Réconciliation / Mgr Nicodème Barrigah: « Notre vœu le plus ardent est que ce jour marque également un nouveau départ pour nous tous »

La Commission vérité Justice et réconciliation (CVJR) a remis ce mardi au chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, le premier volet de son rapport, après 34 mois d’activités. Ce document a été remis à Faure Gnassingbé par le président de la CVJR Mgr Nicodème Barrigah, lors d’une cérémonie solennelle dans la grande salle des fêtes de la nouvelle présidence de la république.

Cette cérémonie a été suivie d’une conférence de presse animée par Mgr Barrigah au siège de la CVJR. Une centaine de journalistes des médias d’Etat et privé, ainsi que ceux des organes étrangers ont pris part à cette conférence de presse, précédée d’une courte cérémonie de remise du document aux représentants des institutions internationales.

« Une part du processus s’achève aujourd’hui, celle de la CVJR. Notre vœu le plus ardent est que ce jour marque également un nouveau départ pour nous tous », a déclaré devant des professionnels des médias Mgr Barrigah.

Selon lui, la charge à laquelle s’est attelée « avec dévouement » la CVJR, « n’est pas la première tentative de réconciliation entreprise au Togo »

« Cependant, ce qui fait sa particularité c’est la longueur de la période de fonctionnement de la CVJR, l’étendue du temps soumis aux investigations et surtout le mécanisme de

justice transitionnelle qui repose sur quatre piliers essentiels, à savoir la vérité, la justice, la réparation et les garanties de non répétition », a souligné le Prélat.

« Tout au long de ces mois consacrés à nos travaux, nous avons rencontré et écouté des milliers de victimes; mais la plus grande victime de nos conflits récurrents c’est assurément la confiance que nous avons totalement bannie de nos rapports mutuels. Les Togolaises et Togolais semblent avoir érigé la méfiance en principe absolu, saris doute à cause des nombreuses désillusions qui ont jalonné notre histoire nationale. Or, si nous ne nous décidons pas à recréer un minimum de confiance entre nous, la réconciliation à laquelle nous aspirons restera lettre morte ; elle ne pourra pas prendre corps dans nos relations interpersonnelles », a-t-il souligné.

Pour Mgr Barrigah, les statistiques enregistrées dans la base de données de la Commission, sécurisée par un cabinet d’informatique recruté, « sont éloquentes ».

Au total 22.415 dépositions ont été enregistrées. Sur un total de 8.080 dossiers présélectionnés, la CVJR a pu auditionner 425 en séances publiques, 30 en séances in camera, 50 en privé, 5 en Vidéoconférence et 13 en audiences spéciales.

« Ce chiffre parait sans doute assez faible par rapport av nombre de dépositions recueillies. Mais pour recevoir en audience toutes les personnes qui nous ont saisis, il aurait fallu 210 mois soit 17 ans en travaillant les samedis et dimanches comme ce fut le cas lors de la phase des auditions », a-t-il précisé.

« Nous avons le sentiment du devoir accompli (…) Nous avons essayé d’apporte notre contribution, nous avons fait notre part », a-t-il poursuivi.

La tâche, dois-je l’avouer, ne fut pas de tout repos; elle fut, bien au contraire, un immense défi à relever. Pour pouvoir aller au bout de notre engagement, nous avons dû nous dépasser dans un esprit de dévouement au service de la Nation », a souligné le Prélat.

« Nous avons blessé la Mère Patrie; nous nous sommes blessés les uns les autres. Ayons le courage de le reconnaître, et de nous engager sincèrement dans une démarche de réconciliation » a-t-il poursuivi.

Selon lui, « le pardon que nous devons demander humblement, que nous devons accorder avec magnanimité et que nous devons recevoir dans la concorde est celui que donne le cœur qui a dépassé la douleur et la rancœur pour s’élever et s’affranchir dans la grandeur. Il est celui du cœur libéré du poids de ses erreurs ».

Dans le rapport (Volet N°1) remis ce mardi à Faure Gnassingbé, la CVJR a fait 68 recommandations. L’une des principales recommandations est la mise en place d’un programme de réparations au profit de « toutes les personnes quelle que soit leur nationalité, ayant subi un préjudice du fait de violences à caractère politique, de violations graves des droits de l’Homme, durant la période allant de 1958 à 2005 ».

La Commission a également suggéré au gouvernement d’adopter dès que possible un « Livre Blanc » dans lequel il indiquera la manière concrète dont il entend prendre en compte les recommandations formulées, en particulier pour les victimes. Elle a également proposé la création ou la désignation d’une instance à laquelle sera confiée la mise en œuvre du programme de réparation et de réformes nécessaires au renforcement de l’Etat de droit.

Installée le 29 mai 2009 par Faure Gnassingbé, la CVJR émane d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels.

Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005 et de proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.

Rappelons que le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels. FIN

Nicolas KOFFIGAN/Junior AUREL

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