Sécurité sanitaire des aliments : Les brochettes Tchitchinga en question

un vendeur de brochettes
un vendeur de brochettes

Fait à base de viande de bœuf ou de mouton, le Tchitchinga est une brochette très prisée des togolais. Et il est fréquent de voir un attroupement autour de ces stands de restauration rapide, équipés de ces barbecues dont l’odeur ne laisse pas indifférent. Si certains raffolent ces « friandises », d’autres sont beaucoup plus réticentes quant à la qualité de la viande qui a servi à confectionner les brochettes.

Vendues par les hommes, ces brochettes sont exposées aux abords des rues, des voies publiques, la plupart au contact de la poussière et des mouches. La sécurité sanitaire des aliments reste un souci mondial malgré les nombreux efforts consentis par les organismes de santé et d’hygiène. La plupart des vendeurs de cette denrée ne tiennent pas toujours compte du facteur hygiène, ouvrant ainsi le champ aux contaminations alimentaires.

Cette contamination bactérienne proviendrait du non-respect des mesures d’hygiène. Lors de l’exposition à l’air libre, la viande peut être contaminée. Les contaminations alimentaires demeurent un risque réel et permanent surtout dans les villes où ce risque est étroitement lié à la consommation d’aliments de rue.

« Il faut que nos vendeurs de brochettes de rue en prennent sérieusement soin. Nous n’avons aucune garantie que la viande est de qualité. Même si elle était de qualité, l’hygiène laisse parfois à désirer ce qui peut provoquer des maladies comme la fièvre typhoïde ou des maladies diarrhéiques… Beaucoup de jeunes en consomment car ils sont attirés par l’odeur du piment brulé. Personnellement, je n’y prête pas beaucoup attention », a déclaré Valentin (un agent de santé).

‘Lutter contre le concert des mouches’

« Nous avons des clients qui n’aiment que les grillades et quand ils ne voient pas les brochettes sur le gril, ils n’attendent pas. Toutefois, nous envisageons faire une vitrine pour une meilleure exposition de nos produits », Agbegnigan Yao Séményo (un des gérants de Brochette).

« Déjà, pour remédier à l’invasion des mouches, nous emballons certains de nos produits surtout les pintades et les poulets. C’est vrai qu’il faut que nos clients soient en bonne santé, cela compte beaucoup pour nous et nous y réfléchissons », M. Séményo (un vendeur de Brochettes).

« Je me suis installé après avoir suivi une formation en entrepreneuriat organisée en 2017 dans le cadre d’un programme de la Banque mondiale. Nous sommes une équipe de six personnes et côté hygiène, nous essayons beaucoup », a-t-il ajouté.

« L’hygiène, première qualité du vendeur… »

Mohamet un jeune étudiant, amateur de ses friandises, soutient que les mouches se posent sur les brochettes seulement quand elles sont froides. « Moi, j’en achète chaque soir. C’est beaucoup plus la poussière qui rend malade », a expliqué le jeune.

Pour Ibrahim (installé face à la paroisse Christo Risorto de Hedzranawoé), ce qui entraine les maladies, c’est quand il y a encore du sang dans la viande cuite. Le client qui vient en acheter la nuit, ne le remarque pas, et il le consomme.

« Certains sont tellement amateurs de grosses bénéfices, qu’ils ne laissent par la viande cuire à point, de peur qu’elle ne se rétrécisse et se déshydrate complètement ce qui n’est financièrement pas avantageux. L’hygiène est la première qualité du vendeur de grillades », a expliqué le vendeur.

« Depuis 2001 que je suis ici, aucun de mes clients ne s’est plaint. Je ne vends que du Tchitchinga à base de viande de mouton. Et je ne sers aux clients que ce que moi-même je peux manger pour faire plaisir à mon cœur. Mon produit est cuit à feu doux pendant 4 heures de temps pour une bonne cuisson ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 1 600 000 personnes par jour en moyenne tombent malades car, elles ont consommé des aliments impropres à la consommation. 340 enfants de moins de 5 ans meurent en moyenne chaque jour de maladies d’origine alimentaire évitables. 200 maladies sont causées par des aliments impropres à la consommation, allant de la diarrhée aux cancers.

« De récentes estimations indiquent que l’impact des aliments impropres à la consommation coûte chaque année, environ 95 milliards de dollars US aux pays à faible revenu et aux pays à revenu moyen, du fait des pertes de productivité. De bonnes pratiques d’hygiène dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture aident à limiter l’émergence et la propagation de maladies d’origine alimentaire », publie l’OMS sur son site.

La Journée internationale de la Sécurité sanitaire des aliments est axée cette année sur les normes alimentaires. Célébrée le 7 juin de chaque année, elle joue un rôle essentiel pour « garantir que les aliments soient sains à tous les stades de la chaîne alimentaire »; de la production à la récolte, en passant par la transformation, le stockage, la distribution, la préparation et la consommation, selon l’Organisation mondiale de la santé. Plus de détails dans le Guide de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments 2023. FIN

Ambroisine MEMEDE