A Marseille, les architectes manifestent contre un contrat global pour la rénovation d’éco

Les différents représentants des architectes et des petites entreprises des Bouches-du-Rhône ont manifesté ce vendredi contre la procédure du marché global de performance pour la rénovation de cinq écoles marseillaises. Un combat pour « l’intérêt public » selon eux.

La colère ne les quitte pas. Entre huit et neuf heures ce vendredi matin, une trentaine de personnes, représentantes des professions du bâtiment et de l’architecture, ont manifesté sur la place Villeneuve-Bargemont, devant l’entrée de l’hémicycle du conseil municipal de Marseille.

La délégation, qui réunit le syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône, les Architectes d’utilité publique, l’Ordre des architectes, la Capeb Bouches-du-Rhône, le Syndicat national du second œuvre et l’Unon des entreprises de proximité, a voulu rappeler son opposition à la procédure du marché global de performance (MGP), choisie par la municipalité pour la rénovation de cinq écoles.

« Les MGP excluent les PME locales »

« Cette procédure est contraire à l’intérêt public, elle représente un surcoût financier de 30%, elle se fait au détriment de la qualité des constructions publiques, et elle exclue les TPE et PME locales de ces marchés de rénovation qui leur sont normalement réservées », affirme Maxime Repaux, président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône et membre du collectif Marseille contre les MGP, contacté par Batiactu. « Ce matin, on était motivés et on a fait beaucoup de bruit. On espère s’être fait entendre et avoir suscité une prise de conscience au sein de la municipalité. »

Les professionnels regrettent de ne pas avoir été sollicités par la mairie concernant le montage de l’appel d’offres. « C’est dommage, on aurait pu argumenter en amont avec le conseil municipal et ne pas se retrouver ici aujourd’hui », clame le leader du mouvement qui préfère s’orienter vers une loi Mop, pour « une intelligence collective ». La loi Mop permet la tenue d’études de faisabilité préalables, des procédures de concours d’architecture, des études en toute indépendance et des appels d’offres de travaux passés en maîtrise d’ouvrage publique, en corps d’état séparés.

Respecter les délais

La volonté de garantir les délais impartis de cette rénovation est un argument que les architectes ne nient pas. La mairie devait, en effet, signer le marché avant le 31 décembre 2021 pour bénéficier des aides de l’Etat venant du plan relance. À cela, Maxime Repaux avait confié à Batiactu, dans un entretien en avril dernier, que ce n’était « qu’un prétexte pour confier des travaux et orienter le marché vers les majors ».

Le président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône est persuadé que les architectes peuvent également « aller vite » pour mener à bien ces travaux. Surtout, l’argument de bénéficier de cette aide de l’Etat doit s’aligner avec la volonté du plan relance, qui est, comme le souligne Maxime Repaux ce vendredi, « de soutenir l’emploi local et les TPE et PME locales ». Pour lui, les MGP sont « la ruine des architectes indépendants et des petites entreprises. Quand on parle de performance, c’est la performance financière des majors du BTP qui prime », se désole-t-il. « La réussite de la rénovation, ce n’est pas de revendiquer cinq ou six rénovations mais de réussir une opération de qualité en soutenant l’emploi local et les entreprises locales. »

Un recours contre la mesure

Il affirme que de nombreux conseillers municipaux, de la majorité et de l’opposition, les soutiennent dans leur démarche, mais la décision relève de l’édile. « Ce n’est pas une action corporatiste, elle vise l’intérêt public », répète-t-il. Cette rénovation, lourde, comprend la démolition des planchers et le désossement de la structure métallique pour refaire les façades.

La délégation va demander la semaine prochaine au maire de Marseille Benoît Payan, par recours gracieux, le retrait de la mesure MGP. Le membre du collectif souhaite que la rénovation se fasse « dans de bonnes conditions », avec un appel d’offres et un concours d’architecture. « C’est la solution la plus logique et professionnelle », estime-t-il. Une audition au sous-préfet à la relance auprès du préfet de la région PACA a également été demandée, pour obtenir un délai supplémentaire, en juillet 2022, pour faire une maitrise d’ouvrage public.

Source : batinfo.com