Réformes/ Crise : De la nécessité d’un « médiateur international » ? (PAPIER D’ANGLE)

Référendum, retour à la constitution de 1992, « en aucun cas, nul n’a le droit de faire plus de deux mandats », série de manifestations tant à Lomé qu’à l’intérieur du pays….. La situation sociopolitique au Togo s’enlise sur fond de tensions, dans la mesure où chaque partie campe sur sa position.

Au moins quatre personnes sont mortes depuis le début des manifestations le 19 août dernier, selon un bilan officiel. Plusieurs dégâts matériels sont également enregistrés.

Vendredi soir, le gouvernement a condamné « l’usage excessif des violences qui ont conduit aussi à la destruction des biens publics et privés ».

Il a mis « en demeure les personnes ayant en leur possession des armes de guerre de les déposer dans les plus brefs délais auprès des services compétents, sous peine de poursuites judiciaires ».

Quelque 300 togolais se sont déjà réfugiés dans le district de Chereponi (nord-est du Ghana /à la frontière entre les deux pays), fuyant la «répression», suite aux manifestations du 20 septembre à Mango, avait indiqué à l’AFP Tetteh Paddy (directeur du Conseil ghanéen pour les réfugiés).

Selon ce dernier, les premiers sont arrivés dans la nuit de mercredi à jeudi la semaine dernière : « mais ils continuaient aujourd’hui (mercredi) à franchir la frontière, même si c’est en moins grand nombre ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait dans la foulée, appelé le gouvernement et tous les acteurs politiques au Togo « à s’engager dans un dialogue constructif », pouvant déboucher sur un « accord ».

La Coordination du Système des Nations Unies, la délégation de l’Union européenne et des ambassades de France, de la République Fédérale d’Allemagne et des Etats-Unis d’Amérique au Togo ont aussi appelé le pouvoir et l’opposition à un « dialogue pacifique » en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles, conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global (APG).

Pour le groupe des +cinq+ dans une déclaration conjointe rendue publique, ces réformes permettront « renforcer la démocratie au Togo et de préparer sereinement les élections locales et législatives en 2018 ».

Depuis lors, les positions sont toujours tranchées : aucun signe d’ouverture dans l’un au l’autre camp.

La coalition de l’opposition a appelé à de nouvelles manifestations les 4 et 5 octobre à Lomé et dans plusieurs localités du pays, selon un communiqué rendu public samedi soir.

Une « solution togolaise » à la crise

« A l’allure où vont les choses, chaque camp a intérêt à mettre un peu d’eau dans son vin, car la situation s’enlise. Inutile de tout détruire et de compter des morts, avant de se retrouver autour d’une table. C’est le moment pour l’opposition et le gouvernement de s’asseoir et de dialoguer », a confié un diplomate en poste à Lomé.

« A ce stade de la crise, je pense qu’il faut un médiateur. Et pour la réussite des discussions, il faut un médiateur international, une personnalité étrangère d’une certaine carrure pour trouver une solution +togolaise+ à la crise », ajoute-t-il.

Les 14 partis politiques de ce regroupement appellent à une « marche d’ultime avertissement » le 4 octobre et à une « marche de la colère » le lendemain. Ils exigent notamment le retour à la constitution de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Ils dénoncent également « les répressions sauvages des manifestations pacifiques publiques des mois d’Août et Septembre 2017 ayant fait des morts, de nombreux blessés et des centaines d’exilés » et exigent une « enquête indépendante pour situer les responsabilités et traduire en justice les auteurs et commanditaires de ces violences ».

La Coalition exige également la « libération immédiate et sans conditions, de tous les prisonniers politiques, notamment, les personnes arrêtées lors des manifestations pacifiques publiques des mois d’Août et Septembre 2017 ».

Le pouvoir de son côté, brandit le carton du référendum, après le boycott par les députés de l’opposition d’un projet de révision constitutionnelle qui instaure la limitation du mandat présidentiel et le mode de scrutin à deux tours. Ce texte limite aussi les mandats des députés. Mais il ne tient pas compte des mandats en cours.

« Si on est légaliste, il faut qu’on se prépare pour le référendum pour donner la parole au peuple », a martelé ce dimanche le Premier ministre, lors d’un meeting de sensibilisation dans le Haho.

Selon Selom Komi Klassou, « une constitution n’est pas immuable, c’est la volonté et l’exigence d’une génération ».

« Au fur du temps, et compte tenu des préoccupations, d’autres peuvent lui apporter une modification », a-t-il souligné.

« Je suis très inquiet, car nous avons déjà vu de telles situations dans ce pays. L’Union africaine, la Cédéao et la francophonie ou l’Onu doivent agir pour qu’on évite le pire. Aujourd’hui, personne ne veut céder et c’est dangereux pour ce pays », s’inquiète pour sa part Elie Ahiandjio, responsable d’une Institution financière. FIN

Edem Etonam EKUE

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