Affaire/Drogue : « J’ai reçu de pressions de beaucoup d’autorités politiques, morales, de grandes personnalités pour consacrer ce qui n’est pas admis » (M.Talon)

Le chef de l’État béninois a affirmé vendredi à Parakou (environ 400 km au nord de Cotonou), avoir reçu « beaucoup de pressions » dans l’affaire de trafic de drogue, dans laquelle l’homme d’affaires Sébastien Ajavon a été relaxé au « bénéfice du doute ».

18 kg de cocaïne avaient été découverts dans la nuit du 27 au 28 octobre au port autonome de Cotonou, dans un conteneur en provenance de l’Amérique Latine, appartenant à la Société Cajaf Comon de M. Ajavon. Montant approximatif de la drogue saisie (selon la gendarmerie): 9 milliards de F.CFA.

Interpellé, l’homme d’affaires a été relaxé au « bénéfice du doute », une semaine après avoir été jugé.

Le Tribunal avait prononcé sa relaxe pour « insuffisance de preuve ». Trois de ses collaborateurs également interpellés dans ce dossier, ont été libérés.

Peu avant son interpellation, M.Ajavon avait dénoncé un « montage grotesque », visant à « ternir son image ».

Plusieurs politiques et responsables de la société civile sont montés au créneau ces derniers jours, pour exiger sa libération. Des manifestations, parfois violentes, ont été également enregistrées depuis son arrestation, à Cotonou et dans certaines villes du pays.

« Est ce que nous sommes prêts à lutter contre l’impunité? J’ai pas l’impression, parce qui il y a eu des événements qui se sont passés il y a pas longtemps, il y a quelque jours. J’ai vu combien j’ai reçu la pression de mes concitoyens : de beaucoup d’autorités politiques, morales, de grandes personnalités pour consacrer ce qui n’est pas admis », a affirmé Patrice Talon lors d’une tournée dans le septentrion.

« En fait, ceux qui sont concernés par le péché, ce ne sont pas les nigérians, les burkinabé, les togolais ni les Ghanéens. Ce sont les béninois. C’est nous qui vivons dans ce pays en grande majorité. Les pécheurs, ce ne sont pas les chinois, ce ne sont pas les américains, c’est nous les béninois et nous sommes tous pécheurs. Nous faisons tous des bêtises d’une manière ou d’une autre. Parfois, ça passe inaperçu, parfois ça se voit. Quand ça passe inaperçu, il n’y a que Dieu pour le sanctionner. Mais quand ça se voit dans la cité, la communauté globalement doit sanctionner. C’est le seul moyen de préserver la paix, l’unité, l’équité et le progrès social », a-t-il souligné.

Selon le président béninois, « si publiquement, les péchés deviennent des actions de gloire — je pèse mes mots –, si chaque fois que quelqu’un doit faire un péché et ne sera pas capable d’apprécier que c’est un péché et que c’est au contraire une action de gloire, c’est dangereux pour le pays ».

« Il est important pour nous, que publiquement, nous ayons au moins la mesure, le courage, de ne pas faire l’apologie du péché parce que après, il n’y a plus de repère », a-t-il poursuivi, sans clairement affirmer que M.Ajavon est bien trempé dans ce dossier.

« Je voudrais inviter mes concitoyens, les uns les autres, à être conscient de cela sans qu’on ne se rejette les uns les autres. Il ne s’agira jamais de rejeter quelqu’un, parce qu’il a commis une erreur. Mais, il est important — je le répète pour la cité — que publiquement, on ne fasse pas, on ne glorifie pas ce qui n’est pas admis », a martelé M.Talon, avant de lancer : « A bon entendeur… « .

Classé parmi les richissimes hommes d’affaires du pays, M. Ajavon était candidat à la présidentielle de mars 2016. Arrivé en troisième position, il avait fortement contribué à l’élection du président Patrice Talon pour l’avoir soutenu au second tour. FIN

Cotonou, Lucia Fèmi SIMON

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