Réconciliation nationale: Les FAT ont présenté ce mercredi, leur version des violences sociopolitiques et intercommunautaires de 1990 à 2005 notamment à Lomé, Aného, et dans le grand Kloto

Les Forces Armées Togolaises (FAT) ont présenté ce mercredi devant la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), leur version des violences sociopolitiques et intercommunautaires de 1990 à 2005 notamment à Lomé, Aného, et dans le grand Kloto dans le cadre des audiences publiques, privées et à huis clos de ladite Commission, a constaté un journaliste de l’Agence Savoir News.

La CVJR a écouté au total 13 victimes et témoins (dont un à huis clos et un en privé). Les auditions de ce mercredi ont porté sur des droits de réponse exercés par des représentants d’institutions et des personnalités citées dans différents dossiers et des arrestations et détentions arbitraires.

Des agressions physiques et destructions de biens, ainsi que d’autres actes de violation des droits de l’homme, tels les traitements inhumains, licenciements abusifs et confiscation de biens, étaient également au menu des dossiers examinés par la CVJR.

S’agissant des droits de réponse, la Commission a écouté: Les FAT qui sont venues présenter leur version des violences sociopolitiques et intercommunautaires de 1990 à 2005 notamment à Lomé, Aného, et dans le grand Kloto.

Elles ont reconnu des dérapages à imputer à certains de leurs éléments dont la responsabilité individuelle doit être engagée sans pour autant impliquer l’institution elle-même.

Togbui Lawson Zankli VIII a, quant à lui, regretté les actes d’humiliation commis sur sa personne et ses administrés par les éléments des forces de l’ordre et de sécurité, dans les incidents de la présidentielle de 2005.

Rappelant que lui et les FAT se sont déjà réconciliés, il a déclaré s’associer à leurs recommandations positives pour une paix sincère dans notre pays.

Les auditions ont permis d’écouter des informations complémentaires sur la détention et la mort du Dr Abdoukarim Boukari en 1978 et Djobo Boukari le 15 novembre 1997, ainsi que sur la tentative de coup d’Etat du 25 mars 1993 ayant occasionné directement ou indirectement le décès du Général Mawulikplimi Améyi et des Colonels Tépé Eugène et Akpo Gnandi.

De même, les violences de 2005 à Sokodé et les dissensions de Bafilo à propos de l’imamat ont connu d’autres versions.

En effet, c’est le colonel Lémou Tchalo, accompagné d’une forte délégation qui a rendu public le droit de réponse des FAT, en apportant des précisions notamment sur les évènements d’Aného, les violences dans le grand Kloto, sans oublier les violences de 1991 à Bodjé et à Kpélé Adéta, les violences électorales de 2005 à Kpalimé et à Kpélé Akata. Les FAT ont également livré leur version au sujet de l’assassinat de Tavio Amorin et de la mort du colonel Tepe, ainsi que les violences électorales de 2005 à Lomé.

Concernant les évènements malheureux d’Aného, les FAT ont précisé que les manifestants dans la ville d’Aného avaient arrêté et conduit des agents de police dont le brigadier Kao au domicile du chef Lawson Zankli VIII, Et c’est ce qui a amené les agents de la FOSEP à son domicile.

« Il faut signaler que les éléments de la FOSEP arrivés chez le chef, s’étaient affrontés à un militaire reformé armé d’un pistolet mitrailleur qui avait été abattu et son arme récupérée. Après identification, il s’était avéré que cette arme faisait partie des armes emportées par les manifestants après la casse du commissariat de police d’Aného. Par ailleurs, un hélicoptère avait effectivement survolé la ville d’Aného. Sa mission, comme partout ailleurs dans la région maritime, consistait à identifier les points de barricades pour renseigner les équipes chargées de les dégager », ont précisé les FAT.

Au sujet des violences dans le grand Kloto, le colonel Lémou a expliqué que les représentants de l’Etat dans cette région étaient pris pour cibles par les manifestants. Des édifices publics ont été saccagés et pillés.

« Les violences et les graves exactions étaient entretenues par les +Abrafo+ qui avaient érigé des barricades à travers tout le grand Kloto. Les forces de l’ordre étaient intervenues mais, elles avaient souvent été débordées par des manifestants », a-t-il soutenu.

Le Colonel Lémou a par ailleurs ajouté que dans la préfecture de Kloto et dans la sous-préfecture de Kpélé-Akata, les violences avaient commencé le jour du vote et se sont amplifiées le jour de la proclamation des résultats.

« Dans le Kloto, les jeunes de l’opposition avaient attaqué les bureaux de vote où le candidat du RPT avait remporté après le dépouillement. Ils ont tenté de casser les urnes et de s’opposer à leur acheminement à la préfecture. Ils avaient par la suite encerclé les locaux de la préfecture qu’ils voulaient saccager. Des magasins et boutiques avaient été pillés et des actes de vandalisme avaient été enregistrés partout dans la ville de Kpalimé », a-t-il souligné.

S’agissant de l’assassinat de Tavio Amorin le 23 juillet 1992, les FAT ont indiqué que cette agression, suivie de mort n’a été ni de près, ni de loin commanditée par les FAT. Cependant, les FAT ont expliqué que compte tenu de la situation sociopolitique qui prévalait en ce moment et au vue des pièces d’identité et des moyens d’agression retrouvés sur les lieux, il n’est pas exclus que des éléments incontrôlés aient agi de leur propre gré, sans ordre de la haute hiérarchie militaire pour perpétrer cette agression regrettable.

Togbui Lawson Zankli VIII chef traditionnel de la ville d’Aného a, quant à lui, regretté les actes d’humiliation commis sur sa personne et ses administrés par les éléments des forces de l’ordre et de sécurité, dans les incidents de la présidentielle de 2005 : « Nous nous sommes déjà réconciliés, les FAT et moi. Je m’associe à leurs recommandations positives pour une paix sincère dans notre pays ».

Il n’a pas manqué d’expliquer dans les détails, les exactions subies de la part des forces de l’ordre. Il a également révélé les violences exercées sur les populations d’Aného.

La CVJR a pour part, noté que l’expression du pardon est de plus en plus au rendez-vous à la fin des dépositions. Elle a salué, pour la première fois, l’aveu de responsabilité d’un présumé auteur dans la tentative de coup d’Etat du 25 mars 1993.

Elle a encouragé les présumés auteurs qui hésitent encore à faire le choix de l’aveu et de la contrition qui libèrent et contribuent à la manifestation de la vérité.

LA CVJR a exhorté les victimes à ne pas cultiver l’esprit de vengeance et à privilégier le pardon.

Elle a enfin rappelé que c’est à la lumière des informations fournies par les différents intervenants au cours des audiences (publiques, in camera et privées) ainsi que des rapports de ses investigations, qu’elle fera ses recommandations finales à l’attention du peuple togolais dans le sens de l’apaisement.

Les audiences se poursuivent jeudi et seront consacrées aux dossiers des audiences sur requête et à celles des compatriotes de la diaspora.

Nicolas KOFFIGAN

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