Sommet de l’UA : Une force régionale de protection au Soudan du Sud évoquée à l’ouverture

Le 27e sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) s’est ouvert dimanche à Kigali avec un appel au déploiement d’une « force régionale de protection » au Soudan du Sud et à l’ouverture d’une enquête sur la flambée de violence de ces derniers jours.

Les pays de l’organisation régionale des pays d’Afrique de l’Est (Igad), qui s’étaient réunis samedi soir avant le sommet, ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser « le déploiement d’une force régionale de protection », bénéficiant d’un « mandat révisé ».

Elle aurait pour objectif de « séparer les parties en conflit (…), protéger les populations civiles et pacifier Juba », la capitale sud-soudanaise, dans le cadre d’un renforcement de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), selon un communiqué de l’Igad.

Celle-ci a également réclamé l’ouverture d’une « enquête immédiate » pour déterminer les responsabilités dans le déferlement de violences qui ont frappé Juba du 8 au 11 juillet. Des combats meurtriers avaient opposé les forces du président Salva Kiir et les ex-rebelles du vice-président Riek Machar dans la capitale sud-soudanaise.

« Même si aujourd’hui le calme est revenu à Juba (…), la situation n’en demeure pas moins précaire », a lancé Idriss Déby, le président du Tchad, également président en exercice de l’UA, lors de la cérémonie d’ouverture du sommet.

« Je tiens du haut de cette tribune à rappeler au président Salva Kiir et à son vice-président Rieck Machar leur responsabilité dans cette tragédie que traverse leur jeune nation », a-t-il ajouté.

Le sommet se poursuit lundi. Les chefs d’État africains devraient se pencher une nouvelle fois sur la crise au Burundi, où ils avaient renoncé lors de leur dernier sommet en janvier à envoyer une force d’interposition de 5.000 hommes.

Les discussions se déroulent en l’absence du Burundi dont la délégation a quitté, sans explications, les réunions préparatoires du sommet qui se tenaient depuis plusieurs jours à Kigali. « Ils sont partis mardi », a expliqué à l’AFP un officiel du Rwanda, le pays hôte, qui entretient des relations très difficiles avec Bujumbura.

L’UA pourrait prendre des sanctions contre le gouvernement du président Pierre Nkurunziza, qui refuse toujours de négocier avec l’opposition dans le cadre du dialogue interburundais.

Alors que les couloirs du sommet bruissent de rumeurs sur le possible retour du Maroc au sein de l’organisation panafricaine, la présidente de la Commission de l’UA, la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, a réaffirmé le soutien de l’UA à l’indépendance du Sahara occidental.

– Succession de Mme Dlamini-Zuma –

« L’Union africaine se tient à vos côtés dans votre combat pour l’auto-détermination », a-t-elle lancé. Le Maroc avait claqué la porte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1984 sur la question du Sahara occidental.

Mme Dlamini-Zuma, qui a prononcé son dernier discours comme présidente de la commission, a également symboliquement remis les premiers « passeports africains » à Idriss Déby et au président rwandais Paul Kagamé.

Ce passeport est censé préfigurer la liberté de circulation pour tous les Africains sur l’ensemble du continent d’ici 2020. Mais seuls les chefs d’Etats pourront en bénéficier dans l’immédiat.

Le sommet de Kigali pourrait aussi permettre aux dirigeants africains de lever l’incertitude pesant sur la succession de Mme Dlamini-Zuma, qui ne souhaite pas se représenter.

Plusieurs Etats membres, jugeant que les trois candidats à sa succession « manquent d’envergure », demandent cependant un report du scrutin.

Ni la ministre des Affaires étrangères du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, ni son homologue de Guinée-équatoriale, Agapito Mba Mokuy, ni l’ancienne vice-présidente d’Ouganda, Specioza Wandira-Kazibwe, ne semblent avoir les soutiens nécessaires pour réunir une majorité.

En cas de blocage, l’élection pourrait être purement et simplement reportée au prochain sommet de janvier 2017 à Addis Abeba, siège de l’UA.

Les noms du Sénégalais Abdoulaye Bathily, le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique centrale, et de l’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete circulent comme possibles alternatives.

Les chefs d’Etat africains ont également adopté dimanche le principe d’une taxe de 0,2% sur les importations pour financer l’UA et réduire sa dépendance vis-à-vis des pays donateurs qui contribuent à hauteur de 73% au budget de l’organisation.

SOURCE : AFP