Réconciliation: Fin des audiences à Dapaong, neuf témoignages ce samedi sur des événements des années 1958, des affaires de la faune, des incidents de Barkoissi et bien d’autres affaires de violences

Démarrées mercredi dernier à l’hôtel Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé), les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) se sont achevées ce samedi dans cette localité avec neuf témoignages sur des événements des années 1958, des affaires de la faune, des incidents de Barkoissi et bien d’autres affaires de violences et de violations des droits humains, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

Dans la matinée, quatre témoins et victimes des cas d’emprisonnement abusif, d’assassinat, de torture et d’exécution sommaire pour cause de faune ont été auditionnés, ainsi que cinq autres témoins et victimes des violences de 2005 à Mango.

Toutes les violations des droits humains évoquées ont été perpétrées par des autorités administratives civiles ou militaires. Un cas d’un responsable politique en activité a été signalé comme instigateur et/ou parrain des violences. On lui prête même le rôle de distributeur d’armes.

S’agissant particulièrement des événements de 2005, les affrontements ont opposé Dozo et N’Djé dans les quartiers Djabou et Assadro notamment faisant resurgir des conflits fonciers non encore réglés. Dans ces deux quartiers des cases et parfois des maisons entières ont été brûlées avec des dégâts matériels importants (effets personnels, récoltes, argent liquide, etc.).

Djabou étant considéré comme le fief du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT, le parti au pouvoir), il y a eu amalgame entre querelles politiques, conflits fonciers et dissensions claniques.

Malgré ces plaies encore mal cicatrisées, plusieurs intervenants ont reconnu la nécessité de se pardonner, afin d’envisager la réconciliation ; car le calme apparent est trompeur, aucune action sérieuse de réconciliation n’ayant été entreprise.

Certains n’ont pas hésité à demander à Mgr Nicodème Barrigah, le président de la CVJR d’intervenir, pour un véritable pardon et une union au sein de leur communauté.

« Nous avons trop souffert et actuellement on se parle même plus. Si Monsieur le président de la CVJR peut faire quelque chose pour régler cette histoire cela nous ferait du bien », a déclaré N’guissan Mohamed, qui a longtemps raconté ce qui a opposé les Dozo et les N’Djé.

Dans l’après-midi, la CVJR a reçu au cours d’audiences à huis clos, des témoignages sur des cas de violations graves des droits humains relatifs au viol.

Par ailleurs, ce samedi, les Forces Armées Togolaises (FAT) ont une fois encore adressé une déclaration écrite à la CVJR, portant l’ensemble de ces violences.

Les FAT assurent «n’avoir pas identifié des cas de bavure de leurs éléments et recommandent à la CVJR d’initier des démarches de réconciliation entre les clans tchokossi à l’instar de celle entreprise par les autorités togolaises et celles du Haut Commissariat aux Refugiés (HCR)».

Depuis le début des activités de la CVJR à Dapaong, un constat s’est dégagé : les FAT ont « participé » aux audiences, à travers des déclarations, conformément aux règles.

Des incidents ayant opposé Moba et Tchokossi à Barkoissi en 1992, aux violences électorales de 2005 dans la région des Savanes, en passant par les évènements de la Faune, les FAT ont toujours participé à ces audiences. Outre les faits, les Forces armées formulent à chaque occasion, des recommandations à l’endroit de la CVJR. Il arrive des moments où les FAT reconnaissent des « dérapages de certains de leurs éléments ». C’est le cas par exemple des évènements de la faune.

Notons qu’à Dapaong, le public a assisté massivement aux audiences sur des écrans géants dans la salle d’audiences et à l’extérieur.

Les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.

La CVJR qui privilégie la justice transitionnelle en organisant par ces audiences la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées, espère que chacun des Togolais fera sa part pour la pacification des cœurs et la vraie réconciliation.

Les membres de la CVJR déposeront leurs valises à Kara (environ 420 km au nord de Lomé) où se tiendront les audiences du mardi 27 septembre au lundi 3 octobre au Palais des Congrès de la ville. La séance inaugurale sur les audiences publiques aura lieu le mercredi 26 septembre 2011 à 8h.

Les audiences publiques, privées et à huis clos doivent se dérouler à Dapaong, Kara, Sokodé, Atakpamé, Tsévié, Aného, Kpalimé, et Lomé.

Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.

Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.

Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.

De Dapaong, Nicolas KOFFIGAN

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