Réformes politiques : Faure Gnassingbé invite la classe politique « à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates » (Lire l’intégralité du discours)

Le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a invité samedi soir, la classe politique « à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates » dans des débats sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles.

Le pouvoir et l’opposition sont à couteaux tirés depuis quelques semaines sur le cadre des discussions devant conduire à ces réformes qui doivent porter notamment sur la limitation du nombre de mandat présidentiel, le mode de scrutin et la recomposition de la cour constitutionnelle et de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), structure chargée de l’organisation des élections.

Pour l’Union pour la République (UNIR, le parti au pouvoir), l’Assemblée nationale est le « cadre le plus indiqué pour débattre utilement des réformes envisagées, conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global (APG) », signé en août 2006 par les différents acteurs politiques togolais. Cette proposition n’est pas du goût des principaux partis politiques de l’opposition, minoritaires au Parlement. Les deux grands regroupements, le Collectif « sauvons le Togo » (CST) et la Coalition « Arc-en-ciel », ont respectivement 19 et 6 sièges, contre 62 sièges pour le parti au pouvoir.

Des concertations menées par le Premier ministre avec des partis politiques représentés au Parlement n’ont pratiquement rien donné, chaque camp ayant gardé sa position.

Selon le chef de l’Etat, « il n’est pas étonnant » que le débat sur les réformes politiques « soit si animé, à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle ».

« Toutefois et comme je l’avais déjà dit, le débat doit être utile et fécond. Il doit faire avancer la communauté de destin que nous nous efforçons de construire ensemble. Dans cet effort qui nous mobilise depuis plusieurs décennies, notre force ne peut résider que dans notre aptitude à savoir ce que nous voulons pour nous-mêmes et pour notre pays », a indiqué Faure Gnassingbé dans son message à la nation la veille de la célébration du 54ème anniversaire de l’indépendance du Togo.

« C’est pourquoi, face aux enjeux majeurs liés au reliquat des réformes politiques en cours, je voudrais inviter toute la classe politique à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates. Je voudrais inviter chacune et chacun d’entre vous à dépassionner le débat, à ne se laisser guider que par le souci primordial de doter notre pays d’un édifice institutionnel propice à son plein épanouissement », a-t-il poursuivi.

« (…) Tâchons surtout d’avancer, en ayant à l’esprit notre responsabilité historique de préserver le climat d’apaisement que notre pays a su retrouver après tant de péripéties », a ajouté le président togolais.
Faure Gnassingbé a abordé plusieurs autres sujets notamment l’accident survenu récemment à l’entrée d’Atakpamé avec un bilan lourd : 48 morts et 14 blessés.

« Ce drame, mes chers compatriotes, nous rappelle une fois encore, combien il est important de renouer avec les valeurs civiques et notamment le respect en toutes circonstances, des prescriptions du code de la route, car ce sont avant tout des vies humaines qui sont en jeu », a-t-il précisé.

Le président togolais a alors décidé que l’année 2014, soit décrétée « année de la sécurité routière dans notre pays, compte tenu des pertes immenses que nous avons subies sur nos routes ces dernières années ».

Voici l’intégralité du discours du président Faure Gnassingbé

Togolaises, Togolais

Mes chers compatriotes,

A quelques heures de la fête de notre indépendance, je m’adresse à vous, pour souligner à nouveau, la communauté de destin qui nous lie.

Les liens indissolubles qui nous unissent depuis 54 ans, en tant que citoyens d’une même nation, nous commandent aujourd’hui de nous rassembler, dans un même élan et au- delà de tous les clivages, autour des valeurs républicaines et dans un esprit de cohésion nationale.

Je souhaite donc vivement que ces valeurs qui fondent notre commune appartenance à la nation togolaise ravivent aujourd’hui en nous, le souvenir de nos compatriotes, de nos glorieux compatriotes qui sont tombés au champ d’honneur pour la libération du peuple togolais.
Qu’il me soit ainsi permis de rappeler avec solennité, notre dette de reconnaissance à l’égard de tous ceux qui, par leurs sacrifices, ont forgé notre identité nationale et contribué à asseoir notre indépendance.

Après tant d’années de lutte acharnée pour l’essor d’une nation togolaise libre, nous avons le devoir de nous montrer dignes de leur héritage. Pour cela, nous devons rester unis, pas seulement dans les moments de joie mais aussi face aux défis et aux épreuves de la vie.
Je saisis donc l’occasion qui m’est offerte ce jour, pour m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes des drames qui ont endeuillé la nation togolaise depuis le début de cette année.

