Affaire Madougou : « Enquête normale, ouverte à la suite des indices graves et concordants faisant craindre des actes de terreur dans notre pays » (Alain Orounla)

Alain Orounla

Reckya Madougou, candidate recalée du parti Les Démocrates (opposition) à la présidentielle du 11 avril au Bénin, a été interpellée dans une « enquête normale, obligatoire ouverte à la suite des indices graves et concordants faisant craindre des actes de terreur dans notre pays », a souligné Alain Orounla (porte-parole du gouvernement béninois).

L’opposante a été arrêtée, alors qu’elle rentrait à Cotonou, après un meeting à Porto-Novo, localité située à environ 30 km à l’est de Cotonou. Deux militants du parti Les Démocrates sont placés sous mandat de dépôt depuis lundi pour « association de malfaiteurs et terrorisme ».

L’interpellation de Mme Madougou est en lien avec ce dossier, a indiqué jeudi Mario Mètonou, Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

« Disqualifiée de la course à l’élection présidentielle d’avril 2021, Mme Madougou et certains membres de sa formation politique ont, selon toute vraisemblance, formé le dessein de perturber le déroulement du prochain scrutin en perpétrant des actes de terreur de grande ampleur », avait-il affirmé.

« Ainsi, Le 24 février 2021 vers 22H30, Georges Sacca qui se trouve être l’un des plus proches collaborateurs de Mme Madougou à Parakou, est entré en contact avec le colonel Ibrahim Mama Touré pour, dit-il, lui confier une mission très sensible et importante. Cette mission prévue pour se dérouler en plusieurs étapes devait commencer par le meurtre d’une autorité influente de la ville de Parakou sur un axe routier emprunté régulièrement par cette dernière. La mission devait ensuite se poursuivre par l’élimination d’une seconde autorité politique à l’occasion des obsèques de la première victime. Le but de ces manœuvres est de provoquer la terreur, le chaos et de parvenir ainsi à faire suspendre le processus électoral en cours », avait longuement expliqué le Procureur spécial de la CRIET.

‘Des faits suffisamment graves sur lesquels le gouvernement a déjà alerté’

« Ce sont des faits suffisamment graves sur lesquels le gouvernement a déjà alerté, surtout pendant cette période sensible des élections, où il se doit de garantir la sécurité des personnes des candidats, la tranquillité, la paix et dérouler un processus électoral paisible, de prévenir tout risque, d’actes de terreur », a précisé Alain Orounla, dans une interview à Deutsche Welle.

« Il se trouve que la personne interpellée a été identifiée par des individus déjà pris et passés à l’aveu comme ayant été missionnés pour commettre des actes de terreur dans notre pays. Donc, il ne s’agit pas du tout d’un acharnement, mais d’une enquête normale, d’une enquête obligatoire qui est ouverte à la suite des indices graves et concordants faisant craindre des actes de terreur dans notre pays », a-t-il martelé.

« Je voudrais préciser que nous ne sommes pas du tout sur un terrain politique, ni sur un terrain électoral, puisque la personne en question n’est plus dans la course à la présidentielle et n’avait aucune raison de continuer de proclamer que les élections n’auront pas lieu sans elle, comme d’autres d’ailleurs, si ce n’est que l’on a des motivations qu’il appartient aujourd’hui à l’enquête d’établir », a ajouté le porte-parole du gouvernement.

Rappelons que les béninois iront aux urnes le 11 avril prochain pour la présidentielle. Au total trois duos dont le duo Patrice Talon/Mariam Talata Zimé sont retenus par la Cour constitutionnelle pour ce scrutin.

C’est la toute première fois que les béninois éliront simultanément le président et le vice-président. La campagne électorale se déroulera du 26 mars au 9 avril.

Les responsables du parti Les Démocrates ont de leur côté, dénoncé une « énième atteinte à la démocratie béninoise et une provocation supplémentaire inacceptable ».

Mais selon certains observateurs, les faits exposés par le procureur spécial sont d’une gravité extrême et méritent une sanction exemplaire.

« Les aveux des mis en cause permettent aujourd’hui d’affirmer que les commanditaires étaient réellement prêts à passer à l’acte », a commenté un responsable politique.

« Le fait d’être recalé à une élection, n’est la fin d’une vie, pour qu’on s’en prenne à la République et chercher à créer la terreur en organisant des crimes en série », a-t-il poursuivi.

« Ce n’est pas la première fois que nous organisons une élection présidentielle dans ce pays. Par le passé, d’autres candidats, pour diverses raisons, ont bien été recalés sur la base des textes, mais jamais personne n’est allé aussi loin pour chercher à déstabiliser le pays. Même en 2011 où le pays a pratiquement sombré, le perdant, tout en soutenant que sa victoire lui a été volée, n’est pas allé plus loin que cela, et n’a même pas daigné appeler ses militants à investir les rues. Au contraire, il les avait appelés au calme », a ajouté ce politique.

Jeudi, Mme Claudine Prudencio, présidente du Parti Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (UDBN), a invité les béninois à la sérénité et à faire confiance à la justice.

« Accroché aux lois de la République, au respect des Institutions Étatiques et au principe de séparation des pouvoirs, le Parti UDBN exhorte nos compatriotes, où qu’ils se trouvent, sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora, à éviter toute interprétation manipulée et à garder la totale sérénité », a-t-elle lancé dans un communiqué rendu public. FIN

De Cotonou, Miracle JODEL

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