+Semaine de l’évaluation des politiques publiques et de gestion axée sur les résultats des développements au Togo+ : « Nous avons vraiment besoin de dialoguer, d’échanger, de mettre tous les problèmes sur la table » (Kako Nubukpo)

Lomé va abriter du 25 au 28 mars, la +semaine de l’évaluation des politiques publiques et de gestion axée sur les résultats des développements au Togo+, l’une des premières grandes activités du ministre auprès de la Présidence de la République chargé de la prospective, de l’évaluation des politiques publiques avec l’appui financier de la Banque Africaine de Développement (BAD).

Pourquoi une telle rencontre ? Quels sont les objectifs visés ? Qui sont ceux qui prendront part aux discussions ? Autant de questions posées au Professeur Kako Nubukpo dont le département ministériel organise l’évènement, dans une interview à Radio Kanal Fm et l’Agence Savoir News.

Le ministre est également revenu sur le fonctionnement du CADERDT, un centre qu’il dirigeait avant sa nomination. Il a également exposé le fonctionnement de son département.

Q: Vous êtes ministre auprès de la Présidence de la République chargé de la prospective, de l’évaluation des politiques publiques. Ce ministère créé récemment n’est pas tout à fait connu du grand public. Comment fonctionne ce ministère ?

R : Le ministère a deux volets: la prospective d’une part et l’évaluation des politiques publiques d’autre part. Alors, s’agissant de la prospective, l’idée c’est de réaliser de façon participative la vision Togo 2030 : comment les togolais et les togolaises voient l’avenir de leur pays ? Quelles sont les aspirations et comment nous pourrons aider à les réaliser?

Le second volet du ministère qui consiste plutôt à évaluer les politiques publiques, est fondé sur l’idée de la bonne gouvernance et de la gestion axée sur les résultats. Et donc vous voyez que les deux volets sont complémentaires. D’une part, la vision que nous avons pour le pays et d’autre part, la manière dont nous pouvons réaliser de façon la plus rationnelle possible cette vision.

Q : Vous avez quitté la tête du CADERDT pour votre poste actuel. D’aucuns estiment que ce Centre a été vidé de sa substance au profit de votre portefeuille ministériel. Qu’en dites-vous ?

R : Non. Comme vous le savez, le CADERDT est Centre Autonome d’Etude et de Renforcements des Capacités pour le Développement au Togo. Et en ce sens, la philosophie du CADERDT, c’est comment renforcer les capacités de l’ensemble des citoyens (secteur publique, secteur privé et société civile), afin qu’ils puissent contribuer du mieux possible au développement de notre pays.

Donc, la création de ce ministère est quelque part, une montée en gamme de ce que fait le CADERDT pour que la légitimité politique qui peut être nécessaire – quelque fois pour impulser ce processus indispensable de renforcement des capacités – puisse être effective. Alors, dans la nouvelle architecture, le CADERDT a comme présidence du comité de pilotage, le ministère chargé de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques. Nous allons plus vers une grande complémentarité.

Q : Autrement dit, vous dirigez toujours le CADERDT ?

R : Non. Le principe du CADERDT est l’autonomie vis-à-vis des responsables politiques, raison pour laquelle j’ai dû démissionner du CADERDT dès l’annonce de mon entrée au gouvernement. Nous tenons beaucoup à l’indépendance du CADERDT, parce que c’est au prix de cette indépendance que la crédibilité du Centre peut être assise.

Q : L’une des grandes actions annoncées par votre ministère est la tenue du 25 au 28 mars de la +semaine de l’évaluation des politiques publiques et de gestion axée sur les résultats des développements au Togo+. Quel est l’intérêt de cet évènement ? Et qu’est-ce qui sera fait ?

R : Comme nous sommes dans une nouvelle philosophie du développement marquée par le passage d’une logique de moyen à une logique de résultat, il est important que tous les togolais – en tout cas la plupart – soient mis au courant des enjeux de ce basculement. Et, nous voulons insister sur le fait que l’évaluation des politiques publiques a trois enjeux qu’il faut mettre à disposition du publique.

Le premier enjeu, c’est l’enjeu démocratique. Dans une démocratie, il y a lieu de rendre compte : c’est la redevabilité. C’est pour cela que nous évaluons les politiques publiques, afin que chacun sache ce qui se passe au niveau de ces politiques.

Le deuxième enjeu, c’est l’enjeu de gestion. Comme vous le savez, nos ressources sont rares, donc elles doivent être allouées de façon optimale : c’est-à-dire que là où les politiques ne donnent pas leurs résultats escomptés, il faut les réviser. Là où les politiques donnent leurs résultats, il faut peut-être les encourager, sinon à les amplifier. Et là où les politiques ne sont vraiment efficaces ou efficientes avec des objectifs qui ne sont pas clairs, il faut peut-être les abandonner.

