What’sApp et la folie des internautes : Le phénomène « Mi-mè » (Partagez!)

 

La folie des internautes a pris une dimension toute particulière ces derniers mois, avec l’apparition du phénomène « Mi-mè (partagez !) », une situation qui, loin d’inquiéter les usagers de ces plateformes What’sApp (qui ont ravi la vedette à Facebook), préoccupe sérieusement les autorités : il y a une vie sur la toile, une vie non seulement inquiétante, mais aussi menaçante !

Il suffit d’avoir une image sous la main. Des légendes et commentaires existent déjà, il faut juste être créatif ou inventif, pour trouver la bonne illustration : « la scène est en cours actuellement ! L’oiseau dont je viens d’envoyer la photo vient de se transformer en un vieil homme ! Mi-mè, mi-mè, mi-mèèè (partagez abondamment)…! »,

« Je viens de vous envoyer quelque chose sur What’sApp, la dame a volé le mari de sa meilleure amie, Mimè.. ! ».

Pour la plupart des personnes interrogées, c’est hallucinant. « Mercredi, la photo d’un homme a circulé sur une plateforme dont je suis membre. Il était accusé d’avoir tué ses enfants. Cet homme a été arrêté, mais les informations ne se sont pas avérées. Il est intervenu sur une radio pour se prononcer sur le sujet… Franchement, c’est de la dérive et ça doit cesser! », a déclaré un juriste.

Pour Annie (étudiante), on retrouve de vieilles informations actualisées, que des gens relaient allègrement, sans se soucier de la psychologie des populations, surtout des enfants : »des images d’une rare violence, barbarie, des images obscènes. A moindre geste, vous êtes filmé par des +wasapeurs+. Eux, ils ne font que ça : filmer et envoyer ».

Et des partages d’histoires, continuent sur What’sApp : et de vraies histoires, et d’inventées, montées de toute pièce,…. ces plateformes accueillent volontiers, des personnes qui insultent, dénigrent, calomnient, sèment la psychose, se jettent des peaux de bananes,… et appellent à l’action : c’est de bonne guerre hein…Mi-mè !

 

Des textes, images, audio, d’origines inconnues, qui font peur, ….mi-mè !

Nous avons plus d’une fois lu, visualisé, écouté des messages sur des situations, des problèmes de santé, de droit, des conseils de santé, de bien-être, etc… mais depuis quelques mois, ces textes et images se noient dans une masse d’images violentes, de messages agressifs et de vidéos terrifiantes, venant de plusieurs horizons et difficile à vérifier. Plus d’une fois, des photos de personnes vivantes ont été publiées avec la mention « Rest In Peace »,  des messages agressifs avec la mention « Lpv » (Lu pour vous),… Récemment, un homme de la société civile a même été déclaré mort sur ces réseaux sociaux, une information vite relayée, qui a fini par être démentie.

 

Le gouvernement veut prendre le taureau par les cornes

Le sujet était en bonne place lors du conseil des ministres tenu le 21 mars dernier. L’une des communications est relative à la «régulation des réseaux sociaux».

Selon le gouvernement, «la prolifération des discours de haine (hate speech) et des fausses informations (fake news) sur internet et plus spécifiquement sur les réseaux sociaux, constitue aujourd’hui une préoccupation mondiale et une menace sérieuse, tant pour la stabilité des Etats que pour la cohésion et la paix sociale. Ce constat pose inévitablement la question de la pertinence et de l’efficacité des dispositifs préventifs et répressifs mis en place par les pouvoirs publics».

Les autorités togolaises entendent «renforcer la régulation des réseaux sociaux notamment par la mise en place d’une campagne de sensibilisation relative à leur usage, la signature d’un code de bonne conduite avec les représentants de structures comme Facebook et Twitter, l’adoption d’une loi sur les fausses informations et la création d’une plateforme de signalement».

Bon nombre de togolais ont apprécié cette sortie du gouvernement. «Ce qui se passe sur les réseaux sociaux m’inquiète, surtout la manière dont les gens partagent rapidement les +trucs+. C’est dangereux pour notre société. Il est vraiment temps de mettre fin à ces dérives et c’est en cela que je salue la décision du gouvernement», a commenté Sophie Amoudji, étudiante dans une université privée.

What’sApp, un outil formidable utilisé à tort

Certes, What’sApp permet normalement de discuter avec des parents, amis, et de partager des moments (images, vidéos, etc), mais l’application peut encore mieux servir si l’on décide d’en faire un bon usage.

Pour Aristide Fiokou (comptable dans une société de transit et féru des réseaux sociaux), cette application est un outil formidable : « Whatsapp représente un outil puissant pour les entreprises qui l’utilisent à bon escient. C’est une application qui permet de toucher un nombre incroyable d’utilisateurs et de communiquer avec ses clients de manière instantanée. En plus, c’est économique ».

« What’sApp peut être utilisé pour faire du marketing, et je crois que c’est ma façon la plus rentable d’utiliser cette application. Nous pouvons utiliser ce canal pour améliorer le service client de notre entreprise, diffuser des informations sur votre société, etc. », a appuyé  Joël, vendeur de portables à Déckon.

Pour Antony (nigérian, vendeur de friperie), cette application est un bon outil : « je m’en sers pour avertir mes clients, lorsque j’ai du stock. Je fais des photos et je l’envoie à tous, en un seul clic. Celui qui sait bien utiliser what’sApp saura en tirer profit ». FIN

Ambroisine MEMEDE