Société : Le projet de lutte contre les grossesses précoces, lancé à Kpalimé

Le projet de lutte contre les grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire et dans les centres d’apprentissage a été lancé vendredi au Lycée de Zomayi dans la banlieue sud-ouest de la ville de Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé) lors d’une rencontre de sensibilisation sur le phénomène, a constaté le correspondant de l’Agence Savoir News.

Ce projet initié par l’association Winner Group en collaboration avec la Plateforme des Organisation de la Société civile de Kloto (PF OSC-K), entend contribuer sur une période de six mois, à la réduction du taux élevé de grossesses précoces des jeunes en milieu scolaire et dans les centres d’apprentissage dans la préfecture.

Il s’agit à travers ce projet, d’améliorer les connaissances des élèves et apprentis dans le domaine de l’éducation sexuelle, de renforcer les capacités des encadreurs enseignants des écoles et centres d’apprentissage et des parents, en vue de les amener à favoriser leur éducation sexuelle.

D’un coût estimé à 3,657 millions de F.CFA, ce projet est financé par « Hub Cymru Africa » et Gender Equality in Togo Supporting Empowerment Together (GETSET) Wales du Royaume Uni.

Il est initié dans le souci d’informer les élèves et apprenties sur les risques liés aux grossesses précoces, à l’utilisation responsable du sexe et d’amener les encadreurs (enseignants et patronnes des apprenties) et les parents à assumer pleinement leurs responsabilités d’éducateurs, afin de contribuer à réduire ce taux de cas de grossesses précoces.

Le projet « lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire et dans les centres d’apprentissage dans le Kloto » entend combattre ce fléau social qui risque d’hypothéquer le devenir des enfants, à travers l’organisation des séances de sensibilisation et de conscientisation, la mise en place de clubs de relais des élèves qui joueront le rôle de paires éducateurs, de renforcement de capacités sur l’éducation sexuelle et des mesures préventives, la mise en place de cadres de concertations sur des questions liées aux grossesses précoces et l’éducation sexuelle.

Ces séances de sensibilisation et d’information seront organisées à l’endroit des élèves et apprenties dans les centres et établissements ciblés (Lycées de Zomayi, de Kpodzi, de Tové Rail, de Womé, de Lavié et de Yokélé, dans les CEG de Kpéta, de Nyivémé, de Hanyigba, d’Agomé Yo, au CRETFP, à AGERTO au Centre artisanal et à la chambre de métiers ainsi que dans les zones d’intervention de la préfecture (cantons de Agomé Kpalimé, de Tové, de Hanyigban, de Womé et de Yokélé).

Selon Marie Amétépé (la coordinatrice du projet), les grossesses précoces et non désirées constituent un handicap sérieux à l’évolution et à l’épanouissement de la jeune fille.

Mme Amétépé a présenté la situation alarmante du phénomène de grossesses précoces, de 2009 à 2017 à Kpalimé.

Selon ses explications, les études ont révélé qu’au total 5.343 cas de grossesses ont été enregistrés entre 2009 et 2012.

« Cette situation s’est aggravée durant l’année scolaire 2012-2013 où près de 7.000 grossesses ont été encore enregistrées. Le phénomène n’épargne pas les élèves du cours primaire dont l’âge est généralement compris entre 8 et 12 ans », a-t-elle expliqué.

« Une autre étude réalisée dans les centres de formation (ateliers de couture et de coiffure) montre que depuis 2009, 18,18% des apprenties contractent la grossesse, 75% d’entre elles abandonnent leur formation et seulement 25% continuent la formation et réussissent à leurs examens de fin d’apprentissage », a-t-elle précisé.

Pour Mme Amétépé, ces différentes études ont révélé que les auteurs de ces grossesses sont leurs camarades élèves et apprentis, leurs enseignants, leurs patrons, les maris des patronnes, le personnel administratif et des personnes nanties les dépassant en âge.

Elle a ajouté que quelques données statistiques produites par l’inspection de l’enseignement secondaire général de Kpalimé ont révélé : au 1er cycle du secondaire de 2013-2014, au total 81 cas de grossesses dont 24 ont poursuivi les cours dans leur état, 54 ont abandonné les cours et 3 ont avorté.

Au 2ème cycle du secondaire, il a été dénombré 19 cas de grossesses dont 10 ont poursuivi les cours, 7 ont abandonné et 2 cas d’avortement.
Entre 2014-2015, 199 cas de grossesses pour les deux cycles dont 108 abandons. 91 ont poursuivi les cours et 13 avortements.

Entre 2015-2016, 59 cas de grossesses rien qu’au premier trimestre et de 2016-2017, 130 cas ont été dénombrés.

Le secrétaire général de la préfecture de Kloto, M. Békéyi Sogoyou a souligné que la responsabilité de cette débauche de la jeunesse est une responsabilité partagée. Il a dénoncé le silence et la complicité de certains parents face au comportement inapproprié de leurs enfants qui se livrent à la débauche.

Le secrétaire général a souhaité que la patrouille policière soit poursuivie pour décourager les sorties nocturnes des filles et félicité l’association +Winner Group+ pour son engagement dans cette lutte.

Le chef d’inspection de l’Enseignement secondaire général, M. Kwamitsè Kossi a relaté les situations et causes favorisant les grossesses dans le milieu et proposé des approches de solutions.

« Il nous faut des lois qui s’appliquent réellement contre les auteurs indélicats et même contre ceux qui cherchent à étouffer ces lois », a suggéré M. Kwamitsè.

Ce dernier a convié tout le monde à sauver la jeune fille, élève, mère et citoyenne émancipée de demain, précisant que c’est à cette seule condition que la planète 50/50 sera une réalité dans le pays. FIN

De Kpalimé, Bolassi ATCHINAKLE

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