Projet de loi : Texte boudé par l’opposition, les Évêques montent au créneau et la Cédéao calme la tension (PAPIER D’ANGLE)

Le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition autour du projet de révision constitutionnelle inquiète plus d’un. Bon nombre de togolais se demandent le sort qui sera réservé à ce texte, suite au dialogue de sourds enregistré vendredi dernier à l’Assemblée nationale.

Tous les députés de l’opposition avaient claqué la porte lors des travaux en commission des lois, mécontents de voir leurs 48 amendements « rejetés en bloc » par les ministres présents.

Pour le gouvernement, les amendements ne devraient porter que sur les articles, objet du projet de loi. Or, ce texte ne contient que trois articles.

Sur les 10 députés composant la commission des lois, 6 ont poursuivi les travaux et ont adopté le texte. Mais quel sort sera réservé à ce projet de loi attendu probablement mardi en plénière ?

Les députés de l’opposition vont-ils revenir sur leur décision? Car seuls, les 62 députés du parti au pouvoir ne pourront faire aboutir cette révision constitutionnelle.

Selon les textes, il faut au moins 4/5 des députés (soit 73 députés) pour faire passer ce projet de loi.

Dimanche, les Evêques sont montés au créneau, implorant «la lumière de l’Esprit Saint sur les plus hautes autorités, afin qu’elles opèrent urgemment les réformes demandées par le peuple conformément à la Constitution de 1992″.
« La Conférence des Évêques du Togo attache une importance particulière à ces réformes sans lesquelles, il est impossible de ramener la paix et la cohésion sociale dans notre Pays », souligne leur déclaration dont l’Agence Savoir News a obtenu copie.

Ces Évêques se disent convaincus que ces réformes sont « indispensables à notre vivre ensemble » et invitent « les protagonistes à s’inscrire dans une démarche responsable, sincère et constructive ».

Ils ont invité « les responsables des Institutions de la République à éviter d’afficher publiquement leur appartenance politique », et les populations « à ne pas céder à la tentation de commettre des actes de violence ou des représailles contre leurs frères et sœurs d’autres convictions politiques ».

Cette sortie des Evêques, est perçue — selon certains observateurs — comme un soutien «fort» à l’opposition, ces hommes de Dieu ayant plusieurs fois appelé le pouvoir à opérer les réformes.
Ce lundi, la commission des lois peaufinait son rapport, avant de le déposer sur la table bureau de l’Assemblée nationale, a constaté un journaliste de l’Agence Savoir News.
Selon certaines indiscrétions, le texte passera probablement en plénière mardi.

« Situation est difficile, mais pas alarmante »

Dans cette ambiance, la Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cédéao), tente de calmer la tension.

« Si le président s’était opposé aux réformes, notre tâche aurait été difficile. Mais il n’est pas opposé aux réformes, au contraire, il nous a donnés de garantie que les réformes seront faites. La situation est difficile, mais elle n’est pas alarmante », a calmé Marcel de Souza, président de la Commission de la Cédéao.

« Il y aura quelques soubresauts, mais il est important » qu’eux tous (pouvoir et opposition, a-t-il souligné « comprennent qu’il ne sert à rien d’aller vers des affrontements, des déchirures et transformer le pays en pugilat ».

« Les réformes : c’est d’abord un mandat renouvelable une fois, et nul ne doit faire plus de deux mandats. Ensuite, on doit changer le mode de scrutin pour obtenir un scrutin à deux tours. Je vais demander à l’opposition de suivre les réformes. Si après ces réformes, ils pensent que ça n’a pas été fait conformément à ce qu’ils ont souhaité, nous sommes prêts à nous mettre à leurs côtés pour travailler, afin que la sérénité, le consensus reviennent dans le pays », a rassuré M. de Souza.

La coalition des 14 partis politiques de l’opposition ayant organisé de grandes marches les 6 et 7 septembre à Lomé et plusieurs autres villes du pays, ont appelé à de nouvelles manifestations les 20 et 21 septembre pour exiger le retour à la constitution de 1992.

Le parti au pouvoir projette aussi des manifestations les mêmes jours pour « dire oui à la paix, oui aux réformes telles que proposées par le gouvernement, et non à la violence ».

Dans une déclaration, le ministre de la sécurité a annoncé des dispositifs sécuritaires très «rigoureux» pour éviter les débordements.

« Pour les manifestations des 20 et 21 septembre, certains veulent aller à la place de l’Indépendance, non loin de l’Assemblée nationale. Alors que cette place ne peut pas contenir 3.000 personnes. Le but de leur jeu, qui s’apparente à des techniques de provocation, est de montrer des images de dispersion de leurs manifestations, avec des bombes lacrymogènes. Ce genre d’image fait toujours sensation, nous l’avons bien compris. Notre rôle est de ne pas permettre que des fous mettent à mal la sécurité des biens et des personnes », a souligné le Colonel Yark Damehame.

« Devons-nous laisser les manifestants dicter leur propre loi et accepter, dans ce cas, qu’ils mettent la République à terre, ou devons-nous définir avec les organisateurs un itinéraire bien clair qui sera encadré »?, s’est-il interrogé avant de marteler: « C’est nous qui avons intérêt à ce que les choses soient calmes. Ils doivent le comprendre ». FIN

Junior AUREL

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