Mes pensées, vous le savez, vont plus particulièrement vers nos frères et sœurs que nous avons tragiquement perdus, il y a quelques jours, dans le terrible accident de circulation survenu à l’entrée de la ville d’Atakpamé.

Je partage le deuil des familles éplorées et je leur réitère toute ma solidarité, ma compassion dans cette douloureuse épreuve qu’elles traversent.

Je renouvelle mes sincères condoléances aux familles togolaises et étrangères qui ont perdu des parents dans ce tragique accident et souhaite un prompt rétablissement aux nombreux blessés.

Ce drame, mes chers compatriotes, nous rappelle une fois encore, combien il est important de renouer avec les valeurs civiques et notamment le respect en toutes circonstances, des prescriptions du code de la route, car ce sont avant tout des vies humaines qui sont en jeu.

Compte tenu des pertes immenses que nous avons subies sur nos routes ces dernières années et afin de renforcer la prévention à tous les niveaux, j’ai décidé que l’année 2014, soit décrétée année de la sécurité routière dans notre pays.
Les usagers de la route, comme les agents de sécurité sont ainsi conviés à conjuguer leurs efforts pour préserver les vies humaines, en mettant notre pays à l’abri des drames qui se nouent trop souvent sur nos routes.

Mes chers compatriotes,

La fête nationale que nous commémorons, est aussi un moment propice pour célébrer la vaillance de nos Forces de défense et de sécurité.

Je me fais donc l’agréable devoir, de rendre en votre nom à tous, un hommage particulier à tous nos militaires, gendarmes, policiers et gardiens de préfecture.

Qu’ils soient au pays ou à l’étranger, dans les missions de maintien de la paix, je tiens à leur redire solennellement toute notre reconnaissance pour le sens du sacrifice et leur engagement au service des idéaux de paix, de sécurité et de prospérité que notre nation chérit au plus profond d’elle-même.

Nos forces de défense et de sécurité sont résolument engagées aux côtés de la nation, dans la quête du développement économique et social. Cet engagement nous impose d’adapter constamment notre système de défense et de sécurité à l’évolution des menaces contre la paix et la sécurité, mais aussi aux nouveaux défis économiques et sociaux.

Ces défis sécuritaires qui se sont malheureusement amplifiés ces dernières années, appellent une vigilance de tous les instants, à nos frontières comme à l’intérieur du territoire national.

Parallèlement, nous devons faire l’effort de sortir des sentiers battus pour préserver la stabilité que, grâce à Dieu nous avons su restaurer et qui est si vitale pour notre avenir.

Compte tenu de tous ces enjeux, j’ai donné des ordres aux hauts commandements militaires, afin qu’ils engagent une réflexion profonde sur les pistes que nous devons emprunter pour refonder notre système de défense et de sécurité sur des bases nouvelles.

Cette refondation passe par une réforme de grande envergure. Celle-ci débouchera sur une réorganisation de nos Forces de défense et de sécurité. Ce processus permettra à terme, de doter nos forces de défense et de sécurité d’une nouvelle architecture et des moyens nécessaires pour relever de l’insécurité sur les mers avec la piraterie maritime, mais également le défi du terrorisme international et de la criminalité transfrontalière.

Togolaises, Togolais

Mes chers compatriotes,

En ces heures si particulières, où la ferveur de la fête de l’indépendance gagne nos foyers, j’ai choisi de vous parler aussi d’avenir. De cet avenir que nous devons ensemble bâtir, dès aujourd’hui.

Après quelques décennies d’efforts et de dur labeur, notre pays, grâce à Dieu, a retrouvé la stabilité. Il a renoué avec la croissance et c’est aujourd’hui un pays plein de promesses, à tous égards.

Mais pour la pleine réalisation de ces promesses, il faut un engagement résolu de tous nos concitoyens. Il faut aussi une vision commune de l’avenir, une vision partagée.

J’ai pour ma part l’intime conviction que l’heure est venue de libérer tout notre potentiel, dans un grand sursaut qui nous propulsera, je l’espère, vers un nouvel horizon.

Je veux, avec vous, faire du Togo, un pays prospère. Et je veux pour cela, engager les citoyens de tous horizons, dans une union sacrée pour ancrer la croissance économique dans l’avenir.
Cette entreprise, vous vous en doutez, exige de l’audace et même le dépassement de soi.

