Projet d’Aménagement Hydro-agricole de la basse vallée du fleuve Mono : A Agomè-Glozou, les riziculteurs se frottent les mains (REPORTAGE)

Fiosso, dans son champ.

Courbé et la houe en main, Fiosso (32 ans), riziculteur, aménage son petit périmètre, sur l’un des sites rizicoles dans le canton Agomè-Glozou (environ 100 km au nord-est de Lomé/Préfecture du Bas-Mono), dans le cadre du Projet d’Aménagement Hydro-agricole de la basse vallée du fleuve Mono (PBVM). Véritablement mis en œuvre depuis une dizaine d’années dans ce canton, le PBVM fait son petit bonhomme de chemin.
Ce projet qui vise à contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté des populations rurales, est également exécuté dans des villages frontaliers d’Agomè-Glozou sur le sol béninois. A la fin de la construction du barrage hydroélectrique de Nangbéto, les deux pays qui partagent le bassin hydro agricole de cette vallée — estimée à 4.000 hectares de terres facilement irrigables dont 13.000 hectares sur la rive droite, pour la partie togolaise et 27.000 hectares sur la rive gauche pour la partie béninoise — ont initié chacun ce projet visant à cultiver le riz.

Au Togo, la phase pilote a démarré dans les années 84 à Agomè-Glozou, avec l’appui des coréens sur une superficie de 76 hectares. Mais, délaissé après le départ des +blancs+ le projet sera ressuscité grâce à l’État togolais.

« En 2009, l’État a aménagé l’ancien périmètre (76 hectares). Plus de 17 groupement mènent normalement leurs activités jusqu’à ce jour. Ils cultivent le riz », a expliqué Togbui Houégbéadja Avaémé Kouegah-Toyo III (chef canton d’Agomè-Glozou).

Par ailleurs, les conditions de vie des populations se sont considérablement améliorées, grâce au PBVM, a-t-il reconnu.

« Soyons honnête, notre situation a véritablement changé dans ce canton, et nous remercions le gouvernement. Aujourd’hui, nous avons l’électricité, l’eau courante, des pistes rurales etc… », s’est réjoui le Chef.

Encore 450 hectares, emblavés

Une autre superficie a été ensuite emblavée dans ce même canton, grâce à l’appui du gouvernement, la demande des groupements étant très forte pour la culture du riz.

Togbui Houégbéadja Avaémé Kouegah-Toyo III (chef canton d’Agomè-Glozou).

« Le gouvernement a encore décidé d’emblaver une superficie de 450 hectares, la demande des groupements étant très forte. L’aménagement n’est pas encore terminée, mais les groupements cultivent déjà le riz », a souligné le Chef canton.

Plus 37 groupements font la culture du riz sur ces deux sites et d’autres groupements se créent au fil des jours. Le système d’irrigation installé sur le premier site, fonctionne normalement, après quelques difficultés, a constaté le journaliste de l’Agence Savoir News.

Pour le deuxième périmètre, le chantier d’irrigation d’eau est toujours en cours d’installation.

De nos jours, la production locale du riz ne couvre pas les besoins du pays. Ainsi, le gap est compensé par les importations. Selon les statistiques du ministère en charge de l’agriculture, le Togo importe une moyenne 50.000 tonnes de riz blanc chaque année, or le pays dispose d’un fort potentiel, mais sous-exploité. Les efforts fournis par les autorités ces dernières années, ont permis d’améliorer les rendements sur les différents sites, notamment dans la basse vallée du Mono, dans le bassin de l’Oti, dans le Kpendjal, dans le Zio et dans le Kpélé.

« A Agomè-Glozou, nous sommes prêts à multiplier par 10,  notre production, si le gouvernement met à notre disposition, d’autres surfaces cultivables avec toutes les conditions », a confié Safo Gblédo (Secrétaire général du Comité de gestion des périmètres).

Quelques difficultés

« Aucune entreprise humaine n’est parfaite, il y a de petites difficultés », a avoué Togbui Houégbéadja Avaémé Kouegah-Toyo III, bien drapé dans son accoutrement de chef traditionnel.

Vue du deuxième site de 450 hectares.

Le véritable problème est lié à la perte subie par les producteurs, lors de la construction du pont sur le fleuve Mono, reliant les deux pays (dans la localité).

« Les gens avaient arrêté l’eau pendant au moins un mois, au moment où ils posaient les dalles. Le périmètre rizicole étant dans la descente, a été sevré d’eau pendant toute cette période, très favorable à la production : d’où la grosse perte enregistrée par les producteurs », a expliqué Safo Gblédo.

« Nous demandons l’indulgence gouvernement, afin que nous soyons dédommagés. Car les institutions de microfinances notamment la FUCEC, nous rendent la tâche difficile », a-t-il imploré.

Précisons qu’à Agomè-Glozou, les quelques 12.000 habitants vivent notamment de la culture du riz. Ce canton est situé tout près du fleuve Mono. FIN

De retour à Lomé, Junior AUREL