Tournée du bureau Fédéral de l’ANC dans le Kloto: « J’ai trouvé en nos populations, la capacité à pouvoir comprendre les problèmes » (Me Isabelle Améganvi)

Une délégation du Bureau Fédéral de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, principal parti de l’opposition) conduite par Me Isabelle Améganvi a sillonné du 31 janvier au 1er février dernier, 12 localités de la préfecture de Kloto, lors d’une tournée de sensibilisation et d’information.

Entamée à Zongo, l’un des quartiers populaires de la ville de Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé), la tournée s’est achevée dimanche par de grands meetings à Kamétonou et Anedi sur la montagne.

Approchée par l’Agence Savoir News juste à la fin des meetings, Me Isabelle Améganvi s’est réjouie de la mobilisation sur le terrain. « Nos objectifs ont été atteints. Car à l’intérieur du pays, il est difficile aux populations d’avoir accès aux informations via les canaux habituels d’informations (…) J’ai trouvé en nos populations, la capacité à pouvoir comprendre les problèmes », a-t-elle souligné.

Savoir News : Qu’est ce qui justifie cette tournée?

Me Isabelle Améganvi:

En réalité nous sommes venus après le travail que nos structures à l’intérieur du pays font notamment le bureau fédéral de l’ANC de Kloto, pour la sensibilisation et l’information des militants. Nous les députés, nous sommes mandatés par les populations pour les représenter pour un mandat de cinq ans à l’Assemblée Nationale avec pour mission spécifique, de voter les lois qui vont diriger toute la population togolaise et de contrôler l’action gouvernementale.

A l’Assemblée nationale, nous travaillons pendant une session de trois mois et les trois autres mois, nous sommes en intersession. Nous appelons ce temps +vacance parlementaire+. Mais en réalité, il ne s’agit pas de vacances.

C’est une opportunité offerte aux députés de retourner vers leurs bases pour pouvoir être en contact avec elles. Quand vous êtes mandatés, vous devez rendre compte.

Donc cette tournée s’inscrit dans cet objectif là, c’est-à-dire rendre compte de la situation, de comment nous avons travaillé à l’Assemblée Nationale, discuter et échanger avec elles sur les problèmes rencontrés et également prendre des conseils et des avis auprès de ces populations qui sont nos mandants afin de pouvoir reprendre le travail.

Q : Quel message avez-vous délivré à la population dans les localités visitées au cours de cette tournée?

R : Nous leur faisons le compte rendu de ce qui s’est passé à l’Assemblée Nationale notamment le budget exercice 2015 adopté à l’Assemblée fin décembre dernier, le problème des réformes politiques.

En juin dernier, le gouvernement a envoyé un projet de loi à l’Assemblée Nationale portant révision de la loi constitutionnelle, lequel projet a été rejeté par la majorité UNIR à l’Assemblée Nationale. Et donc compte tenu de la situation et du fait que la majorité des togolais veulent les réformes, nous avons convenu, nous députés de l’opposition parlementaire de déposer aussi une proposition de loi portant sur le même objet.

Le message que nous leur apportons c’est d’abord leur expliquer ce qui se passe à l’Assemblée. L’ANC a voté contre le budget, parce que nous estimons que les parties essentielles de ce budget notamment les parties qui doivent concerner le règlement des problèmes sociaux n’a pas été pris en compte comme il fallait. Beaucoup d’incohérences dans ce budget, notamment en ce qui concerne les points essentiels liés à l’éducation, à la santé, à l’enseignement supérieur et de la recherche.

Les dotations ont été diminuées alors que les enseignants, les médecins sont en grève et les étudiants aussi se plaignent de leurs conditions de vie et travail sur le campus universitaire.

Nous leur avons également parlé de la proposition de loi portant révision constitutionnelle qui est une obligation liée à la signature de l’Accord Politique Globale (APG). Aujourd’hui, nous estimons que la majorité UNIR au gouvernement et à l’Assemblée ne veut pas réaliser les réformes.

Nous leur avons aussi porté le message de la mobilisation. Tous les togolais pris isolement et collectivement doivent prendre leur destin en mains et se battre comme un seul homme pour en finir avec ces problèmes qui durent depuis plus de 50 ans avec l’actuel régime.

Q: Est-ce que vos objectifs sont atteints à la fin de la tournée ?

R :

Oui nous disons que nos objectifs sont atteints. A l’intérieur du pays, il est difficile aux populations d’avoir accès aux informations via les canaux habituels d’informations. Il y a certes des radios dans la préfecture de Kloto, mais ce n’est pas comme ce qui se passe à Lomé où l’information circule via les journaux, les radios, les émissions interactives, des débats et autres de telle manière que dans la capitale tout le monde est informé de minute à minute.

Mais à l’intérieur du pays, c’est comme si les populations sont prises en otage et sevrées d’informations. Et lorsque vous venez vers elles pour leur apportez ces informations là, elles les accueillent avec fierté.

J’ai trouvé en nos populations, la capacité à pouvoir comprendre les problèmes. Ce n’est pas nous qui leur disons les problèmes que les togolais rencontrent, Elles-mêmes vivent directement avec ces problèmes au jour le jour.

Les populations en sont conscientes, et donc il s’agit de discuter avec elles pour voir comment nous pouvons — nous qui sommes des responsables politiques — faire en sorte que ces problèmes soient résolus pour tous les togolais de manière efficace et efficiente sur toute l’étendue du territoire national.

Une autre délégation conduite par le Président de l’ANC Jean Pierre Fabre et ses collègues du CAP 2015 sont dans les Savanes pour les même objectifs. Et donc enfin de compte, c’est le message de la mobilisation des populations que nous cherchons pour que nous nous battions pour avoir les réformes et les conditions idéales de transparence pour l’élection présidentielle qui est en vue.

Q: Quel message avez-vous à l’endroit de la population?

R : C’est le message de mobilisation. Le peuple togolais n’est pas différent des autres peuples en lutte, qui se sont battus pour avoir la liberté, la démocratie et l’Etat de droit en Afrique de l’ouest sur le plan régional.

Le Togo est le seul pays aujourd’hui où dans la constitution, la limitation de mandat n’existe pas. Nous sommes pratiquement le seul pays dans la sous région où le mode de scrutin est un mode à un seul tour. Le Togo est pris en otage par une dictature vielle de 50 ans qui ne dit pas son nom, qui s’est enracinée au fil des années et qui rend la situation de sortie de crise très difficile.

Le message que j’ai à l’endroit de la population est : proscrire le désespoir et la fatalité, cesser de dire que le Togo est un pays maudit.

Je lance un appel solennel à tout le peuple togolais pour que nous restions mobilisés, que le désespoir soit sorti de nos rangs et que le peuple togolais soit vigilant et déterminé pour arracher sa liberté.

Je crois que la lutte populaire est une lutte invincible. Si elle n’arrive pas à son terme aujourd’hui, elle vient et elle n’est pas loin puisque vous savez que lorsque nos parents se sont battus pour l’indépendance, dans le premier discours que le feu Sylvanus Olympio avait prononcé à cette époque là, il disait : « la nuit est longue, mais le jour vient ». FIN

Propos recueillis par Ahmed MAESTRO

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