Mais ces vertus ne peuvent être fécondes que si nous nous fixons dès à présent, des objectifs clairs ainsi que les caps essentiels que nous devons franchir vers ce nouvel horizon.

Les étapes de notre essor économique, telles que nous les envisageons, doivent se situer naturellement dans le prolongement des phases que nous avons déjà franchies.

La stabilité étant aujourd’hui restaurée et la confiance de nos partenaires et des investisseurs rétablie, il nous revient en priorité durant les prochaines années, de consolider les bases de notre économie. Pour y parvenir, il nous faut impérativement poursuivre les investissements dans les infrastructures, tout en accompagnant activement la mutation du secteur agricole.

La modernisation de l’agriculture balisera la voie pour l’essor des industries de transformation et la multiplication des petites et moyennes entreprises et même des très petites entreprises.
Le défi à relever dans ce domaine, consiste à favoriser et à créer, de véritables filières de transformation.

Cette première étape de la feuille de route vers la prospérité positionnera le Togo comme une force d’exportation dans la sous-région.
Bien entendu, la structuration des filières existantes notamment, le secteur agricole artisanal et industriel et leur réorientation vers l’exportation des produits finis et semi-finis, aura le triple avantage d’accélérer la création d’emplois et de l’accroître, de redonner confiance à la jeunesse togolaise et de tirer les revenus vers le haut.

Une fois cette première étape franchie, il s’agira d’accélérer la marche vers nos objectifs, en concentrant nos efforts sur les activités de services, en mettant un accent tout particulier sur la logistique. Fort de sa longue tradition des échanges commerciaux, le Togo aura ainsi toutes les cartes en main pour se positionner comme le hub d’affaires par excellence, dans une sous-région en pleine croissance.
Enfin, dans la troisième phase de cette feuille de route vers la prospérité, je vois notre pays s’affirmer dans la construction d’un label de qualité et d’un pôle de compétitivité.

Togolaises, Togolais

Mes chers compatriotes

Ainsi se présente à grands traits, ma vision de l’avenir. Pour concrétiser cette vision, il est vital que nous nous entendions sur certains principes simples.
Tout d’abord, la voie vers la modernité ne se construira pas au détriment du bien-être des citoyens. Bien au contraire, elle va de pair avec une prise en compte effective des préoccupations sociales de nos populations.
Elles sont légitimement en quête d’un meilleur pouvoir d’achat et nous devons en tenir compte en toutes circonstances.
Chacun sait aujourd’hui que le phénomène de la vie chère n’épargne aucun pays. Néanmoins, des efforts doivent être continuellement déployés afin d’en atténuer les effets, en accordant une attention toute particulière aux investissements à fort impact social.
En partant du constat que l’accès à un logement décent constitue l’une des bases fondamentales d’une vie sociale épanouie, le Gouvernement a décidé de faire de la construction des logements sociaux un axe prioritaire de son action.
Des études ont déjà été réalisées et le Gouvernement planifie d’ores et déjà la construction de milliers de logements sociaux à partir de 2015.
Un site a déjà été identifié pour la construction de 1000 logements, dans le cadre d’un projet pilote qui va démarrer avant la fin de l’année 2014.
Dans le sillage de cette orientation résolument sociale de la politique du Gouvernement, je voudrais insister sur notre ferme détermination à conduire notre pays vers la modernité, tout en œuvrant à la construction d’une société togolaise beaucoup plus inclusive.
Le Fonds national de la finance inclusive que nous avons lancé en début d’année s’inscrit dans cette dynamique.
Il prend en compte la situation préoccupante de ces nombreux concitoyens qui ont du mal à accéder aux services financiers de base.

Le démarrage effectif, ce matin même, du Programme d’appui à l’accès des pauvres aux services financiers témoigne de notre ferme engagement à changer la donne.
Pour le compte de l’année 2014, ce programme qui est le tout premier produit du Fonds national de la finance inclusive, permettra à 300.000 personnes vivant dans la précarité, d’accéder au microcrédit, à la petite épargne et à la micro assurance. C’est un bon début. Mais il faut faire mieux. Il y a du chemin à faire.

J’en appelle donc au sens des responsabilités des uns et des autres pour que le Programme que nous venons de lancer atteigne pleinement les résultats attendus.

La rigueur est donc de mise afin que les espoirs légitimes qui ont été suscités ne soient pas déçus.
Je voudrais par ailleurs, souligner que notre marche vers une modernité pleinement assumée devra suivre la cadence de l’efficacité dans la gouvernance économique et financière.

