Don du sang, un acte citoyen qui nous concerne tous (REPORTAGE)

La pénurie de sang au Togo n’est pas un fait nouveau. La « banque du sang » est répartie en deux pôles dans le pays, avec un centre de transfusion sanguine (CNTS) basé à Lomé et l’autre à Sokodé (environ 338 km au nord de Lomé). Un bien triste score enregistré et le constat est grave si on fait les comptes.

Les CNTS détiennent environ 35.000 poches de sang à ce jour, alors que les demandes réclament 60 000 poches.

Même si le CNTS de la capitale situé au quartier Adéwui enregistre une amélioration constante chaque année de la générosité des donneurs, le si précieux fluide rouge reste encore trop rare.

Tous les jours, des malades meurent dans des hôpitaux, faute du précieux liquide. Le sang est nécessaire pour effectuer une opération chirurgicale, pour un accouchement, en cas d’anémie, mais aussi après un accident. Un accident justement, cela peut arriver à n’importe qui, n’importe quand, peut-être demain, en sortant du travail. Le malheur ne fait aucune discrimination.

Pour faire face à ce fléau, le personnel du service de prélèvement du sang du CNTS fait tout pour sensibiliser les Togolais à poser cet acte citoyen. Les équipes du CNTS organisent des collectes de sang dans les lycées, des églises, les grandes entreprises et autres organisations. Car, tout le monde peut donner son sang.

Il suffit de répondre à certaines conditions comme: être majeur, ne pas dépasser 60 ans, peser au minimum 50 kg et être en bonne santé. Une femme peut donner jusqu’à trois fois par an et un homme quatre fois.

Je suis un héros

Devenir un « héros », ce n’est pas compliqué, il suffit de pousser la porte du CNTS. Ouvert du lundi au vendredi de 7h30 à 18h (non-stop), le CNTS accueille toutes les personnes, femmes ou hommes à devenir un « héros ordinaire ».

Ce geste qui peut sauver une vie, ne prend pas plus de 20 minutes. Il se découpe en trois temps.

Premier temps: une pré-consultation doit se faire pour s’assurer que le donneur est apte pour le prélèvement. Poids, prise de tension, questions relatives à l’état de santé: le donneur engage sa responsabilité et doit s’efforcer d’être honnête dans ses réponses.

Deuxième temps: le plus redouté, le passage de la piqure. Parce qu’en réalité, il n’y a que ça qui « peut faire mal » pour les plus douillets. La quantité du prélèvement se situe entre 350 ml et 450 ml.

En résumé une broutille, car cela correspond juste à 1/13ème de notre sang. Il faut noter que tous les quatre mois, du sang meurt et celui-ci se régénère. Ce qui correspond exactement à la quantité qui peut être prélevée. Ne pas le donner consiste tout simplement à un odieux gaspillage.

Troisième temps: la récompense, la collation. Pour recharger les « batteries », le CNTS offre une collation et une boisson au donneur. Une bonne hydratation est recommandée et la pratique du sport déconseillée dans les 48h qui suivent.

L’OMS répond à l’appel

Si le CNTS décide de se déplacer pour la récolte des poches de sang, c’est parfois aussi une initiative de certains organismes. Comme mardi matin où l’OMS a appelé le CNTS pour organiser une collecte dans leurs locaux. Un jour spécialement choisi, car il coïncide avec la semaine des nations unies. L’objectif visait une sensibilisation plus efficace. Cette mesure prise en 2004 de se déplacer, paie.

C’est la deuxième fois cette année que le CNTS intervient à l’OMS avec pour la première fois une récolte de 34 poches de sang.

« Même si on repart avec une seule poche, ce sera toujours une vie de sauvé », confie avec éloquence le docteur Déléma Maba, responsable de l’équipe dépêchée à l’OMS.

A 9 H, le premier donneur se pointe timidement. Réticent au début, craignant les effets secondaires ou la douleur ressentie. Hésitant, il finit par accepter. 405 ml plus tard, il reviendra avec le sourire, très fier de pouvoir sauver une vie.

Et si on lui demande s’il sera au rendez-vous au CNTS dans 3 mois il répond: « Oui, assurément ». Bravo, Monsieur Yao Djotsou, chauffeur à l’OMS, vous êtes aujourd’hui devenu un héros. FIN

Johana Caruso (stagiaire)

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