraïma Tchaboré, vous êtes journaliste, directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Messager » et aussi ami des abeilles. Comment est née cette passion ?

Bouraima Tchaboré : L’apiculture est pour moi, une opportunité car, je dispose d’une plantation de plusieurs hectares d’anacardes. Je me suis engagé dans l’élevage d’abeilles, sur le conseil d’un technicien qui m’a dit que l’apiculture stimule la pollinisation et donc la productivité. Je me suis donc lancé dans cet élevage, avec l’aide de mon épouse. Nous nous sommes formés sur la pratique, les réseaux sociaux nous ont également beaucoup aidés.

J’ai beaucoup appris sur ces insectes et leur importance pour notre survie. Aujourd’hui, les abeilles pour moi, c’est toute une école. Elles travaillent sans relâche à collecter le nectar, de fleur en fleur pour produire du miel et bien d’autres produits que nous appelons des alicaments car, thérapeutiques. J’en suis un grand consommateur. Et depuis, je m’occupe des abeilles et elles me récompensent.

Combien de litres de miel produisez-vous par an ?

Lorsqu’on prend bien soin des abeilles, lorsqu’une ruche est bien colonisée, on peut récolter en moyenne 13 litres de miel par ruche et sur deux saisons par an. C’est une source importante de revenus. Mais il n’y a pas que du miel dans l’apiculture. Nous avons le pollen, la propolis, la gelée royale, la cire, … tous bienfaisants pour l’homme et sans effet négatif sur la nature, même la piqûre de l’abeille est bienfaisante.

Il faut noter que les abeilles sont des insectes qui boivent beaucoup et il faut s’en assurer, si l’on veut bénéficier de leurs produits. En moins de deux ans, nous avons aujourd’hui, plus d’une centaine de ruches. Nous produisons le miel d’acajou, celui de Karité et aussi un autre, que nous appelons « Mille fleurs » parce qu’il est issu de plusieurs essences florales, c’est un parfum spécial.


On entend souvent dire que sans les abeilles, nous ne survivront pas… En quoi ces insectes sont cruciaux pour l’homme et pour la planète ?

Les abeilles sont connues, non seulement pour leur production de miel, mais aussi de tout ce que nous mangeons. Environ un tiers de la nourriture consommée par les humains dépend du travail des abeilles. En fait, elles assurent la pérennité du cycle de vie. Les abeilles sont au cœur de l’écosystème, indispensables à la survie humaine. Les abeilles sont également d’excellents indicateurs biologiques parce qu’elles signalent la dégradation chimique de l’environnement dans lequel elles vivent.

L’apiculteur à côté d’une de ses ruches

Par exemple, lorsque les animaux et les insectes collectent et répandent le pollen des fleurs, ils permettent aux plantes, y compris de nombreuses cultures vivrières, de se reproduire. Les oiseaux, les rongeurs, les singes et même les hommes pollinisent, mais les pollinisateurs les plus courants sont les insectes dont les abeilles.

Les pollinisateurs contribuent directement à la sécurité alimentaire. Près des trois quarts des plantes qui produisent 90% de la nourriture mondiale ont besoin de cette aide extérieure, d’après les experts apicoles de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Nous avons donc intérêt à les protéger et favoriser leur multiplication… Mais quelles sont les raisons de leur disparition?

Il est important de les protéger car survie en dépend quelque part. Nous devons comprendre que les abeilles sont menacées par la pollution de l’air et des pesticides. Les monocultures ne les avantagent pas non plus, en raison de la disparition de leurs habitats naturels. Les abeilles et autres pollinisateurs, tels que les papillons et les colibris, sont de plus en plus menacés par les activités humaines.

Les changements d’affectation des sols, la gestion agricole intensive et les traitements phytosanitaires, la pollution de l’environnement, les espèces exotiques envahissantes, les agents pathogènes et le changement climatique, constituent les principales menaces à l’abondance, à la diversité et à la santé des abeilles. ces problèmes sont détaillés sur les pages de l’ONU, qui a même décrété le 20 mai comme Journée mondiale des abeilles, ces insectes qui travaillent dur pour notre survie, et ne bénéficient que peu de notre attention.

Quelles sont les conséquences liées à la disparition de ces insectes ?

La disparition des abeilles et des autres insectes pollinisateurs aurait un impact catastrophique sur l’agriculture mondiale : la diminution de la production agricole, ce qui entrainera une augmentation des prix de denrées alimentaires, donc la crise alimentaire mondiale qui sévit actuellement se verrait aggravée.

Selon vous, que faire pour y remédier ?

On peut planter des fleurs sur nos terrasses et dans les jardins. Sensibiliser les enfants et les adolescents sur l’importance des abeilles et veiller à ne coupez l’herbe qu’à la fin de la floraison des plantes à nectar. Il est très important d’utiliser des pesticides qui ne nuisent pas aux abeilles et veillez à les utiliser tard le soir lorsque les abeilles se retirent des fleurs. Consommez le miel togolais, pour encourager les apiculteurs à entretenir les ruches. FIN

Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE