2ème phase du PAUT II : « C’est un projet complet d’assainissement des quartiers Akodessèwa, Kanyikopé, Baguida, Kagomé, et Adamavo » (Edgar COULOMB)

Le Chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a officiellement lancé le 26 avril dernier, la 2ème phase du Programme d’Aménagement Urbain du Togo (PAUT II), en présence de plusieurs personnalités parmi lesquelles le Premier Ministre Sélom Komi Klassou et le président de l’Assemblée Nationale Dama Dramani.

Financée à hauteur des 28,3 milliards de Francs CFA (soit 43 millions d’Euros) par l’Union européenne (UE) sur le 110ème FED (Fonds Européen de Développement), la 2ème phase du Programme d’Aménagement Urbain du Togo, vise notamment à accompagner les priorités définies par l’Etat togolais dans la mise en œuvre de sa politique d’assainissement collectif et particulièrement la lutte contre les inondations dans Lomé.

Ce financement permettra également au gouvernement togolais d’élaborer des plans directeurs des cinq chefs de régions (Tsévié, Atakpamé, Sokodé, Kara et Dapaong).

Ce financement vient compléter les 13,9 milliards de Francs CFA de subvention déjà octroyés par l’UE en 2007, pour la première phase du PAUT dont la capitale Lomé et 10 autres villes secondaires ont bénéficié.

Dans une interview accordée à l’Agence SAVOIR NEWS, Edgar COULOMB, Directeur Maghreb / Afrique de l’Ouest d’EIFFAGE GENIE-CIVIL, revient à notre demande sur ce projet.

Savoir News : Le Chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a procédé le 26 avril dernier, au lancement du projet d’aménagement urbain du Togo/Phase II (PAUT II). Les travaux seront exécutés par le Groupement EIFFAGE/GER. Par quelle procédure ces deux entreprises sont-elles été retenues ?

Edgar COULOMB : Tout d’abord, permettez-moi de préciser que le Groupe français EIFFAGE et l’Entreprise togolaise GER se connaissent bien pour réaliser ensemble le grand chantier d’extension et de réhabilitation du terminal à conteneurs au Port de Lomé.

Animés de la même volonté de poursuivre l’aventure, EIFFAGE et GER ont à nouveau réuni leur savoir-faire, leurs moyens humains et matériels, pour répondre en groupement en Septembre 2015 à l’appel d’offres public lancé par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique pour la construction du 4e lac et des ouvrages de drainage des quartiers périphériques de Lomé.

A l’issue de cette procédure menée selon le Code des Marchés Publics, l’offre du Groupement EIFFAGE / GER a été jugée comme la meilleure parmi celles de nombreuses autres entreprises, au regard des critères techniques et financiers fixés dans le dossier d’appel d’offres.

Après avoir reçu la non objection des bailleurs de fond de l’opération, et de la DNCMP (Direction Nationale du Contrôle des Marchés Publics), le Ministère a ensuite attribué définitivement le contrat au groupement EIFFAGE / GER.

De manière ramassée, quels seront les travaux à exécuter et la durée ?

C’est un projet complet d’assainissement des quartiers Akodessèwa, Kanyikopé, Baguida, Kagomé, et Adamavo. Ce chantier de 23 milliards de FCFA HT comporte trois lots distincts :

* Le Lot N°1 consiste en l’aménagement d’un 4ème Lac de superficie 26 Ha à l’emplacement de l’ancienne lagune, et la création d’une liaison avec le Canal de Bè pour permettre les échanges hydrauliques avec le système lagunaire déjà existant.

Il comprend les travaux suivants : création du 4ème Lac par décapage puis dragage hydraulique d’environ 700.000 m3 de sable lagunaire, protection des berges du lac (33 000 m2), aménagement du canal de liaison, et d’une piste d’entretien de 4,5 km, …

* Le Lot N°2 consiste d’une part en la construction de canaux trapézoïdaux à ciel ouvert destinés à évacuer les eaux pluviales collectées dans les quartiers périphériques jusqu’au 4ème lac pour le canal d’Akodessewa (longueur 2 466 m ou mètres), ou directement dans le canal de décharge pour le canal de Kanyikopé (longueur 787 m).

Et d’autre part, en la construction d’un canal de décharge (longueur 4850 m) partant du 4ème Lac jusqu’à l’océan. Ce canal comporte une section trapézoïdale à ciel ouvert de 3540 m et un double dalot enterré de 1310 m. Il assure la décharge du 4ème lac, récupère les eaux pluviales des voiries adjacentes, et celles du canal de Kanyikopé.

