Togo/Coronavirus: Gerry Taama dissèque le discours du PR

Gerry Taama, le président du NET

Gerry Taama (président du Nouvel Engagement Togolais/NET) est largement revenu sur le message télévisé mercredi soir du président Faure Gnassingbé, annonçant une batterie de mesures dont l’état d’urgence sanitaire et le couvre-feu, en vue de freiner la propagation du coronavirus.

Dans son analyse, M.Taama relève plusieurs points, sans oublier ses « regrets ».

 

Voici l’intégralité de son texte

 

——————————————————————————

 

Ce que je pense du discours du président de la République

 

Les points positifs

 

Équipement du personnel soignant en Épi: Très important car ce personnel doit être protégé. Il faut aussi renforcer sa formation.

État d’urgence de trois mois : Le délai est raisonnable, sauf que j’attends de voir l’ordonnance qui institue l’état d’urgence. On n’a aucune loi sur l’état d’urgence, donc une ordonnance doit avoir été prise.

Suspension de la procédure de recouvrement des impôts à l’Otr pendant la période de la crise : C’est bien pour la santé des PME PMI. C’est un minimum. Mais il faudra penser à amortir les chômages partiels du personnel.

Moratoire au niveau de la BCEAO /Banques sur les crédits des pme/PMI et les grandes entreprises : C’est bien mais on oublie les crédits des particuliers, et surtout les microcrédits de l’informel. Le plus grand nombre est laissé de côté, surtout tous ces petits commerçants qui ont des crédits dans les micro-finances.

Exonération des impôts, taxes et frais de douane sur tous les produits médicaux liés au traitement du coronavirus : C’est plutôt une bonne chose pour avoir des produits à des coûts raisonnables. On devrait avoir les prix des masques et gels hydroalcooliques baisser, s’il y’a des commandes.

Prise en charge par l’état des frais médicaux liés aux soins de coronavirus : C’est une bonne mesure mais c’est aujourd’hui ce que toutes les nations font. Les soins du coronavirus sont gratuits pour inciter les gens à aller se faire dépister.

Fond de solidarité de 400 milliards de francs, financé par l’Etat, les partenaires et les bonnes volontés : C’est presque un tiers de notre budget national. Il faudra expliquer la part de l’état et les lignes budgétaires qui seront sacrifiées. Qu’est ce qu’on entend par bonne volonté ? J’aurai moi préféré qu’on en appelle à une contribution volontaire pour constituer une cagnotte qui pourrait par exemple appuyer les efforts du gouvernement. J’espère que des précisons viendront. Il faut avoir les détails de ce budget de 400 milliards.

 

Les points moyens

 

Le couvre feu : Même s’il se limite à Lomé, je ne comprends pas pourquoi on ne ferme ni bars ni restaurants, mais on impose un couvre feu comme si le virus ne circulait que la nuit. D’ailleurs avec la psychose actuelle, peu de personnes sortent la nuit. Je reste très sceptique. Il faudra qu’on m’explique.

La force anti-corinavirus : C’est une nouveauté mais personnellement, je crois que les formations existantes auraient pu faire le travail. Ça va créer une nouvelle chaîne de commandement moins rodée à travailler ensemble.

Gratuité de l’eau et de l’électricité pour les tranches sociales : C’est plus un effet d’annonce qu’autre chose. La tranche sociale pour l’eau s’arrête à 10m3, pour un prix du m3 à 190f, soit 1900 par compteur et pour trois mois, 5700f. Pour l’électricité, la tranche sociale est à 40kw pour 63f le kw, soit 2520 le mois, ou 7620 les trois mois. C’est peu de choses. Surtout n’allez pas commencer à faire jus parce que l’électricité serait gratuite. Et il ne faut pas oublier que très peu de personnes ont des factures qui se limitent aux tranches sociales car les personnes en précarité habitent des maisons en location où les factures sont cumulées. Bien entendu, on ne sait pas comment les tranches sociales seront prélevées sur les compteurs LAFIA et cash power. Il faudra nous expliquer.

Réaménagement du temps de travail : Les fonctionnaires vont ouvrir de 9h à 16h en journée continue. A Lomé c’est compréhensif du fait du couvre feu. A l’intérieur du pays, l’utilité est marginale. Mais c’est à Lomé que ça va être terrible car beaucoup de petits commerces excellent justement la nuit, y compris nos amis zedmans. S’il n’ya pas de compensation, ça va être compliqué. En fait, le couvre feu veut dire confinement de 19h à 6h.

Transferts monétaires pour les couches défavorisées : Ça veut dire quoi exactement et ça va se faire comment ? Est ce les fameux 15.000 F.CFApar ménage sur trois mois ? C’est à voir. De toutes les façons, les gens qui vont souffrir des nouvelles mesures sont les habitants de Lomé.

 

Les regrets

 

Je regrette que le gouvernement n’ait pas pris des mesures pour rendre plus disponibles les masques. Aujourd’hui il est établi qu’ils sont une étape importante dans la lutte contre la pandémie.

Je déplore aussi qu’on n’opte pas dès à présent sur les tests de masse. Il ne faut pas attendre de présenter les symptômes avant de se faire tester. A ce moment, vous avez déjà contaminé plusieurs personnes.

J’aurai souhaité qu’on dénonce aussi les spéculateurs qui multiplient les prix des produits de première nécessité. Et qu’on publie la mercuriale des prix pour mettre tout le monde d’accord.

Le problème de la surpopulation carcérale. peut être que ça va venir, mais il serait bien de faire de l’espace dans nos prisons.

Pour finir, je constate que la communication (téléphonie et internet) n’a pas été prise en compte. Or, plus les gens restent à la maison, plus ils communiquent. Mais les opérateurs peuvent aussi participer à l’effort de guerre en proposant des tarifs attrayant. Curieux.

Voilà, je m’arrête là. J’aimerais aussi avoir vos observations sur le discours du chef de l’Etat.

On l’attendait, il est là, mais en dehors du couvre feu, je n’ai pas trop l’impression sur quelque chose va fondamentalement changer dans mon quotidien. C’est le secteur formel qui ça profiter d’une bonne partie des mesures.

Mais le président enfin a parlé. Place à ses ministres de prendre le relais et être surtout présents au chapitre de la sensibilisation et la communication. C’est là où le bât blesse. FIN

 

Savoir News