Attentat de Soudou/30 ans déjà : « Transcender le passé », mais avec « l’obligation de rétablir le devoir de mémoire »

Elliot Ohin, lors de la conférence de presse

5 mai 1992 – 5 mai 2022.  Déjà 30 ans, l’attentat qu’a été victime à Soudou, un convoi de l’Union des Forces du Changement (UFC) conduit par Gilchrist Olympio (l’ex-opposant historique).

« Nous avons déploré plusieurs morts et de nombreux blessés dont certains sont restés avec des cicatrices indélébiles. Parmi ceux-ci, le président national Gilchrist Olympio qui a gardé des séquelles à vie », a souligné Elliot Ohin, 2è vice-président de l’UFC lors d’une conférence de presse.  Ce dernier était entouré d’autres rescapés de cet attentat.

« Moi-même, j’étais déchiré du haut de ma cuisse droite jusqu’au bas-ventre… », a-t-il enchaîné.

« Nous devons transcender le passé. C’est vrai que la politique est pour le présent et le futur et non le futur. Nous avons le droit et l’obligation de rétablir le devoir de mémoire. La mémoire est reconstruction du passé pour servir au présent et à l’avenir », a-t-il précisé.

Selon M.Ohin, en politique, « l’absence de mémoire est un crime ». « Voilà pourquoi à l’UFC, nous pensons que la réconciliation si nécessaire pour notre patrie, ne peut se réaliser dans l’ignorance du passé, mais dans l’inclusion, la compréhension du passé et la vérité ».

Dans ce contexte précis de l’attentat de Soudou, a-t-il poursuivi, « nous devons avoir tous comme credo : +plus jamais ça sur la terre de nos aïeux ».

Et pour « conjurer ce genre d’ignominie au Togo et pour que tous ces sacrifices ne soient pas vains », a indiqué M.Ohin, l’UFC « devra donner à son action plus de rigueur, de discipline et de constance ».

« Nous devons éviter tout enthousiasme qui ne sert pas la cause de l’UFC. Nous devons tous œuvrer à unifier et à renforcer notre formation politique, afin qu’elle puisse à nouveau, dans un proche avenir, représenter l’espoir d’une alternative politique concrète à même d’apporter des solutions durables aux togolais ».

‘Choix courageux’

M.Ohin est revenu sur l’accord signé en mai 2010 par l’UFC avec le parti au pouvoir. Cet accord historique de « partage de pouvoir », avait été marqué par l’entrée de l’UFC au gouvernement.

« Il y a pratiquement 12 ans, l’UFC a fait un choix courageux, celui de renoncer à la politique jusqu’au-boutiste de la +chaise vide+ et de la contestation systématique; pour engager avec le pouvoir en place, des négociations ayant pour but de mettre un terme aux souffrances de notre population très liées à la détérioration du climat politique et à ses conséquences sur le plan économique et social », a relevé M.Ohin.

La table d’honneur, lors de la rencontre…

A l’époque, a-t-il mentionné, l’ambition de l’UFC était de « faire évoluer le régime vers des réformes structurelles souhaitées par tous, et de poser les fondations nécessaires à une transition pacifique à terme ».

Mais quel bilan dresser ? Pour le 2è vice-président de l’UFC, « même si le chemin a été beaucoup plus long et tortueux que nous l’aurions souhaité, les grandes réformes politiques structurelles et institutionnelles, ont finalement abouti ».

« Les élections législatives de 2018 ont donné naissance à un nouveau parlement qui a finalement voté la nouvelle constitution de la quatrième république le 15 mai 2019. Cette loi fondamentale proclame solennellement la volonté du peuple togolais de combattre tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice et intègre les réformes structurelles pour lesquelles nous avons tant sacrifié pendant toutes ces longues années : élections à deux tours, limitation du pouvoir exécutif à deux mandats présidentiels, limitation du mandat des députés à six ans renouvelables une fois et le vote de la diaspora », s’est-il réjoui.

Des propositions au gouvernement

L’UFC a profité de l’occasion pour faire un certain nombre de propositions au gouvernement dans plusieurs domaines : emploi et économie, santé, éducation, justice et droits de l’homme etc…

« Dans le domaine de la justice et des droits de l’homme, notre priorité est de rendre la justice accessible aux citoyens et lui conférer plus de légitimité », a-t-il suggéré.

Selon lui, une réflexion doit être menée pour « assainir l’appareil judiciaire, en vue de faire face à l’ampleur de la corruption qui le gangrène ».

Par ailleurs, M.Ohin n’a pas passé sous silence les rumeurs faisant état d’une brouille au sein de l’UFC.

Le 2è vice-président de l’UFC a été formel : « Il n’y a pas deux camps au sein du parti, mais il y a des tendances et c’est normal. Il y a un seul camp : l’UFC ». FIN

Junior AUREL