* Le Lot N°3 comprend la réalisation de tous les réseaux d’assainissement des quartiers périphériques. Il s’agit de construire 33 km de canaux rectangulaires destinés à collecter les eaux pluviales dans les quartiers et à les rejeter dans les grands canaux du Lot N°2.

Ce chantier comporte près de 40 000 m3 d’ouvrages hydrauliques en béton armé à réaliser en site urbain dense. Nous avons deux ans pour réaliser l’ensemble de ces travaux.

Quel sera l’impact de ces ouvrages (après leur réalisation), sur la vie des populations des localités concernées ?

L’impact premier est l’assainissement des quartiers concernés et la réduction durable du risque d’inondation. Cela entraînera une amélioration significative de l’environnement socio-économique et sanitaire des populations riveraines du système lagunaire, ainsi que des activités industrielles et commerciales autour de la zone portuaire.

C’est au total plus de 300.000 habitants des quartiers de Kanyikopé, Akodéssewa Est (Kponou), Akodéssewa Ouest (Kpota) et Baguida qui verront leur environnement amélioré.

Ce chantier offrira aussi une opportunité d’emploi pour les populations des quartiers concernés, et contribuera ainsi à la lutte contre la précarité dans ces mêmes quartiers.

Comment le Groupement EIFFAGE/GER va-t-il réaliser ce chantier ?

Nous ferons la différence dans la conduite de ce chantier d’abord par la technique. Les méthodes de construction les plus modernes seront appliquées notamment pour les canaux et caniveaux, avec recours à la préfabrication au moyen d’outils coffrant spécialement développés par EIFFAGE, puis ensuite assemblage sur site et pose à la grue des éléments préfabriqués.

En comparaison aux méthodes classiques de construction en place, notre choix va contribuer au respect des délais, à la qualité des ouvrages finis, et à la réduction des nuisances causées aux populations des quartiers concernés grâce à des interventions plus rapides et plus propres.

Savoir faire la différence, c’est aussi, pour le Groupement EIFFAGE/GER, être irréprochable sur la qualité des ouvrages, et sur la sécurité de nos salariés.

Durant la réalisation du chantier, le Groupement EIFFAGE/GER a sûrement prévu une politique en faveur de l’emploi local (travaux à haute intensité de main d’œuvre, formation pluridisciplinaire, protection de l’environnement etc…). Parlez-nous-en.

Des mesures spécifiques seront prises pour le respect de l’environnement, l’hygiène, la sécurité, et pour une bonne politique sociale. Entre EIFFAGE et GER, près de 200 emplois directs ou indirects seront créés pour les besoins du chantier en privilégiant le recrutement local, avec une formation adaptée à l’embauche.

Nous accordons un soin particulier à la formation de nos salariés et au transfert de compétences, aussi bien au niveau de la technique que de la sécurité.

Parallèlement, je ferai appliquer la politique sécurité EIFFAGE : Objectif = 0 Accident / Tolérance = 0 Faute. La sécurité doit être pour chacun d’entre nous la préoccupation de chaque instant.

Le personnel sera doté des équipements de sécurité nécessaires au respect de nos standards en matière de sécurité et à l’atteinte de cet objectif. Des contrôleurs HSE seront désignés pour relever les anomalies et intervenir de façon préventive sur les situations à risque, comme le défaut d’équipements de protection ou les situations de travail non adaptées.

De plus, les chefs de chantier analyseront chaque semaine, avec leur équipe, au cours des «¼heure sécurité» une situation à risques : c’est de la formation continue, toute l’équipe participe à la résolution des problèmes. C’est ainsi que nous sommes parvenus à l’objectif «0 accident» depuis presque 3 ans sur notre chantier au port de Lomé.

Avez-vous un mot à dire aux populations des localités concernées par les travaux ?

Nous avons une obligation de résultats. Nous serons une fois encore à la hauteur. Mais restons dans le vrai : un chantier en site urbain dense génère des nuisances, car il perturbe le quotidien des riverains, commerçants, piétons, motocyclistes, automobilistes et chauffeurs routiers.

C’est un mal éphémère pour un mieux durable. Je voudrais joindre ma voix à celle du Président de la délégation spéciale de Lomé et du Chef du Canton de Bè, pour appeler à la patience.

Parallèlement, notre engagement est de limiter les nuisances apportées aux riverains, et de nouer un dialogue permanent avec les populations, au travers de leurs représentants. Ce dialogue permettra d’écouter, d’expliquer, d’adapter et, j’en suis sûr, de lever les incompréhensions et de résoudre ensemble les problèmes au fil de l’eau.

Pour créer de bonnes conditions, nous allons d’ailleurs nommer prochainement un représentant spécialement chargé du dialogue avec les populations riveraines pour que le chantier se déroule dans la transparence et dans la confiance. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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