Lutte contre le terrorisme en Afrique: Faure Gnassingbé invite les pays riches à « honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement »

Le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a invité lundi à New York, les pays riches à « honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement », afin de lutter efficacement contre le terrorisme sur le continent.

Le président togolais a présidé le débat de haut niveau ce lundi sur ce thème au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est le Togo qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité pour ce mois de mai.

Pour lutter contre le terrorisme, « il est urgent que les pays partenaires honorent leurs engagements en matière d’aide publique au développement. La crise n’autorise pas les pays donateurs à respecter leurs engagements d’atteindre 0,7% du PIB d’ici 2015 », souligné Faure Gnassingbé.

L’aide publique au développement (APD) a baissé de 4% en valeur réelle entre 2011 et 2012, et ce après avoir baissé de 2% en 2011, selon le dernier rapport de l’OCDE pour l’année 2012, a-t-il noté.

« L’APD globale s’est élevée à 125,6 milliards de dollars en 2012, soit 0,29% de la richesse nationale cumulée des différents bailleurs de fonds contre 0,31% en 2011. Pour les pays du Comité d’aide au développement (CAD), les chiffres de l’APD sont passés de 133.716 millions de dollars en 2011 à 128.356 millions de dollars en 2012. Il s’agit là de la plus forte baisse depuis 1997! Cela ne me parait pas juste alors qu’on sait que les pays pauvres doivent relever de nouveaux défis dont ils ne sont pas responsables et qui sont le résultat visiblement de l’industrialisation forcenée des pays riches », a-t-il fait remarquer, affirmant que les chiffres « sont suffisamment clairs et parlent d’eux-mêmes. Les défis sont immenses, les besoins financiers impressionnants (….) ».

« Le terrorisme est un phénomène planétaire qui nécessite une gouvernance au niveau mondial. Il frappe tous les jours des centaines d’innocents et endeuille des populations entières et son spectre hante le continent africain. La bande sahélo-saharienne, qui traverse l’Afrique d’Est en Ouest, est confrontée à une multitude de défis d’ordre sécuritaire, à savoir la montée de l’extrémisme religieux, de l’islamisme radical, du terrorisme, des trafics en tous genres, notamment d’êtres humains, de drogue, d’armes et de la criminalité organisée, etc. Il s’agit bien d’une des menaces les plus préoccupantes de notre temps », a poursuivi Faure Gnassingbé.

‘Présents notamment au Mali, au Nigéria, en Algérie, en Somalie, au Kenya, en Ouganda et ailleurs, les groupes terroristes, retranchés dans le désert, deviennent de plus en plus actifs. Ils plongent leurs racines dans les pays africains dont le faible niveau de développement constitue un terreau fertile pour leurs activités, avec comme toile de fond des conflits tribaux, des frontières poreuses et des problèmes sociaux. Le terrorisme est la conséquence d’interactions entre des facteurs politiques, sécuritaires, économiques, sociaux et environnementaux. Il est lié à la pauvreté, à un faible niveau de gouvernance, à la corruption, et au sous-développement », a-t-il indiqué.

« Si on ne donne pas aux Gouvernements africains les moyens de mener une politique anti-terroriste efficace et durable en privant ces groupes de leurs +armées+, il est fort à craindre de voir se consolider non seulement un arc terroriste allant de la Mauritanie au Nigeria et se prolongeant jusqu’à la Corne de l’Afrique, mais aussi de voir se développer une zone de non droit, pour les trafiquants du monde entier », a averti le président togolais.

« Des liens se créent entre les narcotrafiquants présents dans le Sahel et des groupes mafieux européens comme la Camora en Italie ou les groupes latino-américains qui échangent expériences et expertises. Le terrorisme en Afrique dépasse largement le continent africain. Le flux de criminalité organisée y est en hausse constante. Les ports d’Afrique occidentale et le Sahel sont devenus des plaques tournantes pour les réseaux de trafic de stupéfiants en mettant en relation les fournisseurs de cocaïne d’Amérique latine et de haschisch venant de certains pays africains avec les marchés d’Europe et du Proche – Orient. Le trafic d’immigrants varie entre 65.000 et 120.000 personnes par an, le trafic d’armes légères est évalué à 8 millions de pièces dont 100.000 kalachnikovs », a-t-il précisé.

Lors des débats, le Conseil a adopté une déclaration générale, invitant surtout les Etats du Sahel et du Maghreb à intensifier la coopération et la coordination interrégionales.

Notons qu’à la fin de la séance, Faure Gnassingbé a été reçu par le secrétaire général l’ONU Ban Ki-moon. FIN

Photo prise par Louis Vincent

Junior AUREL

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