Infertilité du couple : Il faut briser le tabou

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L'infertilité dans le couple : il faut briser le tabou (crédit photo http://www.afriquefemme.com/)

Accusé de source de malédictions, Adjowa (39 ans) n’a d’yeux que pour pleurer la clémence divine. Mariée depuis 4 ans, elle est la risée d’une de ses belles-sœurs. Le couple souffre d’une infertilité aggravée par une grossesse extra-utérine qui a amenuisé ses chances de concevoir un enfant.

« Depuis cette opération qui m’a valu la perte d’une trompe, mon espoir a pris un coup. Cela fait deux ans que je me bats. J’ai tout essayé, même la tradithérapie et les prières, aucun autre signe de conception. Les médecins disent que tout va bien et que mes organes fonctionnent normalement. Mon mari quant à lui, a refusé de faire le bilan médical demandé par le docteur. Il soutient être en pleine forme », se lamente Adjo.

Gentille quant à elle, subi les conséquences d’un avortement clandestin qui date de ses 17ans d’âge : « Cela fait plus de 20 ans, mais je m’en rappelle comme si c’était hier…Quand je pense à ma situation, c’est la seule chose qui me vient à l’esprit »

Elles sont nombreuses, ces femmes stigmatisées, rejetées, pour cause d’infertilité. La plupart vivent avec des remords, certaines restent inconsolables, dépressives. Quand une femme n’arrive pas à concevoir un enfant, presque toute la famille -y compris son mari- la regarde avec mépris et la traite de stérile.

L’infertilité est stigmatisante en Afrique, particulièrement en Afrique de l’ouest. Selon les spécialistes, il en existe  Il existe trois types : la fertilité abaissée qui correspond à un retard ou une difficulté à avoir un enfant. L’infertilité primaire, définie comme l’incapacité d’un couple à avoir un 1er enfant et l’infertilité secondaire qui désigne la difficulté d’un couple à avoir un autre enfant, alors qu’ils en ont déjà conçu un ou ont déjà eu un avortement. Mais le constat est qu’en cas d’infertilité, c’est seulement la femme qui est blâmée.

Une responsabilité partagée

Face à cette incapacité -souvent non prouvée- beaucoup de femmes sombrent dans la dépression. Certaines se voient répudiées, ou assistent tristement à la rupture de leur couple. Dans bien de cas, l’on s’est rendu compte que le problème venait plutôt de l’homme. Mais c’est seulement la femme qui supporte le poids des injures et mépris, une situation qui amène à relancer les débats sur la question de l’infidélité. Le mal est que nombreux sont ces couples à ne pas se fier aux traitements.

Aujourd’hui, il est temps que la femme soit libérée de ce fardeau. La conception d’un enfant se fait à deux, donc les responsabilités sont partagées. L’un ou l’autre partenaire pourrait être la cause de cette infertilité dans le couple. C’est aussi un moment de la vie où il faut éviter au maximum l’ingérence des parents, car cela amène souvent à la séparation. Ce sont eux qui « lapident moralement » la femme.

Pour Ezimnè (mère de 8 enfants), un enfant est une grâce qu’on obtient dans la prière et la patience. Et l’homme peut tout aussi bien être la cause de l’infertilité du couple.

Face au poids que représente l’infertilité pour le couple et sa communauté, il urge de briser le silence et d’en parler aux spécialiste. La grande solution reste le recours à la médecine, car l’ignorance est le principal facteur de l’infertilité du couple. Plusieurs couples demeurent ignorants des traitements disponibles en matière d’infertilité, même le stress pourrait être la cause d’une infertilité.

Le problème de stérilité est souvent attribué à tort à la femme.

Pour le sociologue Kpotchou et enseignant à l’université de Lomé : « En Afrique après le mariage, les deux belles familles attendent un enfant. Ce qui amène les belles familles à s’immiscer dans le couple, ce qui cause d’autres problèmes après ».

Selon Dr Madjé Toovi (médecin en santé sexuelle et reproductive à l’Association togolaise pour le bien-être de la femme/ATBEF) On parle d’infertilité lorsqu’au terme d’un an de rapports sexuels réguliers et non protégés, ne survient toujours pas de grossesse dans le couple.

« Les femmes en souffrent parce qu’elles sont marginalisées, pointées du doigt, maltraitées, opprimées, ce qui entraine des répercussions psychologique (dépression, anxiété Stress divorce), car c’est l’enfant qui garantit le foyer dans le contexte africain », explique-t-il.

« L’homme en souffre également mais la société n’accepte pas souvent la responsabilité de l’homme dans les difficultés de conception. Ainsi l’infertilité peut être due soit à l’homme (30%), soit à la femme (30%), soit aux deux partenaires (30%), soit chez aucun des deux (10%) »

Quelles solutions

Pour Dr Toovi, il est conseillé de faire des enfants entre 18ans à 35 ans. Mais il y a des facteurs qui favorisent l’infertilité. « Il faut éviter le tabac, l’alcool la drogue. Manger moins gras et faire régulièrement le sport est un atout. Avoir des rapports sexuels réguliers sur toute la période du cycle de la femme. Le meilleur moyen d’avoir un enfant est de répéter les rapports sexuels tout au long du cycle, de manière régulière ».

« Il ne faut pas négliger l’aspect psychologique. Savoir quand s’inquiéter, quand consulter et qui consulter. Lorsqu’une femme a 35ans passés, il ne faut pas trop attendre avant de consulter. Le couple peut voir un médecin dès six mois de tentatives infructueuses. Faire régulièrement des tests de dépistage des infections sexuellement transmissibles », a conseillé Dr Toovi.

De nos jours avec l’avancée de la science, le suivi médical peut aider certains couples stériles à avoir d’enfants. Pour une meilleure prise en charge, il faut d’abord passer par l’étape d’une consultation ou le clinicien après interrogatoire et examen physique, demandera un bilan d’infertilité pour rechercher la ou les causes.

« Une fois les causes retrouvées, les solutions sont disponibles en fonction des paliers. Jusqu’à la fécondation in vitro ou l’insémination artificielle. Les solutions pour la plupart sont accessibles à la majorité des couples (traitement classique a la cœlioscopie…). Pour ce qui est de la fécondation in vitro et de l’insémination artificielle, elles sont réservés à une minorité car couteux », conseil Dr Koffi Madjé Toovi.  FIN

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Ambroisine MEMEDE

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