Un Casque bleu égyptien tué par un engin explosif au Mali

Un Casque bleu a été tué et quatre blessés samedi par l’explosion d’une mine au passage de leur convoi dans le centre du Mali, a annoncé la Mission de l’ONU Minusma.

Les victimes de l’attaque, qui s’est déroulée dans la matinée sur l’axe Douentza-Boni, proche de la frontière avec le Burkina-Faso, font partie du contingent égyptien de la force de l’ONU, a indiqué l’AFP une source sécuritaire proche de la Minusma.

Cette attaque est intervenue au moment où le président Ibrahim Boubacar Keïta poursuit ses consultations pour désigner un nouveau Premier ministre, deux jours après la démission du gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga.

Le Premier ministre a jeté l’éponge moins d’un mois après la tuerie de quelque 160 civils peuls dans le centre du pays et une série de manifestations contre la gestion de l’Etat.

Reçu samedi après-midi par M. Keïta, après les dirigeants de la majorité vendredi, le chef de file de l’opposition et candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Soumaïla Cissé, n’a pas fait de déclaration à sa sortie, selon un correspondant de l’AFP.Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a « fermement » condamné dans un communiqué « l’attaque lâche perpétrée contre un convoi de la Minusma qui a causé la mort d’un Casque bleu suite à l’explosion d’une mine ou d’un engin explosif (IED) » et fait quatre blessés parmi les Casques bleus, selon un « bilan provisoire ».

« Les Casques bleus ont réagi de manière proactive et robuste, ce qui a permis de neutraliser et de détenir des assaillants », a affirmé le commandant de la force de l’ONU, Dennis Gyllensporre, cité dans le communiqué.

« Un assaillant a été tué et six autres capturés » lors de cette riposte, selon la source sécuritaire proche de l’ONU. »Cette attaque montre un fois de plus que l’action de la Minusma met en déroute les terroristes qui cherchent à tout prix à faire dérailler le processus de paix au Mali », a estimé M. Annadif, en assurant qu’ils « devront répondre de leur actes ».- Engins improvisés -La Minusma est la plus coûteuse en vies humaines des opérations actuelles de maintien de la paix de l’ONU, avec plus de 190 morts depuis son déploiement en 2013, dont plus de 120 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des Casques bleus tués dans le monde depuis cinq ans.

La pose d’engins explosifs improvisés, en particulier le long des principaux axes de communication, constitue une « grave menace pour la sécurité », soulignait dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, daté du 26 mars, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

« Dans le centre du pays, la fréquence des incidents liés à ces engins a plus que triplé, passant de 29 en 2017 à 97 en 2018, et le nord a continué d’être touché par ces incidents (101 en 2017 et 116 en 2018) », selon le rapport.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.

Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.

En janvier, 11 casques bleus tchadiens ont été tués au cours de l’engagement le plus grave pour les forces de l’ONU.

Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires.

Ces violences intercommunautaires ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.

Le gouvernement a prononcé la dissolution de l’association de chasseurs dogons « Dan Nan Ambassagou », qui a démenti toute implication dans la tuerie mais a refusé de « déposer les armes ».

Des associations peules ont accusé les chasseurs d’avoir à nouveau assassiné deux bergers vendredi.

SOURCE : AFP