Le Nouvel Engagement Togolais (NET, opposition), présidé par Gerry Taama a suspendu samedi dernier, sa participation à la coalition « Arc-en-ciel », suite à l’appel de soutien aux marches du Collectif « Sauvons le Togo » (CST), lancé par ladite coalition. Pour sa rubrique « TROIS QUESTIONS A… », l’Agence Savoir News est allé à la rencontre de M.Taama. Pourquoi cette décision du NET? Y-a-t-il vraiment de « divergences de point de vue suffisamment importantes » au sein de la coalition « Arc-en-ciel »? Autant de questions posées au président du NET.
Savoir News: Dans un communiqué rendu public samedi, le NET a pris deux décisions: le parti suspend sa participation à la coalition « Arc-en-ciel » et invite ses militants à ne pas prendre part aux marches du CST, prévues les 21, 22 et 23 août à Lomé. Pourquoi ces deux décisions? Et qu’est-ce qui se passe au sein de cette coalition?
Gerry Taama:
En fait, il ne s’agit pas de deux décisions, mais d’une seule qui conduit, logiquement, à la seconde. Sans forcément rentrer dans les détails, le NET a considéré que le fait de demander aux militants des partis de la coalition de prendre part aux marches prochaines du CST n’avait pas tenu compte de l’obligation de consensus inhérent aux prises de décisions de la coalition. Il a d’ailleurs insisté sur la nécessite de prendre en compte les avis du collège des présidents, dont seulement trois étaient présents à la réunion. Il n’a pas été entendu. Pour rester fidèle à la vision et aux moyens d’action du parti, il ne pouvait que publier ce communiqué (qui fragilise la coalition, on est bien certain), mais nous devons notre entrée dans la coalition à notre parti, et nous resterons toujours fidèle à ses idéaux. Demander à nos militants de s’opposer à une décision du président de la coalition, tout en y restant la fragilise, voila pourquoi nous avons suspendu notre participation aux activités d’arc-en-ciel, ceci afin de lui permettre de continuer à fonctionner normalement, le temps pour tous les acteurs d’accorder leurs violons.Savoir News: Le communiqué publié par le NET parle de « divergences de point de vue suffisamment importantes », alors que la Coalition « Arc-en-ciel » vient à peine de naître. Ne pensez-vous pas que cela fait un peu « pagaille » et conforte dans leur position, ceux qui pensent que « l’opposition togolaise ne peut jamais parler d’une seule voix »?
Gerry Taama: Nous n’irons pas jusque là, mais nous reconnaissons que cela fait pagaille, et je puis vous jurer que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour obtenir des délais nécessaires pour obtenir des échanges plus approfondis avant publication d’un communiqué concernant les marches prochaines du CST. Mais d’autres pesanteurs, qui nous échappent encore, ont sans doute intervenu. Dans les jours à venir, je suis d’avis que nous allons exorciser les démons et renouer avec la convivialité et la confiance ayant imprégné les rencontres précédentes. Je crois que de notre capacité à surmonter ces épreuves – car il faut convenir que nous avons tous de fortes personnalités – dépendra l’avenir de ce pays. Mais je reste persuadé que nous saurons puiser dans notre patriotisme les solutions à la crise réellement mineure. Vous savez, ce ne serai pas la première fois au Togo qu’un parti suspend sa participation aux activités d’un groupe. Ça finit toujours par s’arranger.
Savoir News: Ne pensez-vous pas que cette décision peut fragiliser le NET (le dernier né de la classe politique togolaise), car d’aucuns vous accusent déjà d’être un « vendu »?
Gerry Taama: (Rire) On nous accusait déjà d’être un vendu, parce que nous osions porter des critiques au CST. Même à notre création, nous étions des vendus car, le président du NET est un ancien militaire. Et on continuera à nous accuser de tout, tant que nous conserverons une liberté de parole qui ne plait pas à certains. Je ne vois pas pourquoi je veux vouloir la fin d’un système de pensée unique prôné par le parti au pouvoir, pour troquer avec un autre dans l’opposition. Depuis la création du NET, nous avons mis l’accent sur nos moyens d’actions principaux qui sont la formation militante, la sensibilisation citoyenne et la solidarité. Nous sommes les chantres de la démocratie participative par la formation de proximité. C’est ce que nous faisons. Je reviens du nord où nous avons rencontré, lors d’échanges très approfondis, environs 700 togolais qui avant notre passage, n’avaient aucune idée de la situation socio-politique dans notre pays, et qui ne comprennent rien aux enjeux des élections. Telle est notre démarche. Elle est lente, longue, pénible, et souvent ingrate, comme c’est le cas avec le lynchage que nous subissons. Mais c’est la bonne méthode. Il faut que tous les togolais soient dans le coup. Et nous allons continuer à la faire. La fragilisation dont nous avons peur, c’est celle de notre base. Et pour le moment, elle est plus mobilisée que jamais. FIN
Propos recueillis par Junior AUREL
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