Lutte contre les tracasseries et la corruption sur les routes au sein de l’UEMOA: L’OPA bientôt permanent à travers la création d’une structure dotée d’une existence juridique au sein de l’Union (Publi-Reportage)

L’Observatoire des Pratiques Anormales (OPA), qui est une composante d’un programme régional de facilitation des transports exécuté avec la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sera bientôt permanent travers la création d’une structure dotée d’une existence juridique formelle au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Telle est l’une des grandes recommandations de la réunion du Comité de pilotage et de l’Atelier de validation de l’étude sur la pérennisation de l’OPA, rencontre tenue du 27 au 29 septembre dans un grand hôtel de la capitale togolaise.

L’OPA a été mis en place en 2005 par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, suite aux dysfonctionnements constatés dans les opérations des transports en Afrique de l’Ouest a conduit en 2005.

Ces dysfonctionnements se résument aux contrôles administratifs et prélèvements illicites de la police, de la douane, de la gendarmerie ou opérationnels excessifs, successifs, redondants et onéreux. A cela s’ajoutent, la pléthore et l’exploitation disparate des documents administratifs et contractuels qui sont dans la plupart des cas, en contradiction flagrante avec les objectifs de la libre circulation des biens et des personnes prônés par les Etats de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Togo, Sénégal et Côte d`Ivoire).

La rencontre de Lomé a permis aux participants de passer en revue, l’ensemble des activités menées déjà menées. Cet atelier a été également une occasion pour sensibiliser tous les acteurs du secteur du transport sur toutes les formes des tracasseries ainsi que les difficultés rencontrées par les usagers sur les routes au sein de l’espace UEMOA.

A l’issue des travaux, l’atelier a formulé deux catégories de recommandations: les recommandations générales et les recommandations spécifiques.

Au titre de recommandations générales, la pérennisation de l’OPA à travers la création d’une structure ayant une existence juridique formelle au sein de l’UEMOA et l’extension des activités de l’Observatoire à tous les corridors de l’Afrique de l’ouest, en prenant en compte les formules de synergie à développer avec l’Organisation du Corridor Abidjan-Lagos (OCAL) en fonction des différentes phases de développement de l’Observatoire.

Les participants ont également recommandé l’extension des indicateurs de l’OPA d’une manière progressive et prudente à tous les modes, types et maillons de la chaîne des transports et la mise en place d’un comité de travail incluant l’UEMOA et la CEDEAO, ainsi que les partenaires techniques et financiers pour faciliter le déclenchement et la mise en œuvre du processus de pérennisation.

S’agissant des recommandations spécifiques, les délégués à la rencontre de Lomé ont invité l’UEMOA à prendre les dispositions nécessaires pour assurer à l’OPA, une phase de transition réussie et à créer un groupe de travail pour réfléchir et faire des propositions sur la question des sources de financement.

Il a été également demandé aux Commissions de l’UEMOA et de la CEDEAO de prendre les dispositions appropriées pour une coordination efficace du processus de pérennisation de l’Observatoire.

Les participants n’ont pas oublié les partenaires techniques et financiers (USAID, Trade Hub, USAID ATP, BAD, Union européenne, Banque mondiale etc..). Ils leur ont demandé d’apporter leur contribution au plan technique et financier à l’OPA aussi bien pendant la phase transitoire que pendant la phase de pérennisation.

« Le secteur des transports dans notre région est confronté à une multitude d’entraves qui impactent hélas négativement sur sa compétitivité et qui ont pour nom:

 contrôles multiples, excessifs, successifs, redondants et onéreux

 Surcharges généralisées des véhicules de transport de marchandises avec comme conséquences la dégradation précoce des routes construites à grands frais et l’insécurité routière

 Corruption routière érigée en règle sur les axes routiers », a indiqué à l’Agence Savoir News Hamidou Mallah, directeur du Cabinet du département de l’Aménagement du Territoire Communautaire, des transports et du Tourisme de la Commission de l’UEMOA.

