Prison de Kara (nord) : « De petites réformes structurelles dans cette prison, pourraient avoir un grand impact » (M. Nicolas Berlanga-Martinez)

M. Nicolas Berlanga-Martinez, Ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Togo a effectué une visite de terrain le 29 janvier dernier à la prison civile de Kara (environ 420 km au nord de Lomé), afin de toucher du doigt, l’évolution des travaux de réfection des toits des cellules dudit centre de détention. Les travaux ont été financés par l’UE.

Pourquoi avoir choisi de financer ces travaux ? Quelle est la situation de la justice pénale au Togo ? Et quelles stratégies menées pour désengorger les prisons togolaises ? Autant de questions posées à M. Martinez-Berlanga dans une interview à l’Agence Savoir News.

Savoir News : Pourquoi cette descente sur la prison de Kara?

M. Nicolas Berlanga Martinez : Ma visite à la prison civile de Kara c’est pour faire le suivi des travaux que j’ai demandés d’exécuter au cours d’une autre visite que j’ai faite à la fin du mois de novembre. J’ai constaté que trois ou quatre cellules de cette prison ne sont plus utilisées parce que l’eau s’infiltrait dans ces cellules quand il pleut.

Avec l’accord du ministère, j’ai pris des mesures pour que le toit de ces cellules soit réparé. Lors de ma visite, j’ai constaté que les toits ont été réparés. Et je tiens à rappeler qu’avec de simples gestes, on peut améliorer les conditions de vie des détenus. De petites réformes structurelles dans cette prison, pourraient avoir un grand impact.

Q: Comment voyez-vous aujourd’hui, la situation de la justice pénale au Togo ?

R : La situation de la justice pénale au Togo est encore maîtrisable. Les conditions peuvent parfois être améliorées facilement comme ce fut le cas de la prison de Kara. Mon geste dans cette prison, c’était pour avoir plus d’armement dans mon dialogue sectorielle avec le ministère de la justice et pour les encourager à prendre ces petites mesures pour avoir de grands impacts dans le quotidien des détenus et de là, dans la justice pénale au Togo.

Q : Les prisons du pays sont de plus en plus surpeuplées. Quelles initiatives peuvent mener les autorités togolaises pour les désengorger?

R :

Cette question me tient beaucoup à cœur, parce que nous y travaillons déjà. La prison civile de Kpalimé est construite à 90% par des financements de l’UE et les 10% doivent venir du gouvernement togolais.

Une fois le travail terminé, cela permettra de désengorger la prison civile de Lomé de 30%, c’est-à-dire que 30% des détenus qui sont dans des conditions calamiteuses à la prison civile de Lomé pourrons être transférés à la prison de Kpalimé et vivre dans de meilleures conditions.

Voilà une réponse claire et directe à court terme pour améliorer les conditions de détention. En tant que partenaire sincère, nous soulevons continuellement le problème de la surpopulation carcérale au Togo. Mais la décision est dans les mains du ministère de la justice. Nous sommes quand même très heureux que dans le budget de 2015, il y a une ligne budgétaire pour la finalisation de la prison de Kpalimé et nous espérons que la solution sera bientôt trouvée.

Q : L’UE compte-t-elle dans les jours et mois à venir, appuyer le Togo pour l’amélioration des conditions de détention dans les prisons ?

R :

La réponse est affirmative, parce que nos sommes en train de finaliser un nouveau projet d’accompagnement au secteur de la justice. C’est un projet de 3 ou 4 ans dans lequel la justice pénale tout comme les conditions de détention dans les prisons ainsi que la réinsertion sociale de ceux qui recouvrent la liberté seront prises en compte.

Nous avons constaté que 3 sur 4 détenus qui sont mis en liberté retournent en prison 3 semaines après. Nous devons donc nous pencher sur la question de la réinsertion sociale qui est aussi très importante. FIN

Propos recueillis par Chrystelle MENSAH

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