Presse togolaise, la situation ?: « Tous, nous répondrons que la situation appelle des mesures urgentes (…) »

« Tous, nous répondrons que la situation (actuelle de la presse togolaise) appelle des mesures urgentes, si nous les professionnels de la communication ne voulons pas être les victimes collatérales de la liberté d’expression caricaturale ». Ainsi s’exprimait vendredi dernier, le président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) Pitang Tchalla, à l’ouverture de la cérémonie de remise de prix d’excellence aux lauréats du concours organisé par la Maison de la presse.

Au total sept journalistes (TV, radio, presse écrite et presse en ligne) ont été primés, sur 22 candidatures. Le président de la HAAC a salué cette initiative de la Maison de la presse qui vise à encourager l’excellence.

« Primer les meilleurs, c’est tirer la profession par le haut. Du moins pour ceux qui sont passionnés par notre métier. Ceux qui y croient et qui sont convaincus que être journaliste ce n’est pas insulter, dénigrer gratuitement, faire chanter ou même racketter. C’est une profession noble et sociale. Le journaliste, c’est l’ami de la société, le confident, c’est le leader d’opinion par excellence », a souligné M.Tchalla.

Ce dernier a mis l’accent sur deux notions (le journaliste et la déontologie), conformément au code de la presse et de la communication.

Selon le chapitre II dudit code, a-t-il rappelé, le journaliste « doit exercer sa profession dans le respect des règles et de la déontologie du journalisme. A cet effet il doit traiter et donner l’information dans le respect scrupuleux de l’objectivité et de l’impartialité ».

En novembre 1999, a poursuivi le président de la HAAC, les journalistes, créant à travers leur association, l’Observatoire Togolais des Médias (OTM), affirmaient sur le même ton que « le droit à la libre expression, à l’information et à la critique est un droit fondamental de tout citoyen ».

Par la suite, ils ont décidé d’élaborer un code de déontologie et de le faire respecter par tous les médias, car la mission qui incombe aux journalistes ne peut être assurée que sur la base du respect des règles de la profession.

« Ce jour-là, la presse togolaise, dans son ensemble et dans toute sa diversité, a édicté 18 devoirs dont ceux de la responsabilité du journaliste de ses écrits, afin de publier uniquement les informations dont la source, la véracité et l’exactitude sont établies. Devoir du respect de la vérité, du respect dû à la vie privée d’autrui et à la dignité, de la séparation des commentaires des faits, du refus du sensationnel, de la confraternité et du respect de la légalité. 18 obligations et seulement 7 droits », a précisé M. Tchalla.

« Ces pères fondateurs, dont plusieurs sont encore en activités, avaient très vite compris que notre métier a des exigences, de nombreuses exigences. Certains aînés n’hésitaient d’ailleurs pas à parler de leur passion en termes de sacerdoce ».

Quelle est aujourd’hui, la situation ?

« Tous nous répondrons que la situation appelle des mesures urgentes, si nous les professionnels de la communication ne voulons pas être les victimes collatérales de la liberté d’expression caricaturale », a averti le président de la HAAC.

« La liberté de la presse est telle chez nous que la société en frémit et un collègue d’affirmer regretter la dépénalisation des délits de presse pour laquelle il s’était battu. Et un ancien de conclure que nous devons avoir le courage de mettre de l’ordre dans notre désordre », a-t-il indiqué.

Un code de la presse et de la communication adopté en août 2004 par les députés avait exonéré de peine criminelle les délits de presse, seulement passibles d’amendes identiques à celles prévues par le nouveau code pénal.

En novembre 2015, le Parlement a adopté un nouveau code pénal dont l’article 497, prévoit des peines de prison de six mois à deux ans en cas de délits de presse.

Plusieurs associations professionnelles étaient montées au créneau pour dénoncer cette disposition qui « entre en conflit avec l’article 82 du code de la presse et de la communication et porte gravement atteinte à la liberté de presse et à la dépénalisation du délit de presse au Togo ».

Mais lors des 44èmes assises de la presse francophone tenues à Lomé en novembre, le Premier ministre Selom Komi Klassou a rassuré les professionnels des médias : « Je voudrais rassurer nos compatriotes jour qu’il n’y a et il n’y aura guère d’épée de Damoclès qui va peser sur leur tête. La volonté des plus hautes autorités togolaises de créer des conditions idoines d’exercice de la presse, s’est manifestée depuis 2004 par l’adoption du code de la presse qui a dépénalisé les délits de presse ». FIN

Junior AUREL

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