Culture : Le « Djonou », un héritage ancestral qui garde sa force de séduction (REPORTAGE)

« La femme africaine doit porter des perles. C’est notre héritage de séduction. J’ai toujours porté des perles depuis mon jeune âge. Sans perles à la hanche, je suis très mal à l’aise », avoue Mme Adounsi Fafa, (41 ans) revendeuse de poissons au marché de Hedzranawoé.

« Les perles autour de la taille d’une femme, c’est joli à voir et ça séduit l’homme. Regardez pour moi », renchérit non loin, une jeune dame assise devant son étalage de tomate, soulevant légèrement son pagne pour laisser voir une partie de ses perles.

Le « Djonou » (perle en langue mina) garde toujours sa force envoûtante de séduction chez la femme. Au fil des années, les formes et les couleurs des graines utilisées pour confectionner les djonous, varient et les femmes ont le choix.

« Aujourd’hui, la plupart des femmes, notamment les jeunes filles (surtout les étudiantes, les élèves, les coiffeuses, les couturières etc…) confectionnent leur djonou en fonction de leur teint, car il y a plusieurs couleurs de graines. Nous les confectionnons sur place, en fonction du goût de la cliente. D’autres femmes, même de grandes dames font des djonou pour des sorties spéciales, juste pour rendre leur rencontre très agréable avec leur mari ou leur amoureux », confie Dame Afiwa, revendeuse de perles au marché d’Agbadahonou (Lomé).

Maman Djonou, devant son étalage au marché d’Agbadahonou

Colorées, fines ou grosses, les perles gardent toujours leur pouvoir envoûtant en matière de séduction. Certaines femmes les préfèrent grosses et colorées tandis que d’autres les préfèrent fines et unicolores mais brillantes.

Elles se présentent sous différentes formes, couleurs et modèles mais chacune d’elle avec sa signification. Les perles brillantes par exemple, illuminent même dans l’obscurité. Elles signifient « ne me cherche pas, je suis là, je suis à toi ». Elles sont portées plus précisément pour mettre fin à des querelles conjugales.

Certaines perles sont portées à des moments précis, par exemple pendant les menstrues ou les périodes d’ovulation, juste pour montrer à son partenaire que la période n’est pas propice. Elles permettent par ailleurs d’affiner la taille et parfois alertent sur les prises de poids. 

Certaines femmes ne manquent pas d’imagination. Elles commandent des djonous sur lesquelles des initiales sont griffés pour attirer l’attention des hommes.

« Je suis un adepte des perles, ça m’enchante. Le simple fait d’apercevoir les perles autour de la taille de la femme, me rend encore +fou+ d’elle. Pour moi, les perles expriment également la valeur de la femme beaucoup plus dans notre contexte culturel africain, c’est beaucoup plus la beauté », avoue Magloire, journaliste.

Un étalage de perles au marché d’Agbadahonou

« Une femme sans perle à la hanche, franchement me dégoute. Je suis totalement séduit par les perles, surtout quand les couleurs sont bien agencées et que la femme a des rondeurs », renchérit Efugni Evariste, conducteur de taxi-moto.

Grégoire (mécanicien), adore surtout les perles unicolores : « j’aime les perles, mais beaucoup plus unicolore. Lorsque ça tend à devenir beaucoup plus coloré, ça m’agace un peu ».

La plupart des revendeuses les plus célèbres de ces perles sont installées au marché d’Agbadahonou (suite à l’incendie du Grand Marché de Lomé) où elles exposent leurs étalages de perles rangées par tailles, couleurs et types de perles. On y trouve pour tous les goûts et âges.

« Il y a des hommes qui viennent ici avec leur épouse pour que je leur confectionne des perles. Certains font eux-mêmes le choix des perles pour leur femme », raconte dame Johnson (surnommée « Maman Djonou » par les femmes dudit marché). FIN

Chrystelle MENSAH / Bernadette AYIBE