« Atiklè », une exposition à Onomo et dans le jardin de l’Institut français à Lomé

Mawuko Abosseh, donnant des explications aux visiteurs

Le Hall de l’Hôtel Onomo et le jardin de l’Institut français à Lomé, abritent depuis le 30 juin, une exposition baptisée « Atiklè » (Tabouret en Ewé), de l’artiste plasticien, sculpteur et peintre togolais Mawuko Abosseh.

A travers cette exposition qui prendra fin le 30 septembre, l’artiste met l’accent sur le trône royal : 29 tableaux et 15 sculptures sont exposés à l’Hôtel Onomo, et 8 sculptures ornent le jardin de l’Institut français. Dans ce même jardin, est exposée une installation en tabourets.

Dans la royauté, le tabouret (parfois doré ou encore tout en or dans certaines communautés) est le trône royal qui, ne doit en aucun cas toucher le sol.

Ainsi, il est soit placé sur une couverture, soit installé sur une estrade, ce qui permettait au roi de surplomber la foule et de distribuer des présents à l’ensemble de ses sujets : cauris, tissus, animaux, nourriture etc…

Le tabouret royal peut être aussi sculpté dans un seul morceau de bois et constitue un attribut de pouvoir. Il sert de trône portatif : l’exemple de Kataklè (tabouret royal) du roi Béhanzin.

L’un des tableaux, des femmes tenant des trônes

« C’est à partir des +Tabourets+, qu’on est arrivé aux trônes. Autrement dit, nos ancêtres qui ont sculpté les trônes royaux, se sont inspirés des Tabourets: d’où le nom de l’exposition: +Atiklè+ », explique M.Abosseh.

Mais pourquoi l’artiste s’accroche aux trônes, notamment les trônes royaux ?

« Je relève le mythe autour de ces trônes en général, surtout leur puissance. Je prend l’exemple des trônes du roi Béhanzin au Bénin. Consultez l’histoire et vous verrez tout ce qui entoure les trônes de ce roi », souligne l’artiste.

Ce dernier s’est d’ailleurs inspiré du trône du roi Béhanzin pour ses tableaux et sculptures.

Il a peint et sculpté plusieurs trônes dont le trône du Roi Agokoli et des trônes d’autres rois de la sous-région.

La principale sculpture exposée

« Dans les tableaux que dans les sculptures, on voit plusieurs types de trônes. Chez nous en Afrique, chaque région a sa manière de concevoir ses trônes. Et chaque roi a sa manière et sa vision de conduire son royaume et tous ces éléments sont le reflet de son trône », poursuit l’artiste.

Et ces trônes, précise-t-il, incarnent un pouvoir, pour ne pas dire un « super-pouvoir » et « c’est ce pouvoir qu’incarnent ces trônes royaux, qui aveuglent parfois ceux qui l’exercent ».

« Ils massacrent tout sur leur passage pour atteindre leur objectif. L’être humain, ne leur dit plus rien », dénonce cet artiste plasticien « engagé ».

« L’exemple et le sujet d’actualité est la guerre russo-ukrainienne. Une seule personne impose son diktat à tout le monde », déplore M.Abosseh, avant d’ajouter : « Le pouvoir rend parfois aveugle. On ne reconnaît plus la valeur de l’être humain ».

Une installation en tabourets dans le jardin de l’Institut français

Artiste plasticien autodidacte, Mawuko Abosseh excelle dans l’art de créer des pièces uniques en leur donnant un sens.

Il réalise des œuvres empreintes de symbolisme à partir d’objets du quotidien et de matériaux de récupération tels que le bois, le fer, ou même la pâte de maïs.

Il modèle des formes résolument personnelles, où des instants de vie se mêlent à des interrogations existentielles.

L’artiste a fait plusieurs sorties : participation aux Oscars de la créativité africaine, concours international d’art contemporain en Égypte au Caire en septembre 2019, résidence avec +Les jeunes artistes d’avenir+ à Abidjan en Côte d’ivoire en 2020, contribution active à la manifestation artistique +Un village dans une ville+ à Ouagadougou au Burkina Faso etc…

M.Abosseh faisait également partie des artistes plasticiens sélectionnés le 27 avril dernier et qui ont exposé à l’Hôtel 2 Février. FIN

Junior AUREL