L’aboutissement du processus de mise en place de l’Office togolais des recettes devrait être accueilli comme un des signes tangibles de l’évolution de la société togolaise. L’OTR est en effet, la dernière illustration en date, des avancées que nous réalisons en matière d’efficacité de la gouvernance économique.

Je tiens toutefois à rassurer nos frères et sœurs des agents des douanes et des impôts. Ils ne seront pas sacrifiés sur l’autel de la réforme. Les agents des douanes et des impôts ne sont aucunement visés par les mutations que nous devons opérer dans nos régies financières pour améliorer la mobilisation des recettes de l’Etat.
Bien au contraire, il est important que les conditions de travail soient préservées et la sécurité de l’emploi garantie autant que possible.
C’est pourquoi je voudrais vous convier instamment, mes chers compatriotes, à contribuer, chacun à son niveau au succès de la mission importante que nous avons confiée à l’Office togolais des recettes.

Mes chers compatriotes

Il me paraît fondamental de ne pas oublier que dans un pays comme le nôtre, qui fonde davantage son développement sur le labeur de son peuple que sur l’abondance de ses ressources naturelles, il n’y a pas de petites économies.

Chacun peut contribuer, quelle que soit sa position dans l’échelle sociale, à affermir notre essor économique et social naissant, en respectant et en faisant respecter autour de lui tout ce qui relève du patrimoine de l’Etat.

Je vous engage ainsi à mener une lutte sans merci contre les dépenses improductives dans les administrations publiques comme privées.

La lutte contre les dépenses improductives doit se doubler également d’un véritable culte du bien public pour tous les citoyens.

Il est temps, il est grand temps de considérer les ouvrages publics, les bâtiments administratifs, les plages, les jardins publics, les monuments, les voitures de fonction, et les édifices publics comme des biens communs dont la protection et l’utilisation à bon escient sont des devoirs sacrés pour tous.

Togolaises Togolais

Mes chers compatriotes,

Depuis quelques mois, la vie politique nationale est largement dominée par le débat sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles. A moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, il n’est pas étonnant qu’un tel débat soit si animé.

Toutefois et comme je l’avais déjà dit, le débat doit être utile et fécond. Il doit faire avancer la communauté de destin que nous nous efforçons de construire ensemble.
Dans cet effort qui nous mobilise depuis plusieurs décennies, notre force ne peut résider que dans notre aptitude à savoir ce que nous voulons pour nous-mêmes et pour notre pays.
C’est pourquoi, face aux enjeux majeurs liés au reliquat des réformes politiques en cours, je voudrais inviter toute la classe politique à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates.

Je voudrais inviter chacune et chacun d’entre vous à dépassionner le débat. A ne se laisser guider que par le souci primordial de doter notre pays d’un édifice institutionnel propice à son plein épanouissement.
La démocratie représentative pour laquelle nous avons opté, à léguer à nos sociétés, des mécanismes qui permettent dans un esprit d’ouverture, de prendre en compte, la volonté du peuple souverain dans les choix importants et déterminants que nous sommes appelés à opérer.
Adaptons ces mécanismes à nos réalités. Mais tâchons surtout d’avancer, en ayant à l’esprit notre responsabilité historique de préserver le climat d’apaisement que notre pays a su retrouver après tant de péripéties.

Cette exigence fondamentale n’est pas au-dessus de nos forces. J’en suis pleinement convaincu.

Nous pouvons même être fiers du chemin que nous avons parcouru ensemble en l’espace d’une décennie. Il ne nous reste qu’à consolider les fondements de notre nation, en poursuivant avec ardeur, sa construction sur des bases stables, avec des institutions qui remplissent leurs missions, dans un climat apaisé.

Forts de nos récents progrès, nous pouvons et nous devons aborder l’avenir avec confiance. Je convie donc chacune et chacun à prendre la juste mesure des efforts qu’il nous reste à consentir pour parachever les réformes dans tous les domaines et engager résolument le Togo sur la voie de la modernité.

Au fond, tout l’enjeu est de transmettre aux générations futures, un pays dans lequel elles vivront mieux que nous n’avons vécu, avec cette même fierté d’être Togolais mais aussi des citoyens d’un monde dont ils seront des acteurs à part entière, dans la paix et aussi dans la fraternité. Bonne fête de l’indépendance

à tous.

Vive le Togo
Vive la nation

Junior AUREL
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