Le troisième enjeu, c’est l’enjeu de l’aide à la décision pour le gouvernement. C’est-à-dire la différence entre ce que nous faisons : l’évaluation d’impact et ce que d’autres font en terme d’audit ou de contrôle.

Nous devons du fait de nos résultats, aider le gouvernement à améliorer l’action publique. Ces trois objectifs (la redevabilité, une meilleure gestion et l’aide à la décision) doivent être connus et partagés.

Et c’est pour cela que la semaine nationale de l’évaluation a comme principal objectif de mobiliser l’ensemble des togolais à un exercice qui va être un exercice de plus longue durée en vue de l’élaboration de la politique nationale de l’évaluation des politiques publiques du Togo.

Q : Est-ce à dire que vous êtes dans la dynamique d’un événement annuel ou d’un événement qui va se répéter dans le temps ?

R : Chaque année, nous aurons la semaine nationale de l’évaluation pour faire le point sur le résultat auquel nous aurons abouti du fait de l’évaluation des politiques. Pour donner un cadre global à cette activité, il nous faut élaborer une politique nationale de l’évaluation. Et c’est ce processus d’élaboration qui doit être le plus participatif possible afin que, et les collègues du gouvernement, et les acteurs de la société civile, les acteurs du secteur privé puissent avoir leur mot à dire afin que, nous ayons un document qui soit le fruit d’un consensus national.

Q : Et quelle sera la participation dans ce processus ? Est-ce qu’une semaine d’activité peut permettre à la population de participer ou même de demander des comptes ?

R :

La population sera bien entendue associée de deux façons. Déjà, nous allons faire le tour du Pays. C’est un exercice que nous allons faire à la fois pour la prospective, (pour avoir la vision des togolais), mais aussi pour l’évaluation, afin de comprendre les enjeux et les aspirations de la population. Mais, en dehors de ce travail de terrain que nous allons faire, il y a ce qu’on appelle les corps constitués : les représentants des Ongs, le patronnât, la Chambre de Commerce. Avec ces corps constitués – ces représentants dont la légitimité est quand même avérée – nous pouvons engager dès mardi 25 mars, ce processus de discussions en vue de l’élaboration de la politique nationale de l’évaluation.

Q : L’initiative de cette semaine de l’évaluation des politiques publiques et de gestion axée sur les résultats des développements au Togo est une initiative de votre département ministériel. Selon nos informations, il y a également la collaboration de la Session Togolaise de la Communauté Africaine des Praticiens (AFCOP) et le Réseau Togolais des Evaluateurs (RETEVA) avec l’appui technique et financier du département de la Banque Africaine de Développement (BAD). Dites-nous, quel sera l’apport de chacun de ces partenaires durant cette semaine ?

R : L’apport que nous escomptons est très grand, parce que le contrôle citoyen de l’action publique est au cœur de la création de ces deux instances que vous venez de citer : L’AFCOP et le RETEVA. Nous avons vraiment besoin de dialoguer, d’échanger, de mettre tous les problèmes sur la table, afin que de façon participative, nous essayons de trouver des amorces de solution. A l’égard des éléments que je voudrais souligner, c’est l’appui technique et financier de la BAD qui, dès la création de notre ministère n’a ménagé aucun effort pour nous accompagner. Et comme vous le savez, le Département de l’évaluation de la BAD – qui est intitulé l’OPEV – a une riche expérience en matière d’évaluation des politiques programmes et projets partout en Afrique. Et cette expérience, la BAD accepte de la mettre à notre disposition, afin que nous ne réinventions pas la roue, que nous puissions déjà nous inspirer de ce qui a été fait par ailleurs, dans d’autres pays. Et c’est aussi le sens de l’invitation des ministres béninois et sénégalais en charge de l’évaluation des politiques publiques pour que nous puissions partager ensemble, les expériences croisées de nos Etats, en particulier le Benin qui, depuis 2006 s’est mis dans la dynamique de l’évaluation des politiques publiques et qui a déjà son document de politique nationale d’évaluation.

Et donc, le ministre béninois de l’évaluation des politiques publiques présentera l’expérience de son pays, les avancées qu’ils ont eues grâce à cette expérience et les défis qui leur restent à relever.

C’est vraiment quelque chose de nouveau que moi j’appelle +une révolution paradigmatique, de basculement d’une logique de moyen à une logique des résultats+. Il faut que nous rendions compte de ce que nous faisons. Il faut que nous changions ce qui ne marche pas et nous amplifions ce qui marche. Il faut que tous les togolais sachent en temps réel, ce que fait le gouvernement pour gagner la confiance et la mobilisation de tous. FIN

Sosthène HOUMEY-HAKEH (Stagiaire)

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