Bénin/ Patrice Talon : « Moi aussi j’ai pardonné et j’aspire maintenant à la réconciliation effective et à la concorde »

Le richissime homme d’affaires béninois Patrice Talon, accusé d’être le cerveau d’un complot de tentative d’empoisonnement du président béninois Boni Yayi en octobre 2012 et d’être impliqué dans une affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat en février 2013, est sorti de son silence lundi, lors d’une interview accordée à Canal 3 et Golfe TV, deux chaînes de télévision privées.

Ces différents dossiers abondamment relayés par la presse (nationale et internationale) avaient agité les milieux judiciaire et politique durant des mois.
M.Talon ainsi que les personnes citées n’ont jamais reconnu les faits.

Sur le plan politique, l’opposition a toujours émis des doutes sur le complot de tentative d’empoisonnement qu’elle a souvent qualifié de « mystérieux ».

M.Talon et les autres inculpés vont ensuite bénéficier, d’un non-lieu général du juge d’instruction, confirmé par la cour d’appel de Cotonou.

En mai 2014, le président Boni Yayi a décidé d’accorder son « pardon » à M.Talon et toutes les personnes inculpées dans ces dossiers.

« Ce pardon s’adresse à messieurs Patrice Talon, Boco Olivier et à tous les détenus impliqués dans les dossiers d’association de malfaiteurs et de tentative d’assassinat par empoisonnement du Président de la République d’une part, et d’attentat à la sûreté de l’Etat, d’autre part » avait précisé Boni Yayi le 14 mai 2014 à la télévision nationale.

« Moi aussi j’ai pardonné et j’aspire maintenant à la réconciliation effective et à la concorde », a déclaré Patrice Talon en exil à Paris depuis septembre 2012.

« J’avoue que j’ai beaucoup souffert de cette situation, mais le temps fait son œuvre. Aujourd’hui, je n’ai plus de blessures d’autant que je tire beaucoup de satisfactions de l’apaisement du climat socio politique consécutif au bon déroulement des élections et à l’abandon du projet de révision de la constitution. Peu importe les efforts, les souffrances et les sacrifices qui ont été consentis et qui sont déjà oubliés. Je suis désormais un homme heureux et fier de son pays », a-t-il souligné.

Mais pourquoi l’homme d’affaires n’est pas rentré au Bénin, malgré le +pardon+ du président Yayi ?

« Ce n’est ni l’envie ni la démarche qui m’ont manquées. Vous savez je ne suis pas français et je ne possède qu’une seule nationalité et donc un seul passeport. Depuis bientôt un an j’ai formulé auprès des autorités béninoises, une demande de renouvellement de mon passeport périmé. A l’heure où je vous parle aucune suite ne m’a été donnée. Pire, il m’est revenu que mon passeport a été bien établi le 7 novembre 2014 sous le numéro B046134 mais saisi. Mes avocats ont formulé auprès de la Cour Constitutionnelle depuis le 9 décembre 2014 un recours qui est resté également sans suite », a-t-il indiqué.

Selon M.Talon, la « tension met du temps à tomber » : « Je peux comprendre. Mais pour ma part, il est temps de tourner cette page ».

Ce dernier n’a pas manqué de critiquer la gestion du régime actuel : « notre pays n’a pas connu de catastrophe naturelle, mais c’est tout comme. La misère est galopante et le moral des béninois est au plus bas. Tous les secteurs de la vie économique et l’emploi sont sinistrés ».

« Le chômage des jeunes constitue une bombe à retardement. De plus, l’administration qui devrait être au service du développement est totalement déstructurée et n’a jamais été aussi contre performante. D’ordinaire, les béninois pris individuellement sont dynamiques et entreprenants mais la morosité générale plombe les énergies. La gouvernance politique en est la cause principale », a-t-il affirmé, proposant de « réformes à opérer impérativement » pour « remédier durablement aux maux qui minent le pays ». FIN

De Cotonou, Lucia Fèmi SIMON

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