« Face à ces entraves à la libre circulation des personnes et des biens, l’Union a adopté de 2001 à 2005, une série de réformes dont la construction des postes juxtaposés aux frontières des Etats membres et l’harmonisation des procédures et normes de contrôles du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transports de marchandises. Toutes ces réformes ont pour objectif la suppression des entraves à la libre circulation des personnes et des biens, afin de contribuer à des objectifs fondamentaux de l’Union tels que définis dans son traité », a-t-il précisé.

C’est dans ce contexte qu’a été mis en place, à titre de pilotage, l’OPA avec pour objectif d’identifier, d’analyser et de publier les faits, pratiques et abus sur les corridors inter-Etats ainsi que les coûts. Depuis 2006, une quinzaine de rapports ont été déjà produits et diffusés et des campagnes de plaidoyers ont été organisées avec des résultats forts encourageants.

Mais, les pratiques anormales persistent, même si on note avec satisfaction, un début de manifestation de la volonté politique dans certains pays et une prise de conscience des acteurs à tous les niveaux.

« Il vraiment temps que cessent ces pratiques et comportements que nous observons sur nos axes routiers. Nous sommes convaincus que les points sur lesquels nous nous sommes entendus seront concrétisés sur le terrain », a indiqué Gérard Delanne, secrétaire général du Syndicat national des transporteurs de marchandises du Niger.

Rappelons que la mise en place de l’Observatoire des Pratiques Anormales vise la collecte des données relatives aux tracasseries routières sur les corridors prioritaires ouest africains.
Les statistiques tirées de ces données sont diffusées périodiquement. L’UEMOA gère les activités de l’OPA tout en supervisant l’initiative globale. Les activités de l’OPA couvrent aujourd’hui les corridors suivants : Tema-Ouagadougou-Bamako, Lomé-Ouagadougou, Dakar Bamako, Abidjan- Ouagadougou et Abidjan-Bamako.

ENCADRE

Voici un petit extrait des résultats des enquêtes sur les tracasseries routières :

– En termes de « Perceptions illicites »: Le corridor Abidjan-Bamako demeure en tête des corridors à fort taux de rackets aux 100 km avec 6 470 F CFA de perceptions illicites « rackets » tous les 100 km, soit 75 953 F CFA par voyage et par camion.

La Côte d’Ivoire demeure en grande partie responsable de cette situation avec 8 689 F CFA de perceptions illicites « rackets » tous les 100 km, soit 61 692 F CFA par voyage (dont 53 872 F CFA extorqués par les Forces Nouvelles et les Agents d’escorte des camions).

Ce taux hisse la Côte d’Ivoire au sommet des tronçons routiers inter-Etats où les camionneurs paient le plus lourd tribut des tracasseries en termes de rackets.

Le corridor Tema-Ouagadougou arrive en 6ème position avec des taux jugés toujours élevés de 1 787 F CFA rackettés tous les 100 km, soit 18 894 F CFA respectivement prélevés par voyage et par camion.

Par Etat, la Côte d’Ivoire occupe le premier rang dans le classement des pays à fort taux de rackets (aux 100 km) suivie du Mali, du Sénégal, du Burkina, puis du Togo et enfin du Ghana.

  Toujours en termes de perceptions illicites, le niveau des pots-de-vin versés aux agents de contrôles et de sécurité corrompus est stupéfiant. En effet, par corridor, le corridor Bobo -Dioulasso-Koutiala est celui où les camionneurs paient le plus lourd tribut des tracasseries en termes de rackets avec 51 406 F CFA prélevés tous les 100 km, soit 140 338 F CFA par voyage.

Le corridor Fada – Parakou arrive en 2ème position des corridors à fort taux de rackets aux 100 km avec 29 923 F CFA prélevés tous les 100 km suivi des corridors Koutiala – Dakar (11 111 F CFA), Kantchari – Accra (7 392 F CFA), Techiman – Kantchari (6 569 F CFA) et enfin le tronçon malien Niono – Bamako (5 761 F CFA).

Par Etat, le Benin occupe le premier rang dans le classement des pays à fort racket (aux 100 km) suivi du Mali, du Burkina, du Sénégal et du Ghana.

Junior AUREL

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